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Faculté des sciences : trop d’étudiant.e.s pour trop peu de places ?

Crédit visuel : Élodie Ah-Wong- Directrice artistique

Article rédigé par Lê Vu Hai Huong — Journaliste

À l’automne 2024, 5650 étudiant.e.s, soit environ 12 % de la population étudiante uottavienne, étaient inscrit.e.s à la Faculté des sciences. Pour nombre d’entre eux.elles, s’inscrire aux cours obligatoires relève d’une véritable course contre la montre : listes d’attente d’une centaine d’étudiant.e.s, amphithéâtres bondés et laboratoires organisés le week-end… La Rotonde s’est penchée sur cette réalité pour mieux en comprendre les enjeux réels.

La course à l’inscription des cours 

Mohamed Amine Bouna, étudiant en deuxième année en sciences biomédicales, explique que les tentatives d’inscription dès 8 h du matin, le premier jour, entraînent souvent un écrasement de la plateforme uOZone. Ryan, un autre étudiant du même programme, raconte avoir dû attendre environ une heure après l’ouverture pour accéder au système, avant de se retrouver immédiatement sur une longue liste d’attente. 

Le Vice-doyen des études de premier cycle et de l’expérience étudiante à la Faculté des sciences, Paul-Eugène Parent, admet que l’augmentation considérable des inscriptions met temporairement à l’épreuve la capacité de sa faculté. Cependant, pour les étudiant.e.s, cette pression se traduit par des difficultés concrètes et quotidiennes.

Selon un sondage mené par La Rotonde auprès d’une quarantaine de personnes , environ un.e répondant.e sur cinq observe que certaines listes d’attente atteignent la centaine d’étudiant.e.s. 

D’ailleurs, plusieurs sondé.e.s touché.e.s par ce phénomène proviennent d’autres facultés, comme celle de génie ou des sciences de la santé.  

Rashmi Venkateswaran, professeure de chimie à l’Université d’Ottawa, précise que certains cours, comme la chimie et la biologie, sont également obligatoires pour les étudiant.e.s souhaitant poursuivre des études en médecine. Ces cours sont donc très prisés, et les places se remplissent rapidement.

Le prix des cours surchargés

Othman et Radwan, étudiants en deuxième année en génie logiciel, observent que, pour certains cours obligatoires, comme la chimie ou la physique, certain.e.s étudiant.e.s doivent s’asseoir sur les escaliers ou même par terre. Radwan se souvient qu’à un moment donné, lors d’un cours de chimie, plusieurs étudiant.e.s étaient debout, obligeant l’enseignant.e à proposer une alternative par Zoom pour accommoder tout le monde.

Ce n’est pas tout. Un.e répondant.e a qualifié de « criminel » le fait de devoir attendre un an pour suivre un cours obligatoire, sachant que les deux premières années reposent presque entièrement sur des prérequis. Se rajoute à ça le fait que les sondé.e.s indiquent également qu’il y a davantage de places dans les cours enseignés en anglais.

Au total, 75,8 % des répondant.e.s affirment avoir ressenti un stress important lié à la planification de leur cheminement d’études.

Graphique montrant les différentes conséquences pour les étudiant.e.s

Les laboratoires à la limite

Les problèmes ne s’arrêtent pas aux cours magistraux : l’accès aux laboratoires représente également un défi. 

Othman a dû assister à des laboratoires le samedi, de 19 h à 22 h, ce qui a fortement perturbé son horaire. Venkateswaran, qui enseigne à l’Université depuis environ 30 ans, affirme que c’est la première fois que des laboratoires sont organisés le week-end en raison de la forte demande.

Bouna, pour sa part, rapporte qu’en tentant de s’inscrire à un cours de physique pendant l’été, il avait trouvé des places pour le volet théorique, mais aucune pour le laboratoire obligatoire. Il a donc dû abandonner complètement le cours.

Un enjeu qui a des solutions ? 

Selon les étudiant.e.s interrogé.e.s, la solution la plus évidente consiste à augmenter le nombre de professeur.e.s, à accroître la capacité des cours, à multiplier les sections, à offrir davantage de cours obligatoires chaque session et à explorer des options en ligne.

De son côté, Venkateswaran raconte avoir accepté d’ajouter une section supplémentaire à son cours, pour accommoder plusieurs centaines d’étudiant.e.s en liste d’attente, alors qu’elle enseigne déjà à plus de 3 000 personnes. 

Bien que plus d’étudiant.e.s apporte plus d’argent dans les caisses de la Faculté, la professeure souligne que plus d’argent ne peut compenser le bien-être du corps professoral, des assistant.e.s ou des technicien.ne.s. Selon elle, même si l’équipe dirigeante de la Faculté refuse d’admettre un grand nombre de nouveaux.elles étudiant.e.s, l’administration universitaire le fait malgré tout. 

À ses yeux, embaucher davantage de professeur.e.s ne suffira pas à résoudre le problème. La véritable limite, selon elle, réside dans la disponibilité des laboratoires qui accompagnent les cours magistraux. 

La professeure indique un manque important d’espaces de laboratoires en chimie, mais estime que construire de nouveaux locaux n’est pas la solution. Déplacer du matériel et des substances chimiques d’un bâtiment à l’autre serait dangereux, explique-t-elle, et il faut également disposer d’un nombre suffisant de technicien.ne.s et d’assistant.e.s d’enseignement qualifié.e.s et disponibles.

Bouna, quant à lui, suggère de standardiser le plan de cours et la pédagogie des professeurs pour un même cours, afin d’éviter que les étudiant.e.s ne se ruent tou.te.s vers un.e seul.e enseignant.e perçu.e comme plus favorable. 

Le Vice-doyen Parent n’indique aucune mesure concrète actuellement en cours pour résoudre la situation. « Nous travaillons activement à adapter nos ressources et nos structures pour répondre à cet intérêt soutenu, dans le but d’offrir à chaque étudiante et étudiant les meilleures conditions d’apprentissage possibles », assure-t-il.

En définitive, une question demeure : pourquoi admettre un si grand nombre de nouveaux.elles étudiant.e.s lorsque les ressources et infrastructures existantes ne permettent plus de les accommoder adéquatement ?

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