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Éditorial

Encore un classique ?

Web-Rotonde
28 janvier 2013

– Par Vincent Rioux – 

Mercredi dernier, des meutes d’étudiants ont bravé le froid de canard pour s’entasser dans des autobus jaunes en direction de Kanata afin d’assister à la septième édition de la Classique de la capitale. Depuis 2007, la Classique de la capitale est le plus gros événement de sport universitaire à Ottawa. De plus, à chaque année les partisans ont droit au meilleur basketball universitaire au pays, puisque la très puissante équipe de basketball masculine des Ravens de l’Université Carleton forme rien de moins qu’une dynastie dans le sport universitaire, eux qui ont gagné huit des dix derniers championnats nationaux.

Et, encore une fois cette année, ce sont les Ravens qui l’ont emporté, tant sur le terrain, que dans les estrades. De fait, les partisans de Carleton étaient beaucoup plus nombreux et plus bruyants que leurs homologues ottaviens. On peut penser que c’est normal puisque leur équipe est quasiment imbattable. Toutefois, celle des Gee-Gees, sans être aussi dominante que celle des Ravens, se classe tout de même très bien cette année, elle qui était huitième au Canada avant la rencontre.

Une foule de plus en plus petite

Au total, quelques 6 208 partisans ont assisté au match de basketball masculin entre les Ravens de l’Université Carleton et les Gee-Gees de l’Université d’Ottawa (U d’O). C’est la plus petite foule depuis que la Classique a connu depuis qu’elle a vu le jour. Non seulement c’est la pire foule, mais l’affluence des partisans est en chute libre après avoir connu la plus grosse foule pour un match de basketball universitaire canadien en 2009 avec 10 523 billets vendus. En 2010, c’était 8 074 partisans qui étaient présents, en 2011, 7 565 y était et, en 2012, la foule a chuté à 7 022.

Qu’est-ce qui explique ce manque d’intérêt flagrant des étudiants envers ce qui censé être l’événement sportif le plus important de l’année? Pourquoi donc cet événement a-t-il perdu le lustre qu’il a déjà eu? Est-ce le froid qui gardé les étudiants chez eux? Le spectacle est-il d’assez bonne qualité? Est-ce qu’il est accessible? Est-ce qu’on peut même dire que c’est encore un événement destiné aux étudiants?

Un événement pas très « étudiant »

Sans doute que plusieurs étudiants se seraient pointés à la Classique de la capitale si le match était plus accessible à la masse étudiante. D’abord le match est disputé à Kanata, ce qui a de quoi refroidir les ardeurs des étudiants et c’est le cas de le dire, surtout avec la température qu’il faisait mercredi dernier.

Ensuite le billet d’entrée est de 15 $. Certain diront que ce n’est pas si cher. Cependant, ce n’est pas tout : une simple bière et des nachos au fromage propulse la facture à 30 $. C’est déjà trop cher pour aller voir une équipe qui n’est pas connue par la majorité des étudiants. Car, il faut dire qu’à moins de lire la section Sports de La Rotonde religieusement ou d’aller à tous les match de l’équipe à domicile, il est plutôt difficile de rester à l’affût des Gee-Gees.

Ainsi, il est difficile de concevoir que cet événement est accessible et invitant pour les étudiants, puisque pour voir le match, il faut s’exiler en banlieue en plus de devoir payer un prix déraisonnable pour voir jouer une équipe presque inconnue contre la meilleure formation universitaire au pays. Sans compter que le match est télévisé, ce qui donne une raison de plus aux étudiants ottaviens de rester bien au chaud chez eux.

Les tailgates québécois : un modèle de succès à copier

Il est légitime de s’interroger sur le véritable objectif du Service des sports. Extirper le plus d’argent possible des portefeuilles étudiants, ou bien créer un événement rassembleur et attiser le sentiment d’appartenance des étudiants envers l’U d’O?

Bien que le but soit toujours de faire du cash et de faire rouler l’économie, j’ose croire que le meilleur moyen d’y arriver est de réussir à faire des happenings, comme on le voit à l’Université de Sherbrooke ou à l’Université Laval lors des matchs de football. Ces fameux tailgates, où les étudiants peuvent se procurer une bière et un rotteux pour quelques piastres, attirent les étudiants par milliers pour un simple match de football.

Il est grand temps pour Luc Gélineau, directeur du Service des sports, de repenser la Classique de la capitale. Cet événement est vraisemblablement sur le déclin et, visiblement, il n’a plus le cachet qu’il a déjà eu. Pendant combien de temps encore verrons-nous la Classique poursuivre sa chute libre en terme d’affluence?

Si les étudiants ottaviens continuent de bouder le plus gros événement de sport universitaire à Ottawa, il deviendra de plus en plus difficile pour Gélineau et le Service des sports de défendre bec et ongle cet événement qui ne semble plus lever de ce côté-ci du canal Rideau.

Vincent Rioux,

Rédacteur en chef

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