
Entrevue avec Samar Mohamed Ahmed, élue commissaire à la vie étudiante
Crédit visuel : Courtoisie
Entrevue réalisée par Davy Bambara — Journaliste
Soutenant une vision inclusive et participative de la vie universitaire, Samar Mohamed Ahmed a été élue commissaire à la vie étudiante lors des dernières élections partielles du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), tenues du 7 au 13 octobre 2025. Elle entrera officiellement en fonction après la validation des résultats à la prochaine assemblée générale, prévue le 30 novembre. Elle succède ainsi à Emilia Bah, sa prédécesseure, avec pour objectif de renforcer les liens entre les étudiant.e.s, les associations et le Syndicat.
La Rotonde (LR) : Pouvez-vous nous parler de votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Samar Mohamed Ahmed (SMA) : Je viens de Djibouti et je suis arrivée à l’Université d’Ottawa en septembre 2021. Je poursuis un baccalauréat en gestion à Telfer, où je termine actuellement ma dernière année. Mes deux premières années ont été plutôt calmes, mais à partir de ma deuxième année, j’ai commencé à m’impliquer davantage dans la vie étudiante. J’ai occupé plusieurs postes à responsabilité dans mon association et à la Faculté, et j’ai eu la chance de recevoir le prix de l’engagement communautaire du SÉUO avant même d’y travailler.
Au fil du temps, j’ai travaillé pour l’association des étudiant.e.s de Telfer (AÉTSA) pendant deux ans, notamment comme directrice des affaires francophones, puis j’ai été vice-présidente à l’équité, à la diversité et à l’inclusion. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les enjeux étudiants et m’ont amenée à me présenter au poste de commissaire à la vie étudiante.
LR : Qu’est-ce qui vous a poussée à vous présenter à ce poste ?
SMA : J’avais prévu de faire un échange à Paris, mais j’ai finalement décidé de l’annuler. Je me suis dit qu’en tant qu’étudiante internationale, ce n’était plus vraiment nécessaire pour moi. En restant à Ottawa, j’ai réalisé que j’avais encore une année pour contribuer davantage à la communauté étudiante. J’avais déjà beaucoup collaboré avec les commissaires précédent.e.s et organisé plusieurs événements, comme les galas et les foires des clubs.
Les étudiant.e.s me percevaient souvent comme quelqu’un qui connaissait bien les rouages de l’Université, et j’ai senti que j’avais la responsabilité de partager cette expérience. Pour moi, se présenter à un poste, ce n’est pas seulement occuper une fonction. C’est apporter quelque chose de constructif et éveiller des consciences.
LR : Comment avez-vous vécu la période des élections ?
SMA : C’était fantastique. C’est une expérience que je referais sans hésiter. Les élections m’ont permis de rencontrer des personnes que je n’aurais probablement jamais croisées autrement, comme des membres d’associations étudiantes de facultés complètement différentes de la mienne. Cette période m’a permis de voir l’Université d’Ottawa dans son ensemble et de mieux comprendre la diversité des initiatives étudiantes. J’ai aussi eu la chance de travailler avec une équipe qui croyait vraiment en ma candidature, ce qui a rendu l’expérience encore plus enrichissante.
LR : Que signifie pour vous être commissaire à la vie étudiante ?
SMA : Pour moi, le ou la commissaire à la vie étudiante n’est pas la personne qui fait tout, mais celle ou celui qui permet que les choses se fassent. C’est le pont entre toutes les associations et les clubs. Ce n’est pas une fonction de mise en avant, mais de soutien. Le rôle du ou de la commissaire, c’est de s’assurer que les organisations étudiantes disposent des ressources nécessaires pour briller et mener à bien leurs projets.
LR : Comment appréhendez-vous votre futur mandat ?
SMA : C’est un rôle que je n’ai pas encore occupé, mais que j’ai observé de près. J’ai travaillé dans presque toutes les structures que le commissariat à la vie étudiante accompagne. Cela me donne une bonne compréhension de leurs réalités.
J’ai quelques appréhensions, notamment sur la manière d’établir un contact plus direct avec les étudiant.e.s. Je veux que le commissariat soit perçu comme accessible. Une de mes idées est de créer un espace hebdomadaire, chaque jeudi soir, où un club différent proposerait une activité. Le commissaire serait présent à chaque séance pour échanger directement avec les étudiant.e.s. Cela permettrait d’entretenir un lien humain constant et de rapprocher le Syndicat de la communauté.
LR : Quels sont les grands axes de votre mandat à venir ?
SMA : Ma campagne reposait sur trois axes : l’engagement étudiant, le soutien aux clubs et associations et la relation avec l’université.
Je veux favoriser une meilleure communication entre le Syndicat et la communauté étudiante, renforcer le système d’accompagnement des clubs, par exemple en créant un livret-guide pour les présidences, et encourager les rencontres entre associations. Enfin, je crois qu’une relation constructive avec l’Université d’Ottawa est essentielle. Même si, historiquement, syndicat et administration ne sont pas toujours alignés, je pense qu’un dialogue respectueux peut mener à de meilleures solutions pour les étudiant.e.s.
LR : Qu’aimeriez-vous accomplir ou laisser comme héritage à la fin de votre mandat ?
SMA : J’aimerais mettre en place le projet des événements hebdomadaires, mais aussi instaurer un programme d’ambassadeur.rices de la vie étudiante, formé.e.s pour soutenir les différentes institutions et réaliser des présentations dans les classes.
Mon plus grand souhait, c’est de voir un taux de participation plus élevé aux élections étudiantes. Idéalement, j’aimerais que chaque poste soit contesté par au moins trois candidat.e.s. Pour une université de 50 000 étudiant.e.s, il est essentiel que le Syndicat reflète une mobilisation réelle et effective. Si ce n’est pas le cas, c’est aussi à nous, les responsables, de nous remettre en question.
- Samar Mohamed Ahmed -
LR : Un dernier mot pour les étudiant.e.s ?
SMA : Informez-vous. Comprenez ce qui se passe dans votre université. Chaque décision prise par le Syndicat ou l’administration vous touche, d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas attendre qu’une décision soit déjà adoptée pour réagir : soyez présent.e.s dès le départ, et tout au long du processus.
