
Gee-Gees : plus qu’un surnom, une identité collective
Crédit visuel : Jürgen Hoth – photojournaliste et Élodie Ah-Wong – Directrice artistique
Article rédigé par Kady Diarrassouba — cheffe de pupitre sports et bien-être
Lorsque vous faites vos premiers pas à l’Université d’Ottawa, vous devenez officiellement un.e « Gee-Gees ». Le mot est partout : sur les murs du campus, dans la boutique officielle remplie de marchandises à son effigie, ou encore sur les maillots des équipes sportives, elles aussi appelées les « Gee-Gees ». Véritable symbole de la communauté étudiante, ce mot incarne l’esprit de l’U d’O, mais combien d’entre nous connaissent vraiment son origine et sa signification ?
Remontons le temps depuis l’origine
D’après cette page de l’équipe sportive, lors de sa fondation en 1848, l’Université d’Ottawa adopte le gris et le grenat (Garnet and Grey) comme couleurs officielles. A l’instar de plusieurs institutions de l’époque, ses équipes sportives portent d’abord le nom de ces couleurs.
Dans les journaux, sur le campus et lors des rencontres interuniversitaires, on parle simplement des « Garnet and grey », appellation qui se contracte au fil du temps en GG.s, qui en devient le raccourci populaire.
Selon Jennifer Eliot, spécialiste de la reconnaissance et des archives sportives à l’U d’O, c’est avec l’apparition des mascottes universitaires au XXᵉ siècle que le symbole du cheval est adopté : « Nous avons pu utiliser le cheval parce que c’est un terme très ancien utilisé dans les courses hippiques. Aller voir les courses hippiques, c’était aller voir les «Gee-Gees et, à un moment donné, quelqu’un a fait ce rapprochement.»
Cette référence remonte à l’Angleterre du XVIᵉ siècle, où le maire de Chester, Henry Gee, organise en 1539 la première course hippique officielle sur le Roodee. Par la suite, son nom est resté attaché au monde des chevaux : on allait « voir les Gee-Gees courir.» Ce qui n’était au départ qu’une coïncidence linguistique, a fini par ancrer l’identité d’une communauté entière dans une tradition de vitesse, de force et de détermination, des qualités typiques d’un cheval de course.
La passion est le mot d’ordre
Dans les vestiaires, sur le terrain ou dans les tribunes, les Gee-Gees expriment un mélange d’énergie et de loyauté. Eliot affirme qu’il s’agit d’étudiant.e.s passionné.e.s, autant par leur histoire commune que par le sentiment d’appartenance au sein de leurs équipes.
" On peut voir la passion qui anime les joueur.euse.s lorsqu'ils.elles se réunissent et célèbrent ensemble. On sent à quel point ils.elles sont fier.ère.s de leur histoire et du fait d'appartenir à cette équipe. "
-Jennifer Eliot-
Cette passion se manifeste autant dans les grands moments sportifs, lors des matchs les plus attendus, que dans les petits gestes : les tapes sur l’épaule, les encouragements du ou de la capitaine avant le match, les cris dans les couloirs…
Des célébrations qui restent gravées dans l’histoire
Encore aujourd’hui, certains moments marquant l’histoire des Gee-Gees demeurent dans la mémoire collective et restent gravés dans les archives. Eliot se souvient notamment de la demi-finale du championnat de soccer feminin de l’Ontario University Athletics (OUA), l’an dernier, lorsque la gardienne, Cassidy Joslin a arrêté coup sur coup plusieurs tirs lors d’une séance de penalty. Ce moment, raconte-t-elle, a électrisé la foule, et rendu l’équipe complètement enthousiaste.

Cassidy Joslin, lors de la demi-finale du match de soccer feminin de l’OUA l’an dernier.
Toujours selon Eliot, un autre souvenir plus ancien remonte à la classique Colonel by en 2016: lors d’un match de hockey masculin, le joueur Marco Azzano marque un but et se tourne vers la foule les bras levés en guise de célébration. Contre toute attente, ce geste devient un symbole. Les deux années suivantes, d’autres joueur.euse.s l’ont reproduit et a chaque fois, des clichés ont été pris gravant ainsi ce symbole dans l’histoire de la Classique Colonel By.
On est tou.te.s des gee-gees
Aux nouvel.le.s étudiant.e.s qui hésitent à assister aux matchs, Eliot conseille de tenter l’expérience : « L’ambiance est tellement immersive qu’on se sent connecté à des personnes jamais rencontrées auparavant. On se surprend à commenter le match avec son voisin ou à serrer la main de la personne à côté pendant quelques secondes, quand l’action devient intense.» Pour elle, c’est ce sentiment de connexion qui fait tout l’intérêt du sport.

Le joueur de hockey Marco Azzano célébrant son but lors de la classique Colonel By en 2016.
L’esprit Gee-Gees ne se vit pas uniquement lors des grands rendez-vous, comme le match Panda ou les finales de championnat, insiste-t-elle. Il se ressent d’abord sur le campus, dans les gymnases, à deux pas des salles de classe, ou sur les terrains d’entraînement, là où les étudiant.e.s viennent encourager leurs ami.e.s. Ces moments plus discrets participent eux aussi à forger l’identité collective des Gee-Gees.
Alors, qu’est-ce qu’un.e gee-gees ? C’est un.e athlète passionné.e nommé.e d’après un cheval de course, mais aussi un.e supporter.trice dans la foule, qui contribue, par son énergie et son engagement, à créer un véritable sentiment d’appartenance.