Inscrire un terme

Retour
Actualités

FrancoQueer : accompagner la communauté LGBTQI+ francophone en Ontario

Camille Cottais
13 novembre 2021

Crédit visuel : Klausky Mathurin – Courtoisie

Entrevue réalisée par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

La Rotonde s’est entretenue avec Arnaud Baudry, directeur général de FrancoQueer. L’association, basée à Toronto, offre différents services et activités destinés aux personnes à la fois francophones et LGBTQI+ : activités sociales, ateliers, accompagnement des immigrant.e.s, sensibilisation…

La Rotonde (LR) : Comment et pourquoi a été créé FrancoQueer ?

Arnaud Baudry (AB) : C’est un groupe qui a été créé en 2005 pour répondre à diverses situations. C’était premièrement pour répondre aux besoins de s’organiser pour avoir accès à des services en français. Deuxièmement, c’est un groupe qui s’est créé pour organiser des activités sociales pour la communauté LGBTQI+.

Une partie des membres d’origine vivaient avec le VIH et se trouvaient donc à l’intersection de la langue en situation minoritaire et d’une situation de santé difficile. FrancoQueer permet à la fois de donner de la voix à la communauté francophone LGBTQI+, de proposer des opportunités de connexion et de réseautage entre personnes francophones de la communauté et de militer pour renforcer l’accès aux services en français.La communauté LGBTQI+ est toujours confrontée à beaucoup de biphobie, d’homophobie et de transphobie. Notre rôle est donc de continuer à sensibiliser de manière à ce que les enjeux de la communauté soient mieux compris et que la diversité sexuelle et de genre soit mieux acceptée au sein de la société.

FrancoQueer se base principalement sur des bénévoles, qui aident notamment à aller chercher du financement pour mener des projets. Beaucoup d’entre eux ont été menés par FrancoQueer au fil des années : des projets artistiques, d’éducation, de sensibilisation à la santé sexuelle ou encore liés au mois des fiertés en juin. Nous faisons par exemple de la sensibilisation sur les enjeux LGBTQI+ auprès des partenaires, des prestataires de services, des organisations communautaires et des écoles. Nous expliquons ce qu’est la diversité sexuelle et de genre et quelles approches et pratiques à adopter pour offrir des services réellement inclusifs à la communauté.

LR : Quels sont les enjeux spécifiques auxquels sont confrontées les personnes francophones et LGBTQI+ ?

AB : Être francophone en situation minoritaire est un défi important pour socialiser et pour accéder aux services de santé, en particulier en santé mentale. La langue est une barrière importante, de nombreuses personnes francophones ayant des difficultés à articuler leurs sentiments et pensées en anglais.Les personnes transgenres ont également des difficultés pour accéder aux soins. Il y a un manque de compétences dans le système médical pour bien prendre en charge les besoins des personnes trans.

LR : Vous possédez un programme d’aide à l’établissement et à l’intégration des immigrant.e.s francophones et queer. En quoi ce programme consiste, et à quels besoins est-ce qu’il répond ?

AB : Nous avons créé un groupe d’entraide entre nouveaux.elles arrivant.e.s LGBTQI+ francophones. En 2015, FrancoQueer a publié une étude en partenariat avec l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (OCASI) qui visait à évaluer les besoins des nouveaux.elles arrivant.e.s francophones LGBTQI+. Nous nous sommes basé.e.s sur ce rapport pour demander des financements auprès du gouvernement de l’Ontario et ainsi pouvoir développer des services.

FrancoQueer a développé une offre de services directs pour ce groupe de nouveaux.elles arrivant.e.s. Nous les accompagnons individuellement dans l’évaluation de leurs besoins et de leurs atouts afin de co-construire avec elles.eux un plan d’établissement qui vise à leur donner des perspectives d’avenir et à les aider à créer un projet de vie dans leur nouvelle société. Nous adressons d’abord les besoins les plus urgents, comme le logement, la santé et les services d’emplois et de formation.

Nous servons beaucoup de demandeur.euse.s d’asile, que l’on accompagne durant le long processus de demande d’asile, jusqu’à l’obtention du statut de réfugié.e puis la résidence permanente et la citoyenneté canadienne. Nous faisons également un travail avec la communauté par l’organisation d’activités, dont l’objectif est de créer des liens intergénérationnels et interculturels, de faciliter l’intégration sociale et de développer l’esprit d’appartenance. Nous offrons aussi des ateliers d’informations pour expliquer comment le système fonctionne et informer sur la culture locale.

LR : Vous animez en ce moment une série de six ateliers consacrés à la santé mentale des personnes LGBTQI+ et noires. En quoi consistent-ils, et pourquoi est-il selon vous important d’aborder ce sujet ?

AB : Une grande partie des usager.ère.s de nos services sont originaires d’Afrique francophone ou des Caraïbes où l’homosexualité est illégale et ont donc vécu des expériences de discrimination dans leur pays, parfois même de la part de leur famille. Ces personnes découvrent au Canada d’autres types de discrimination, basés cette fois-ci sur la race.

Ces ateliers visent à créer des connexions entre les personnes noires LGBTQI+ et à parler dans la communauté de santé mentale, qui reste toujours taboue. Nous travaillons sur cette série d’ateliers avec un expert, Laurent Francis Ngoumou. Les ateliers diffusent de l’information par rapport à différentes thématiques liées à la santé mentale. Nous soulignons par exemple l’importance de développer des services de santé mentale culturellement adaptés. Chaque atelier est suivi d’un groupe de discussion.

Nous allons nous baser sur les apprentissages de ces ateliers pour développer un guide sur l’inclusion des personnes noires LGBTQI+ chez les prestataires de service, qui sortira en février à l’occasion du mois de l’histoire des Noir.e.s.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire