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Arts et culture

Études médiévales et de la Renaissance : un programme en quête de visibilité

Crédit visuel : Courtoisie

Entrevue réalisée par Bianca Raymond – Cheffe du pupitre Arts et culture

Après 30 ans d’existence, le programme d’Études médiévales et de la Renaissance se heurte encore à plusieurs défis de visibilité et de reconnaissance. Kouky Fianu, sa coordinatrice, met en lumière la richesse et la pertinence de ces périodes, souvent perçues comme lointaines. La Rotonde s’est entretenue avec elle afin d’explorer les enjeux du programme, son importance au sein de l’université et les perspectives qu’il offre aux étudiant.e.s.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous présenter brièvement le programme d’Études médiévales et de la Renaissance et ce qui le distingue des autres programmes de l’Université d’Ottawa (U d’O) ?

Kouky Fianu (KF) : Créé en 1995, le programme d’Études médiévales et de la Renaissance figure parmi les plus anciens de la Faculté des arts. Il se distingue par son caractère pluridisciplinaire, puisqu’il regroupe des cours issus de plusieurs domaines – histoire, philosophie, littérature française et anglaise, musique ou encore théâtre – tous centrés sur le Moyen Âge et la Renaissance. Les étudiant.e.s constituent le point de convergence de ces disciplines. Par ailleurs, le programme n’est rattaché ni à un département ni à un institut : il fonctionne de manière autonome, sous la coordination d’une personne provenant de l’une ou l’autre des disciplines concernées, qu’il s’agisse de l’histoire, du français ou de l’anglais.

LR : Quels sont les principaux défis en matière de visibilité ou de reconnaissance auxquels le programme est confronté ?

KF : Le principal défi tient au fait que le programme n’est pas une unité académique à part entière : il ne dispose ni de locaux ni de personnel attitré. Sur le plan administratif, il est parfois intégré à d’autres unités — actuellement au département d’histoire, alors qu’il était auparavant rattaché aux études anglaises. Cette situation oblige à rappeler constamment l’existence du programme et son statut de programme facultaire. Pourtant, il s’agit de l’un des plus importants de la Faculté des arts : environ 36 % des étudiant.e.s inscrit.e.s dans un programme pluridisciplinaire de la faculté suivent des cours en Études médiévales et de la Renaissance, ce qui en fait un programme central au sein de la faculté.

LR : Selon vous, pourquoi les études médiévales restent-elles encore méconnues des étudiant.e.s ?

KF : En grande partie à cause de leur faible visibilité institutionnelle, notamment sur le site web de l’Université, qui est conçu avant tout pour les unités académiques. La question se pose alors : où placer le programme d’Études médiévales ? Cela fait deux ans que je milite pour qu’il ait un espace qui lui soit propre. Actuellement, il apparaît uniquement dans la section des programmes de premier cycle en histoire, alors qu’il comprend également une maîtrise. Cette situation crée une ambiguïté constante. Le programme existe bel et bien, mais on ne lui accorde pas de place claire, puisque la structure administrative privilégie uniquement les unités académiques. Chaque année, nous devons recenser les cours offerts dans différents départements qui abordent le Moyen Âge afin de les regrouper au sein du programme. La création d’un institut permettrait sans doute de résoudre ces enjeux, à condition que l’Université fournisse les ressources nécessaires.

LR : Y a-t-il des projets de développement ou des innovations pédagogiques que vous aimeriez voir émerger au sein du programme dans les prochaines années ?

KF : Peut-être intégrer davantage une dimension d’expérience. Par exemple, envisager des séjours en Europe afin de permettre aux étudiant·e·s de découvrir les cathédrales et les sites historiques sur place — il en existe encore de nombreux. Participer à des colloques ou développer un volet plus pratique serait également pertinent, afin qu’iels puissent concrètement saisir la réalité du domaine. C’est souvent en voyant les choses de près qu’on comprend vraiment : face à une cathédrale, l’histoire prend tout son sens.

LR : Quelles sont les perspectives de carrière pour les étudiants qui choisissent ce programme ?

KF : Concrètement, elles sont très variées. Comme dans de nombreux programmes en arts, les étudiant·e·s acquièrent des compétences transférables essentielles : lire et analyser des textes, écrire avec rigueur, mener des recherches, rédiger des rapports, sans oublier l’apprentissage du latin. Au final, leur maîtrise de la langue (en français comme en anglais) est nettement renforcée.
Mais surtout, ces étudiant·e·s démontrent une réelle ouverture d’esprit et une capacité à s’investir pleinement dans ce qui les passionne. Apprendre le latin, par exemple, demande un effort considérable, et ce n’est pas à la portée de tout le monde.
Arriver chez un employeur en disant : « J’ai choisi un parcours par intérêt, j’y ai consacré du travail et j’y ai développé des méthodes de recherche, de rédaction et de présentation solides », c’est extrêmement valorisant. Cela prouve que la personne est capable de fournir les efforts nécessaires pour atteindre ses objectifs. Dans mes lettres de recommandation, je souligne justement la pertinence d’un diplôme en Études médiévales : il témoigne de la capacité à apprendre une nouvelle langue et à analyser une société radicalement différente de la sienne.

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