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Élections SÉUO 2025 : des étudiant.e.s exclu.e.s à cause des frais de scolarité

Mise à jour — 10 octobre 2025, 21 h — Le SÉUO prolonge la période de vote de 72 heures après que l’Université d’Ottawa a transmis des noms d’électeur.rice.s qui ne figuraient pas sur la liste initiale. Le vote prendra fin le lundi 13 octobre à 18 h. Le directeur général des élections invoque l’article 8.2.2 du Code électoral pour justifier cette prolongation.

Le Bureau électoral précise également que la liste initiale des membres électeurs a été reçue de l’Université le 3 octobre, soit trois jours avant le début de la période de vote, et non le 28 septembre comme indiqué précédemment.

Cette information émanant du SÉUO est parvenue à La Rotonde après la publication initiale de l’article.

Crédit visuel : Archives La Rotonde

Enquête menée par Sandra Uhlrich — Journaliste

Les élections partielles du SÉUO ont été lancées le lundi 6 octobre et prennent fin ce vendredi 10 octobre à 18h, soit dans une demie heure au moment où nous rédigeons cet article. Dès le lendemain du lancement, des enjeux d’équité et de transparence ont été soulevés, notamment concernant l’exclusion du vote de tout.e étudiant.e n’ayant pas payé l’intégralité de ses droits scolaires avant le 26 septembre. Certain.e.s candidat.e.s ont également vu leur admissibilité remise en question sur cette même base.

Lors du lancement des élections ce lundi, plusieurs étudiant.e.s ont remarqué ne pas avoir reçu le  courriel habituel les invitant à voter, comme c’est le cas à chaque élection du SÉUO. Parmi ces étudiant.e.s, Samar Mohamed Ahmed, également candidate au poste de commissaire à la vie étudiante, a contacté le bureau des élections. On lui a alors demandé de fournir ses états de compte (document financier détaillant le solde de ses frais de scolarité). 

Une autre candidate en lice pour le poste de commissaire à la vie étudiante affirme avoir été menacée de disqualification pour le même motif. Émilia Bah  a contacté le bureau des élections, puis réagi en exprimant son mécontentement , ce 9 octobre, sur le compte Instagram dédié aux élections. 

Après analyse des documents, les deux candidates ont reçu chacune  la même explication  : n’ayant pas payé l’ensemble des frais de scolarité, elles ne peuvent être considérées comme membres en règle du SÉUO, selon l’article 4 de la constitution; et ne peuvent donc prétendre au droit de vote.

L’article 4 de la constitution du SÉUO stipule qu’est considéré comme membre tout.e étudiant.e de premier cycle ayant payé sa cotisation au SÉUO. Or, la manière de calculer cette cotisation reste floue et complexe, comme le rapporte Elnaz Enayatpour, la candidate sortante au poste de commissaire aux opérations. 

Déterminer qui est membre en règle : un processus compliqué

Enayatpour explique que le SÉUO reçoit des listes d’étudiant.e.s de l’Université à des dates préétablies chaque session. Ces listes indiquent simplement si les étudiant.e.s ont payé leurs frais au syndicat, sans fournir de détails supplémentaires. Elle précise : « En fait, le système fonctionne de telle manière que l’université commence à répartir les frais seulement lorsque la totalité des frais sont reçus. » Le syndicat ne peut donc pas savoir si une personne a payé sa cotisation, tant que cette dernière n’a pas réglé l’intégralité de ses frais d’étude.

Le SÉUO reçoit ces listes de l’université après la date limite de paiement sans frais de retard (cette année, le 26 septembre) et avant le début des élections. Il se base sur ces listes pour déterminer le statut de ses membres selon leur situation de paiement. Par conséquent, toute personne ayant payé ses frais après que le Syndicat a reçu la liste n’a pas vu son statut actualisé et reste considérée comme non-membre jusqu’à la prochaine mise à jour réception d’une nouvelle liste (dans ce cas, après les élections).

Comme le souligne Mohamed Ahmed, cette pratique impacte de manière disproportionnée les étudiant.e.s internationaux.ales, dont les frais scolaires sont largement plus élevés que la moyenne, ainsi que tout.e étudiant.e en situation de vulnérabilité financière ou bénéficiant d’un plan de paiement avec l’Université.

Disqualification des candidatures

Cette situation a donc conduit à réexaminer la candidature des personnes n’ayant pas payé la totalité de leurs frais de scolarité. Cela inclut Mohamed Ahmed ainsi qu’Hamza  El Mendri, candidat au poste de commissaire aux opérations. La Rotonde n’a pas pu confirmer si d’autres candidat.e.s ont été concerné.e.s par cette problématique. Mohamed Ahmed reconnaît : « Bien sûr, tu ne peux pas être candidat.e si tu ne peux pas voter. Et si tu ne peux pas voter, c’est parce que tu n’es pas membre. »

Ces deux candidats auraient ainsi reçu un ultimatum, le mardi 7 octobre, les invitant à payer l’intégralité de leurs frais de scolarité restants sous peine de disqualification. La Rotonde a contacté Ben Cameron, directeur général des élections, qui a confirmé qu’aucune disqualification n’a eu lieu, mais a refusé de s’entretenir avec le journal pour expliquer davantage la situation.

Mohamed Ahmed et El Mendri ont exprimé leur mécontentement de ne pas avoir été informés de cette condition lors de l’approbation de leur candidature, il y a plus de trois semaines, mais plutôt à moins de 72 heures de la clôture des votes.

Le bureau des élections a cependant rappelé, dans une déclaration faite le 10 octobre, que « tou.te.s les candidat.e.s à cette élection ont confirmé qu’ils.elles répondaient à cette définition de l’adhésion lorsqu’ils.elles se sont déclaré.e.s membres du SÉUO, comme l’exige l’article 4.1 de la Constitution, au moment de la soumission de leurs formulaires de nomination.» 

Les deux candidat.e.s déplorent cependant que cette définition soit aussi floue, et soulignent le fait qu’aucune date limite n’y est mentionnée (voir article 4 de la constitution). 

Manque de transparence et de communication 

L’ambiguïté de cette situation découlerait donc de l’article 4.1 de la constitution du SÉUO, qui manque de précision et laisse au bureau électoral le devoir d’en interpréter le sens. Questionné par Mohamed Ahmed, Cameroun a indiqué avoir choisi cette interprétation de la constitution afin de préserver la légalité et la validité des votes, en concertation avec l’avocat du SÉUO.

El Mendri souligne néanmoins que, si les listes ont été reçues par le Syndicat le 28 septembre, il reste incompréhensible d’avoir attendu le 7 octobre pour le mentionner aux candidat.e.s. Il dénonce surtout un manque de transparence du bureau des élections envers son corps électoral. 

Enayatpour exprime également sa déception face à ce déficit  de communication et estime que cette situation a été aggravée par deux facteurs : l’avancement des dates des élections par rapport aux années précédentes et la vulnérabilité financière accrue des étudiant.e.s, qui réduit leur capacité à payer leurs frais de scolarité à temps.

Pour elle, il est important de rester fidèle à la constitution afin de préserver la légalité et la validité de ces élections. Elle insiste toutefois : « Je pense que la définition d’un.e membre du SÉUO peut être modifiée. Si les gens veulent le faire lors de la prochaine Assemblée générale [23 novembre], ils.elles devraient le faire — et je pense que nous devrions le faire. »

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