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Élections fédérales 2021 : Entrevue avec Lyse Pascale Inamuco du NPD

Rédaction
16 septembre 2021

Entrevue réalisée par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités.

Crédit visuel : Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

À l’approche des élections fédérales se déroulant le 20 septembre prochain au Canada, La Rotonde a rencontré Lyse Pascale Inamuco. La candidate du Nouveau Parti Démocratique (NPD) pour la circonscription d’Ottawa-Vanier expose les grandes lignes de son parti.

La Rotonde (LR) : Quand et pourquoi vous êtes vous lancée en politique ?

Lyse Pascale Inamuco (LPI) : Mon rêve a toujours été de contribuer au quartier où j’ai grandi et qui m’a accueilli lorsque je suis arrivée au Canada comme demandeuse d’asile. J’ai étudié à l’Université d’Ottawa, où j’ai gradué en conflits et droits humains. Je me suis ensuite consacrée à l’activisme puis à la politique, car je voulais avoir un réel impact dans la communauté. J’étais révoltée par les problèmes d’abordabilité, de dettes étudiantes, de la crise du logement, ou encore de la crise climatique. Je veux du changement concret, et non seulement des belles paroles.

LR : Quels sont les principaux thèmes qui vous tiennent à cœur et pourquoi ?

LPI : Je veux combattre le changement climatique. Plus concrètement, je suis par exemple contre la destruction du pont Alexandra à Ottawa, qui porte atteinte à l’environnement mais aussi au patrimoine et qu’il faudrait plutôt transformer en pont vert. 

Un autre thème qui me tient à cœur est la crise du logement, notamment car j’ai longtemps habité dans un logement social. Je suis pour la création de logements abordables, décents et de qualité. Je suis également en faveur d’un revenu minimum garanti et d’une assurance médicaments couverte par le gouvernement. Les Canadien.ne.s ne devraient pas se demander comment payer leur loyer et pouvoir accéder à des soins de santé quels que soient leurs revenus. Enfin, la réconciliation active avec les peuples autochtones est une priorité pour moi.

LR : Quelle importance accordez-vous à la promotion de la francophonie et du bilinguisme à Ottawa et au Canada en général ?

LPI : Je suis Franco-Ontarienne et fière de l’être. En tant que députée néo-démocrate pour Ottawa-Vanier, je prendrai toujours en compte la perspective de la communauté franco-ontarienne. Le gouvernement néo-démocrate de Jagmeet Singh va bonifier le plan d’action des langues officielles, ce qui va améliorer l’accès aux services en français à Ottawa.

En tant que francophones, nous devons protéger nos acquis. Si le gouvernement est formé par mon parti, ma priorité sera de veiller à ce que le gouvernement néo-démocrate dépose un projet de loi pour moderniser la Loi sur les langues officielles afin qu’elle réponde réellement à nos besoins. En tant que députée d’Ottawa-Vanier, je m’assurerai que ce projet de loi reflète les revendications des communautés francophones qui luttent depuis trop longtemps pour une loi sur les langues officielles modernisée. Nous allons également adopter le principe de l’asymétrie qui reconnaît qu’en tant que langue officielle minoritaire, le français nécessite une protection et une promotion particulière. 

De plus, nous voulons nous assurer de l’intégration des immigrant.e.s francophones. Je suis pour l’insertion de l’histoire des francophones du Canada dans le programme d’accueil ou dans le test de citoyenneté.

LR : La crise sanitaire a été désastreuse pour la santé mentale de beaucoup de Canadien.ne.s, et notamment des étudiant.e.s. Comment comptez-vous pallier le manque de services en santé mentale ?

LPI : Cette question est très importante pour moi, étant touchée par des problèmes de santé mentale. Nous proposons d’investir pour augmenter le nombre de professionnel.le.s de la santé, mais aussi pour rendre le prix des consultations accessible. L’accès aux soins de santé mentale est une affaire de santé publique, et il faut donc que ces services soient couverts par le gouvernement. 

Un gouvernement néo-démocrate offrirait des soins de santé mentale aux Canadien.ne.s non assurés en veillant à ce que les personnes sans couverture pour les services de santé mentale puissent avoir accès à ces soutiens sans se soucier du coût. Notre régime complet d’assurance-médicaments signifiera également que les médicaments d’ordonnance pour les soins de santé mentale seront désormais offerts gratuitement aux Canadien.ne.s. Nous travaillerons avec les provinces et les territoires pour tirer parti de ces initiatives et mettre en place une approche véritablement globale des services de santé mentale.

LR : Quelles mesures comptez-vous prendre pour lutter contre la hausse des prix du logement et pour aider les personnes itinérantes d’Ottawa ?

LPI : C’est une question sur laquelle j’ai énormément travaillé. À Ottawa, il y a 12 000 personnes à la recherche d’un logement abordable, dont 2 000 se trouvent dans des maisons de refuge. La majorité de ces personnes se trouvent dans Ottawa-Vanier, et elles attendent 7 à 12 ans avant de pouvoir obtenir un logement. 

Au niveau fédéral, il faudrait investir 15 millions de dollars par an pour résoudre ce problème, ce qui permettrait de construire 500 nouvelles unités par an. Nous voulons stimuler la construction de logements abordables en renonçant à la portion fédérale de la  taxe sur les produits et services/taxe de vente harmonisée (TPS/TVH)sur la construction de ces nouveaux logements. Cela permettra de construire des logements plus rapidement et de les rendre plus abordables à long terme. En mettant en place une taxe de 20% pour les acheteur.se.s étranger.e.s, nous voulons également empêcher les gros.se.s investisseur.se.s étranger.e.s d’acheter des maisons au Canada, pour mettre fin à la spéculation qui fait bondir le prix des maisons. Toutes ces mesures aideront à réguler le prix […] en s’attaquant à la véritable source des problèmes.

LR : Face aux nombreux.ses citoyen.ne.s Canadien.ne.s qui refusent de se faire vacciner, quelle est la stratégie à adopter ? Faut-il rendre la vaccination obligatoire ?

LPI : Je pense qu’il est de la responsabilité des individus de comprendre qu’il faut se protéger ainsi que protéger les autres. Il n’est pas de la responsabilité du gouvernement d’obliger les citoyen.ne.s à se faire vacciner […] mais plutôt de les encourager, par l’information notamment. 

Cependant, s’il s’agit de la protection d’une école, d’un commerce, d’un hôpital, d’un restaurant, ou toute autre profession pouvant impliquer du contact avec des personnes vulnérables, je suis en faveur de la vaccination obligatoire, car il s’agit d’une question de santé publique. La COVID-19 a emporté la vie de millions de personnes dans le monde, nous ne pouvons pas prendre cette question à la légère. S’il est obligatoire de se faire vacciner contre la tuberculose ou d’autres maladies, pourquoi cela ne le serait pas pour la COVID-19 ?

LR : Où se situent le changement climatique et l’environnement dans votre liste de priorités ?

LPI : Il s’agit de ma première priorité, car la crise climatique a des effets dévastateurs sur notre santé, notre bien-être, notre quotidien, les espèces vivantes… Nous voulons mettre fin aux énergies fossiles et atteindre l’objectif de 1.5 degré, nécessaire pour éviter une catastrophe. Nous voulons créer des milliers d’emplois verts bien rémunérés, en investissant dans l’énergie propre, les maisons abordables éco-énergétiques, les transports en commun électriques, les véhicules à zéro émission et les rénovations de bâtiment à travers le pays. 

Nous continuerons la taxe sur le carbone. Nous respecterons l’engagement pris par le Canada au G20 d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles et de réorienter ces fonds vers des initiatives à faible émission de carbone. Nous nous assurerons également que des gouvernements futurs ne puissent pas faire marche arrière, en mettant en place une loi interdisant toute subvention au pétrole, au gaz et aux oléoducs. Le changement climatique ne va pas attendre, il nous faut donc un gouvernement qui prenne cela au sérieux.

LR : Quelle a été votre réaction suite aux découvertes macabres qui ont été faites sur les terrains d’anciens pensionnats pour Autochtones ? Selon vous, les efforts du gouvernement actuel sont-ils suffisants en vue d’une réconciliation durable avec les descendant.e.s des Premières Nations ? 

LPI : Sur les 94 appels à l’action pour favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones, seulement huit ont été accomplis. Ces preuves d’un génocide commis contre les peuples autochtones auraient dû pousser le gouvernement à accélérer le processus de réconciliation. Le gouvernement libéral a nommé une gouverneure générale autochtone pour se montrer inclusif, mais cela ne change rien à la qualité de l’eau potable dans les réserves ou au droit à l’autodétermination des peuples autochtones.

Le gouvernement libéral est loin d’être sur la voie de la réconciliation. Au NPD, nous sommes pour la réconciliation mais aussi la reconnaissance des droits autochtones et un financement égal.

LR : La hausse des frais de scolarité combinée à celle des loyers dans la ville d’Ottawa représente une augmentation des dépenses non-négligeables pour la population étudiante, les propositions de votre programme en tiennent-elles compte ?

LPI : La question des dettes étudiantes m’intéresse particulièrement, étant moi-même endettée depuis 2014. Nous voulons pardonner les dettes étudiantes jusqu’à 20 000 dollars, et éliminer les intérêts. Depuis 2015, le gouvernement a pris plus de quatre milliards de dollars aux étudiant.e.s en paiement d’intérêts. Un.e étudiant.e endetté.e doit aujourd’hui en moyenne 28 000 dollars à la banque.

Le NPD veut également accorder aux diplômé.e.s une pause de cinq ans sur le remboursement de leur prêt. La mise en place du revenu minimum garanti et de l’assurance médicaments pour laquelle nous nous battons va également aider les étudiant.e.s pour financer leurs dépenses. Selon moi, l’éducation devrait être gratuite, comme en France ou en Belgique.

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