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Opinions

Espoir pour l’Université – Lettre d’un étudiant

Rédaction
27 février 2020

Crédit visuel : Dominic Couture 

Par Dominic Couture – Contributeur 

Le 12 février 2020. Je suis triste. Je suis triste de savoir qu’un autre membre de notre belle communauté universitaire ait décidé de nous quitter.

Je suis devenu extrêmement protecteur de mon campus et des personnes qui y évoluent chaque jour, que ce soient des étudiant.e.s ou les membres du personnel depuis que je suis arrivé ici. Je ressens une profonde tristesse, certes, mais un profond respect pour ces étudiant.e.s que nous ne reverrons plus.

Je m’appelle Dominic. Je suis un étudiant aux cycles supérieurs à l’Université d’Ottawa (U d’O) et je peux comprendre ces étudiant.e.s pris avec cette souffrance qui les a poussés dans leurs derniers retranchements.

Embûches et courage

Qui suis-je pour le prétendre ? Je pourrais vous dire que je suis une personne vivant avec des pensées suicidaires, des pensées noires et des états dépressifs depuis la première année du secondaire. J’ai commencé le secondaire en 2001, ça fait un bout !

J’ai souffert d’une dépression sévère en plus d’une péricardite. J’ai toujours l’impression que mon corps va me lâcher pour une raison ou une autre, mais je ne pense pas être hypocondriaque. Par exemple, j’ai eu une crise de goutte sans prévenir l’hiver passé qui m’a facilement coûté 2000 dollars, qui m’a causé beaucoup d’anxiété et de désespoir.

Aussi, j’éprouve des problèmes dans ma vie professionnelle, sexuelle, émotive et affective. En plus d’avoir à vivre avec des préjugés et des stéréotypes qui visent injustement et délibérément les personnes du spectre autiste. Oui, je suis autiste ; fier de l’être, peu importe ce que les gens disent.

Alors oui, je pense être bien placé pour comprendre ceux et celles qui pensent ne plus être capables de vivre avec ce qui leur cause une souffrance les poussant dans leurs derniers retranchements.

Avec le temps

Je me rends compte que si j’ai réussi à traverser au travers ces épreuves dont j’ai fait mention ci-haut, c’est que j’avais deux objectifs bien précis et j’ai été têtu comme une mule pour les atteindre.

Ces objectifs ont été de me rendre à l’université et de devenir un.e étudiant.e gradué.e. Cela n’a pas été facile à bien des niveaux. Je ne viens pas d’une famille très fortunée. Je suis le seul de ma famille proche à avoir rejoint l’université.

Je dépends quand même de l’aide financière de ma province pour avancer dans mes projets et, en excluant les mois de septembre et de janvier, ça fait environ quatre mois que je vis avec 643 dollars par mois, sans compter le crédit, mais le crédit, c’est périlleux. Et oui, je vis pas mal de stress, de frustrations et de casse-têtes dans une semaine et dans ma vie.

L’U d’O

Je dois avouer que je suis relativement heureux à Ottawa et sur le campus de l’U d’O. Je suis allé dans trois universités différentes avant d’arriver sur le territoire des Gee-Gees et, étant capable de comparer les quatre établissements, l’U d’O est probablement la meilleure des quatre.

Mes professeur.e.s sont des amours, mes cours sont bien intéressants. J’ai trouvé mon superviseur et je vais travailler sur un sujet que j’aime. Je trouve que la nourriture est relativement bonne et j’ai même un groupe de discussion spécialement pour les personnes autistes. Nous sommes d’ailleurs les seul.e.s à avoir un tel groupe de discussion, à ce que j’en sais, et, en général, les gens sont gentils avec moi, qu’ils soient francophones ou anglophones.

Rien n’est parfait

Je suis conscient des problèmes sur le campus, mais je ne pense pas que blâmer l’Université et l’administration puisse aider à améliorer notre situation actuelle.

Il faut aussi convaincre les gens qui ont besoin d’aide d’aller vers ces services. Il faut s’assurer que ces services soient diversifiés pour écouter les besoins de notre belle communauté, car chaque individu sur le campus est différent. Se trouver un objectif auquel on peut s’accrocher, même dans nos journées les plus noires, ça aide aussi !

Je m’excuse. J’ai peut-être beaucoup parlé de moi, mais je voulais montrer à tous les lecteurs de La Rotonde que des journées noires, des années difficiles, tout le monde en vit et la détresse peut-être bien cachée, mais que la détresse n’est qu’un moment désagréable à surmonter, même si c’est bien difficile.

Allez, je vous laisse. Bonne chance dans vos examens et que la force soit avec vous !

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