– Par Vincent Rioux –
Des discours qui manquent de références franco-ontariennes
Malgré son appréciation générale de la cérémonie, le professeur émérite de la Faculté de droit de l’U d’O, Joseph E. Roach, avait tout de même quelques critiques à l’égard de l’évènement. « [Michaëlle Jean] a donné un discours qu’elle aurait pu [prononcer] aux Nations-unies. [Il n’y avait] aucune référence aux Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes, ni au règlement 17, ni au grand succès de l’hôpital Montfort, ni à la contribution de Bernard Grandmaître et à la Loi sur les services en français. Elle a seulement parlé des 220 millions de personnes qui parlent français dans le monde. J’ai lu le même livre, moi. Ça fait que je trouve son discours vieux », a soutenu M. Roach.
« Allan Rock a très bien parlé. Excepté qu’il dit qu’il y a 13 000 étudiants francophones, ici. [Cependant], il y en a 30 000 anglophones! Si dans une salle, sur 10 personnes, il y a sept anglophones et trois francophones, tout va se passer en anglais », a insisté le co-fondateur du programme de common law en français à l’U d’O. « La proportion est importante. Si c’était un collège d’uniquement 13 000 francophones, ce serait très bien. [Souligner qu’il n’y a que 13 000 étudiants francophones] a eu pour effet de faire ressortir le déséquilibre linguistique à l’U d’O. […] On ne fait que renforcir le sentiment minoritaire [chez les francophones] », a conclu M. Roach.
À cet effet, le professeur émérite du Département de français et auteur, Patrick Imbert, croit aussi que l’U d’O doit garder une certaine proportion entre la population francophone et anglophone. « Il faut faire attention au pourcentage [de francophones sur le campus]. Je pense qu’il n’est pas dérangeant pour le moment, mais s’il arrive un moment où nous sommes 15 % ou 20 %, là il y aurait des dangers. Il faut donc attirer non seulement plus de Franco-Ontariens, mais aussi plus de francophones du Canada et du reste de la planète pour augmenter le nombre de francophones sur le campus », a indiqué M. Imbert après la cérémonie.
Des projets concrets
M. Roach a mentionné à La Rotonde qu’il aurait aimé que les gens qui ont donné une allocution durant la cérémonie arrivent avec des projets concrets pour préserver la francophonie. Par exemple, M. Roach croit que l’U d’O aurait dû annoncer que, dorénavant, elle allait souscrire à la Loi sur les services en français. Il croit aussi que c’est absurde que la plus grande université bilingue au monde soit située à un kilomètre d’un hôtel de ville qui refuse toujours d’accorder à sa ville un statut bilingue. D’ailleurs, M. Roach croit que le 25 septembre devrait devenir la journée nationale des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes et que ça aurait dû être annoncé lors de la cérémonie.
Pour une université franco-ontarienne
Le professeur de droit croit aussi qu’une université francophone devrait voir le jour en Ontario. Pour lui, l’avènement d’une telle université serait bénéfique pour l’U d’O. « Une université franco-ontarienne ne diminue en rien les forces de l’U d’O. Au contraire, ça va la renforcir. L’un n’est pas incompatible avec l’autre », pense-t-il.
Outre M. Roach, le père spirituel du projet des Monuments franco-ontariens, Bernard Grandmaître, affirme aussi qu’il est temps que les Franco-Ontariens possèdent leur propre université, unilingue francophone. « Ça dépend de quelle façon on fait ça. Mais définitivement, j’aimerais un jour ça dire qu’on ait notre université! » a affirmé le politicien retraité.