Crédit visuel : Courtoisie
Entrevue réalisée par Tom Chazelle Schulze — Journaliste
Fondée en 1992, la coopérative artistique à but non lucratif Enriched Bread Artists (EBA) est aujourd’hui devenue un pilier de la scène artistique d’Ottawa. Située au 951, avenue Gladstone, dans l’ancien bâtiment de la Standard Bread Company, elle offre un espace unique de création et d’exposition aux artistes visuels de la région. En entrevue avec La Rotonde, Gayle Kells, présidente du Conseil d’administration de la coopérative, partage l’histoire, les objectifs et l’impact de l’EBA sur la communauté.
La Rotonde (LR) : Quelle est la mission d’Enriched Bread Artists ?
Gayle Kells (GK) : La mission principale de l’EBA est de fournir un espace de studio aux artistes tout en proposant des expositions et une programmation publique occasionnelle. En tant qu’organisme à but non lucratif, nous mettons un point d’honneur à soutenir la création artistique et à offrir une plateforme aux artistes locaux.ales. Chaque automne, nous organisons un open studio, qui permet au public de visiter les ateliers et d’interagir directement avec les artistes. C’est un moment très attendu qui renforce notre ancrage dans la scène culturelle ottavienne. De plus, comme nous nous trouvons dans un bâtiment classé comme édifice patrimonial, nous participons au programme Portes ouvertes Ottawa, qui a lieu tous les ans en juin.
LR : Comment la coopérative a-t-elle évolué depuis sa création ?
GK : Nous avons démarré avec un petit groupe de sept personnes, initié par Laura Margita, graduée du département d’arts de l’Université d’Ottawa (U d’O). Le groupe a joué un rôle majeur dans la recherche et l’aménagement de l’espace. Je suis une des plus anciennes membres de la coopérative, j’y suis depuis trente ans. Aujourd’hui, nous comptons 21 artistes, bien que ce chiffre varie selon les années. L’EBA est un lieu vivant et dynamique, avec de nouveaux.elles membres qui rejoignent la coopérative et d’autres qui partent pour diverses raisons.
LR : Quel est l’impact de l’EBA sur la communauté artistique locale ?
GK : Notre coopérative contribue à la scène artistique d’Ottawa à la fois collectivement et individuellement. Nous organisons des expositions, des conférences d’artistes et invitons parfois des artistes extérieur.e.s pour des performances ou des ateliers. Certain.e.s de nos membres exposent à l’échelle locale, nationale et internationale. Nous siégeons aussi sur des groupes consultatifs sur les arts et la culture de la ville, ce qui nous permet d’influencer les politiques locales.
LR : Le bâtiment dans lequel vous vous trouvez est un édifice patrimonial. Comment cela influe-t-il sur votre identité ?
GK : Notre bâtiment fait partie de l’histoire d’Ottawa, et nous avons joué un rôle dans son classement comme édifice patrimonial. Cet ancrage historique renforce notre mission et nous donne une légitimité culturelle unique. Cependant, la ville prévoit un grand projet de développement autour de notre site, incluant des gratte-ciels de 30 à 40 étages. Nous espérons pouvoir conserver notre statut et revenir dans notre espace rénové une fois les travaux achevés, mais l’avenir reste incertain.
LR : Comment percevez-vous le rôle d’un tel espace dans la création artistique ?
GK : Chaque artiste travaille de manière individuelle, mais être dans une coopérative comme l’EBA offre un réseau de soutien inestimable. On développe des relations interpersonnelles qui, même si elles n’influencent pas directement notre travail, apportent une dynamique de collaboration et d’entraide.
LR : Quelle est votre relation avec l’U d’O ?
GK : L’histoire de l’EBA est riche en collaborations et en moments marquants. Nous avons toujours entretenu une relation privilégiée avec l’U d’O, dont plusieurs de nos membres sont issu.e.s. Nous avons organisé des tables rondes, des ateliers et des conférences qui ont permis de créer un véritable dialogue entre les artistes et le public.
Avec l’expansion urbaine en cours, l’avenir de l’EBA reste incertain, mais sa mission demeure inchangée : offrir un espace de création unique aux artistes et maintenir un dialogue culturel enrichissant à Ottawa. Une chose est sûre, notre coopérative continue d’inspirer et de façonner la scène artistique locale depuis plus de 30 ans, et nous espérons la voir perdurer encore longtemps.