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Sports et bien-être

Les blessures au jeu : un combat de tous les jours

Web-Rotonde
17 novembre 2014

– Par Moussa Sangaré-Ponce –

Pour le meilleur et pour le pire, les étudiants athlètes vivent certaines des mêmes réalités que les athlètes professionnels. Une de ces réalités sont les blessures. Certains se blessent et reviennent immédiatement au jeu, mais pour d’autres le combat pour retourner n’est pas seulement un combat physique, mais aussi mental et contre le temps. La Rotonde s’est entretenue avec quatre Gee-Gees de différents sports qui n’ont pas pu jouer pour de longues périodes. Certaines comme Geneviève Legault et Anika Littlemore, ont pu revenir au jeu après des semaines d’attente. Catherine Traer a vu sa saison se terminer l’année dernière à cause d’une blessure tandis qu’Alex Ratté, qui est blessé au genou gauche, attend toujours d’être rétabli pour contribuer au succès du programme de basketball masculin.

Alex Ratté (basketball masculin)

Il n’y avait pas vraiment quelque chose qui est arrivée. Cette blessure a progressé avec le temps. Ça a commencé la saison dernière, mais j’ai appris à jouer avec et cet été, pratiquer sur le terrain d’argile au complexe Lees n’a pas aidé et depuis ce temps, c’est revenu. Apprendre que je ne jouerais pas n’était pas une bonne nouvelle. Quand tu ne peux pas faire ce que tu aimes, ça t’affecte mentalement et bien sûr physiquement. Même aujourd’hui, il y a des hauts et des bas, mentalement, mais il faut garder une attitude positive et pousser à travers.

J’ai tout essayé : la thérapie de massage, des chiropracteurs, des thérapeutes athlétiques, j’ai vu des docteurs de sport et des chirurgiens. Maintenant, on est à un point où on a établi ce qui va de mal avec mon genou et on a créé un nouveau programme avec mon chirurgien et les thérapeutes athlétiques. C’est quelque chose qui va devoir se guérir avec le temps. À toutes les deux semaines on évalue la situation et c’est ça qu’on devra faire jusqu’à ce que la douleur disparaisse. Je pourrais jouer maintenant, mais je serais seulement 20 % du joueur que je peux être. Ça me gêne beaucoup. Je ne peux même pas lancer sans ressentir de la douleur. Dans ce sport, tu es très souvent accroupi, ou tu sautes et tu dois bouger latéralement, c’est le pire sport pour avoir ce type de blessure. C’est ma première blessure, donc c’est dur à prendre.

Le pire c’est de voir où j’en étais l’année dernière. [NDLR : Ratté était le troisième meilleur marqueur dans le Sport interuniversitaire canadien]. J’ai mis beaucoup de travail l’été dernier pour aider cette équipe à gagner. Je me suis probablement entrainé plus fort que je ne l’ai jamais fait. C’est très facile de se décourager, mais mes entraineurs, mes coéquipiers et ma famille m’ont vraiment aidé à garder la tête haute. Le côté mental, c’est la moitié du combat. Je sens comme si je fais partie de l’équipe, mais dans mon cœur, je n’y ferais vraiment pas partie jusqu’à ce que je sois sur le terrain en train d’aider l’équipe à gagner. Il y a seulement tant de choses que je puisse faire du banc. Éventuellement je sais que ce jour va venir et une fois que je serais habitué à jouer avec ces gars, ce sera spécial.

Catherine Traer (basketball féminin)

Dans la première minute du match contre Toronto, je gardais une fille. Elle a lancé et ma main était bien agrippée sur le ballon. Quand elle a lancé, mon doigt est allé de l’arrière et ça a fracturé mon troisième métacarpe. J’ai continué à jouer parce que je pensais avoir foulé un doigt. Je n’ai pas entendu de [craquement] et je n’ai rien senti sur le champ. J’ai essayé de faire un poing et je n’ai pas pu. Ensuite j’ai reçu une passe de ma coéquipière, j’ai dû repasser le ballon et [lorsque le jeu s’est arrêté], j’ai demandé au coach pour une substitution. Tout de suite je me suis dit : ma saison est finie. C’était tard dans l’année, le 7 janvier. Un os prend quatre à six semaines à guérir, plus la réhabilitation. Si on fait les [séries éliminatoires], je pourrais jouer aux nationaux.

Je ne me suis jamais cassé un os, donc c’était différent. Quand on était jeunes, Zach (Traer) et moi, on ne s’était jamais blessés. C’était décevant de savoir que ma saison était finie. J’ai dû porter une attelle. Je pouvais l’enlever pour faire des exercices : amener mon doigt à mon pouce, essayer de descendre mes quatre doigts. C’est tout ce que je pouvais faire. J’ai dû apprendre à bouger ma main sans douleur parce que si j’en ressentais, j’étais encore en guérison.

J’ai souvent essayé de revenir sur le terrain. Je dirais qu’après trois semaines, je ne sentais plus rien. Quand mon os s’est ressoudé et qu’il n’y avait plus de problèmes, je pratiquais, je lançais avec  l’attelle parce que c’était sur ma main gauche et ce n’était pas ma main forte. Je courrais et je faisais tout ce que je pouvais pour rester en forme. C’est sûr qu’après trois semaines ce n’était pas encore prêt. Si je tombais dessus, l’impact sera probablement pire que ce qui était arrivé.

C’était frustrant et il n’y avait pas seulement moi. Katherine Lemoine avait une commotion cérébrale, Kellie Ring n’était pas encore revenue, une joueuse après l’autre tombait. Ça affecte la chimie d’équipe, tu te retrouves à jouer dans les séries avec une équipe qui n’a pas vraiment joué ensemble. Il y a des premières années qui ont eu des plus grands rôles. Je n’étais pas frustrée contre elles ; je comprenais leur frustration. Tu demandes à une recrue de jouer 30 minutes par match, ce n’est pas à ça qu’elle s’attendait en venant ici.

Être sur le banc pour presque toute l’année m’a vraiment fait réaliser à quel point j’aime le basket. Avant ça je n’avais jamais manqué une partie. [Grâce à ça], j’ai appris à être une leader, même sur le banc.

Anika Littlemore (soccer féminin)

Je me suis blessée parce que j’utilisais trop mon pied. Je m’entrainais beaucoup durant l’été, deux fois, même trois fois par jour, et j’ai continué lors du camp d’entrainement. L’utilisation continue de mon pied a causé une fracture et de là je ne pouvais pas jouer pour cinq semaines parce que j’aurais pu totalement casser mon os. Lorsque j’ai appris la nouvelle, ma pensée immédiate était : merde! J’aime l’équipe et être une des parties importantes qui contribuent au succès. Je ne peux pas faire ça assise sur le banc. Je me disais, « Oh mon dieu, ça va être long! » Est ce que je serais capable de revenir avant la fin de la saison? Cette blessure pouvait seulement se guérir avec le temps, donc c’était encore pire.

J’y ai beaucoup pensé. Quand j’étudiais, j’avais plein de pensées négatives sur le soccer. Je me suis demandé quand j’allais revenir et si je pourrais jouer. À long terme, ça ne m’a pas empêchée de faire grand–chose, mais ça m’a vraiment affectée [mentalement] sur une base quotidienne. C’est frustrant être sur le banc. Tu vois un jeu et tu te dis que tu aurais fait quelque chose de différent. C’était bien que l’équipe ait du succès, mais tu veux faire partie de ce succès. Quand je suis revenue, c’était difficile. La vitesse du jeu est élevée et au long de la saison tout le monde s’améliore, mais moi je devais me concentrer [sur ma blessure]. Quand tu reviens, ton niveau de confiance est bas et tu dois réapprendre quel type de joueuse tu étais avant ta blessure. Le pire et ce qui casse plus le cœur, c’est quand quelqu’un te dit que tu ne peux pas jouer et faire ce que tu aimes tout les jours.

[À mon retour], quand je jouais, je m’en fichais. Si ça fait mal, ça fait mal. Je devais quand même tenir ça en compte. À mon retour je n’étais pas à 100 % et je devais m’assurer après chaque match que la blessure s’était améliorée. Quand tu vois d’autres athlètes revenir plus tôt d’une blessure, tu te demandes s’ils auraient dû revenir si tôt. Je sais que j’ai essayé de le faire et ça n’a pas fonctionné. J’ai appris que je n’étais pas aussi forte mentalement que je le pensais. Il faut devenir encore plus forte mentalement parce que sinon, quand tu reviens, tu ne vas pas bien jouer et ensuite tu ne vas pas du tout jouer. À travers tout ça, j’ai grandi en tant que personne et je me suis retenue. Je ne pouvais rien faire avec mon pied. J’aurais pu courir, mais je ne l’ai pas fait. Tu dois de retenir si tu veux revenir plus tôt!

Geneviève Legault (hockey féminin)

Au tournoi de pré-saison à Toronto, lors du premier match, ça ne faisait même pas deux minutes qu’on avait commencé, une fille a fait un lancer frappé et la rondelle m’a frappée au mauvais endroit sur ma cheville. [J’espèrerais] que ce n’était pas cassé. Habituellement, quand je me blesse, je ne reste jamais sur la glace, je m’enlève tout de suite, mais là, je n’étais pas capable de me lever.

Quand on m’a dit que ce n’était pas cassé, j’étais vraiment contente. Après ça, ils ne savaient pas si c’était un genou, une fracture, un ligament, donc j’ai passé plein de tests pour finalement me faire dire que c’était une contusion osseuse. Pour me réhabiliter, c’était une question de temps et d’exercices. Au début, ça me frustrait. Les filles jouaient super bien et je voulais participer à ce succès. J’étais blessée quand même longtemps, presque deux mois. J’avais hâte de revenir sur la glace. Je pratiquais quand même de mon côté. Je faisais des [exercices] de mains en avant du filet lorsqu’elles pratiquaient. Je n’ai pas essayé de pousser ça. Je me suis dit que j’allais revenir guérie. Il y avait un temps où j’aurais pu revenir plus tôt, mais j’ai dit « donnez-moi deux semaines de pratiques intenses pour revenir au jeu ».

Je pense que j’ai joué mon meilleur match universitaire [à mon retour]. J’étais motivée, j’avais de l’énergie. Cette blessure m’a certainement fait plus apprécier le hockey.

Les gens qui font la physio ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour me remettre au jeu. C’était ma première blessure à vie et ça m’a permis de vraiment apprécier le soutien qu’on nous donne. J’ai appris à être plus patiente et à gérer la pression. Ton coach veut que tu reviennes rapidement, les autres joueuses aussi, mais c’est d’apprendre à écouter son corps avant et le reste suivra.

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