– Par David Beaudin Hyppia –
– On devrait faire une élection…
– Oui bonne idée! On devrait faire une élection pour notre association!
– Oui bonne idée! On devrait faire une élection pour notre association pour permettre aux étudiants de choisir leurs représentants!
– Oui bonne idée! On devrait faire une élection pour notre association pour permettre aux étudiants de choisir leurs représentants pour qu’ils discutent de projets et d’enjeux! Je me présente aux élections!
– Oui bonne idée! On devrait faire une élection pour notre association pour permettre aux étudiants de choisir leurs représentants pour qu’ils discutent de projets autour d’une table. Ah oui ça va être bien! Mais je ne peux pas venir voter en passant…
– Oui bonne idée! On devrait faire tout ça là, mais je ne sais pas si on devrait en parler aux autres…
Et les étudiants n’ont jamais entendu parler de l’élection si essentielle, si fondamentalement vitale pour un système qui ne pourrait pas vivre sans l’amour de ces principes de participation, qui pourtant ne semblent pas être si importants lorsque ne se posent plus de questions sur ce qu’est la démocratie et qu’on ne fait plus la différence entre la démocratie et sa procédure. J’en tiens pour dit : l’élection de la GSAÉD est un exemple parfait des lacunes démocratiques de notre démocratie étudiante. Le véritable problème n’est pas le but des élections, le fait d’élire des représentants, mais bien de s’assurer que ces représentants et les responsables du déroulement ne prennent pas pour acquis la victoire et la participation étudiante. Phénomène complexe et difficile à expliquer, mais je m’y essaye quand même : les candidats, critiques ou pas du système, qui se présentent, avec des bonnes convictions certes, pénètrent dans une institution où il sont nécessairement soumis aux principes fondateurs de cette institution, bref un candidat ne pourrait pas dire qu’il se présente pour abolir son poste ou encore abolir l’institution à laquelle il participe sans perdre toute la crédibilité demandée pour être en poste. Maintenant, si un seul candidat se présente, il gagne par acclamation, sauf si tout le monde vote contre sa candidature. Image intéressante, est-ce qu’un gladiateur qui se présente seul dans l’arène et ne se bat pas gagne la joute? Non, il n’y a pas eu de combat tout simplement. Mais le gladiateur était quand même là pour se battre, et donc il reste un combattant, qui appartient nécessairement au principe du combat, qui est lui-même créé par l’arène. Même idée pour les représentants. Les représentants qui gagnent par acclamation gagnent parce qu’ils s’y présentent comme étant légitimement déjà représentants, concept conditionné par l’élection elle-même.
Bref, tout ça pour dire que si on essaie de critiquer la légitimité du représentant parce qu’il n’avait pas d’opposant, on arrive à une impasse puisqu’il a quand même suivi la voie démocratiquement instituée sans jamais qu’il y ait une goutte de démocratie dans le système. Il faut donc déconstruire les spécificités de l’institution pour exposer les problèmes véritables.