Crédit visuel : Chantalyne Beausoleil — Courtoisie
Article rédigé par Antoine Jetté-Ottavi — Chef du pupitre Arts et culture
Auteure, compositrice, interprète pop, ancienne étudiante de l’Université d’Ottawa, queer et franco-ontarienne : Jessy Lindsay porte plusieurs chapeaux. Son nouveau single « Just friends », sorti le 8 novembre, sert d’introduction à son prochain EP à venir début 2025. En entrevue avec La Rotonde, elle se confie sur sa carrière, ses inspirations et son histoire.
La Rotonde (LR) : Comment votre parcours vous a-t-il permis de forger votre identité en tant qu’artiste ?
Jessy Lindsay (JL) : Quand j’ai commencé à écrire de la musique, j’étais très jeune. Je n’avais pas énormément vécu, je savais simplement que je voulais être comme Hannah Montana.
J’ai commencé le piano à six ans, la guitare à huit ans et à écrire des chansons à dix ans. À cet âge-là, il est difficile de partager quelque chose de profond, et mes chansons étaient souvent trop dramatiques. Cependant, cela m’a aidé à briser ma gêne. J’avais avant de la misère à prendre ma place et à vocaliser mes opinions, mais, grâce à ma musique, j’ai trouvé confiance en moi-même.
À travers mes chansons, je suis devenue cette fille super confiante qui dit ce qu’elle pense et ose agir. Au fil des années, j’ai développé le sentiment que cela m’a permis de devenir plus extravertie. Surtout en tant que jeune femme queer, il n’est pas toujours naturel de lever le ton dans une société détrempée de patriarcat.
LR : Quels thèmes vous inspirent le plus lors de la rédaction de vos chansons ?
JL : Je dirais, encore, que la confiance en soi a une grande influence sur mon écriture, ainsi que la libération et la découverte de soi. Je suis dans le début de ma vingtaine, je suis une jeune femme, et tous les jours, j’apprends à mieux me connaître et à me laisser aller dans cet univers musical. J’apprends à prendre ma place dans la société et dans le monde en tant qu’artiste et en tant que personne que je suis.
Je parle aussi de mes rêves, parce qu’à la fin de la journée, être une artiste, une pop star, c’était vraiment ça ! Le rêve ! Je me sens choyée de pouvoir le vivre dans ma vie de tous les jours. Cette joie se reflète aussi dans ma fierté en tant que lesbienne. Je m’entoure d’une communauté queer, d’une famille choisie. Se retrouver dans toute cette vie, cet entourage que j’ai créé autour de moi, c’est spécial. Mon queer joy, si on peut dire !
LR : Qu’est-ce qui vous a permis de vous démarquer en tant qu’artiste émergente ?
JL : J’ai l’avantage d’avoir trouvé ma passion très jeune. Ça fait longtemps que je me joins à des CEA [centres ayant pour raison d’être d’assurer un réseautage et l’épanouissement des jeunes artistes], même en tant que membre jeunesse. Je me pointe régulièrement à des événements de réseautage. Je vais voir des spectacles et des vitrines d’autres artistes. Je jase avec eux.elles. Je vais aussi me présenter dans les écoles francophones. J’aime participer à des initiatives comme « Quand ça nous chante », un festival de musique en milieu scolaire, et « Jamais trop tôt » au Festival international de la chanson de l’Association professionnelle de la chanson et de la musique. Je participe aussi à leur projet de résidence artistique « Rond-point ». Ce sont tous des programmes qu’on a ici, en Ontario français, mais aussi au Canada, qui sont accessibles par les jeunes artistes. C’est grâce à ces opportunités que j’ai pu grandir dans l’industrie de la musique.
Je pense que j’ai aussi beaucoup appris en regardant des artistes comme Céleste Lévis, qui m’a inspirée à vouloir devenir auteure, compositrice, interprète alors que j’étais en 9e année.
LR : Votre dernier album date de 2022, et en novembre de cette année, vous avez sorti un single intitulé « Just Friends ». Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
JL : J’étais très fière de ce premier EP, « J’explose », que j’ai lancé en 2022. J’ai mis beaucoup de travail dans ce projet.
Cette année, en effet, j’ai déjà lancé un single qui s’appelle « Just Friends ». C’est ma première plongée dans le monde de l’électropop. C’est incroyable ce que les ordinateurs peuvent faire sur un simple logiciel. Ce fut tout un apprentissage !
Je me suis plongée dans des effets vocaux intéressants, parce que, normalement, je ne joue pas énormément avec l’autotune. Cependant, dans ce genre de musique là, c’est très normal d’ajouter ces trucages pour avoir un effet vocal spécifique.
J’ai collaboré avec un label qui s’appelle Bienvenue Records. Leur but est d’ajouter du répertoire de musique électronique francophone au Canada. On a fait un EP ensemble, et le single sorti en novembre en fait partie. C’est un premier avant-goût de ce nouvel univers.
L’EP va sortir en janvier, presque en même temps que ma première vitrine sur le marché francophone en Ontario. J’ai très hâte ! Ce projet parle énormément de ma vie, celle que je me suis créée pendant la dernière année, depuis j’ai graduée de l’université.
Cet EP représente mon apprentissage personnel, le fait de faire de la thérapie, de travailler sur moi-même, de m’entourer de personnes que j’aime beaucoup, d’apprendre à imposer mes limites, puis de prendre soin de moi-même aussi. Bref, comment vivre comme une adulte.
LR : Quelle réaction espérez-vous générer auprès du public ?
JL : J’espère que les gens feront « WOW ! », surtout avec les prochaines chansons de l’EP. C’est un univers tellement différent ! C’est toujours lié à ce que je fais, mais c’est aussi quelque chose de peut-être même inattendu. J’espère que les gens voudront danser avec moi.
J’ai joué récemment dans une école, et les jeunes m’ont baptisée la Chappell Roan francophone. J’ai trouvé ça super cute ! Je pense que la réaction sera en elle-même surprenante. Je compte encore faire plusieurs spectacles dans les écoles. J’aime pouvoir être une figure queer pour les élèves, puisque je n’en ai jamais eu dans les salles de classe en grandissant.
Je ferai des spectacles pour le public général, mais je n’ai pas encore plus de détails. Ceux-ci sortiront sur mon site web et sur mon compte Instagram prochainement.