
Groupe de travail sur le respect et l’égalité : La FÉUO et la GSAÉD mises à l’écart
En réaction à l’actualité qui a bouleversé les dernières semaines, le recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), Allan Rock, a annoncé le 6 mars dernier la mise sur pied d’un Groupe de travail chargé d’enquêter sur ce que certains appellent la « culture du viol ». Ce Groupe de travail sera présidé par la professeure Caroline Andrew. La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) et l’Association des étudiants diplômés (GSAÉD) se sentent mises à l’écart de l’initiative.
Dans un court laps de temps, deux controverses ont mis à mal la réputation de l’Université et fait réfléchir la communauté étudiante et professorale. La première controverse a impliqué la présidente de la FÉUO, Anne-Marie Roy, alors que la seconde a impliqué les joueurs de l’équipe de hockey masculine des Gee-Gees. Ces deux évènements malheureux ont obligé la direction de l’Université à réagir et c’est dans une conférence de presse tenue le 6 mars dernier que M. Rock et la chancelière Michaëlle Jean ont conjointement annoncé la création du Groupe de travail sur le respect et l’égalité.
Mme Andrew présidera donc l’initiative et aura la charge d’établir les meilleures méthodes permettant de combattre les comportements sexistes et la violence faite aux femmes sur le campus. « Je suis convaincue que l’ensemble de la communauté universitaire doit participer à de vastes et sérieuses discussions sur ce qui doit être fait. À la suite de ces discussions, nous devrons adopter des propositions concrètes pour apporter de véritables changements. » a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse de l’U d’O. Mme Andrew est professeure et chercheuse depuis une trentaine d’années. Ses recherches ont notamment porté sur les relations intergouvernementales, les municipalités et les femmes, plus particulièrement la place de celles-ci dans la politique et leur accès aux services gouvernementaux. Elle a été doyenne de la Faculté des sciences sociales de l’U d’O de 1997 à 2005 et est présentement professeure titulaire à l’École d’études politiques. Elle dirige également le Centre d’études en gouvernance.
Plusieurs intervenants sur le campus ne sont cependant pas convaincus que le parcours de Mme Andrew assurera le bon déroulement des activités du Groupe de travail et la bonne représentation des étudiants dans la démarche initiée par le recteur.
Rencontrée dans son bureau du Centre universitaire, la présidente de la FÉUO affirme d’entrée de jeu qu’elle ne « connait pas vraiment Mme Andrew » mais que au-delà de sa présidence, elle juge décevant le Groupe de travail mis en place par l’Université. « Ils ne reconnaissent pas que la « culture du viol » existe sur le campus. Ils veulent enquêter pour voir s’il y a un problème, mais on sait déjà qu’il y en a un » soutient-elle. Une opinion également partagée par Seamus Wolfe, commissaire à l’externe à la GSAÉD. Selon lui, « malgré la présence d’une ou deux bonnes personnes, nous [la GSAÉD] craignons que le Groupe de travail ne représente que la vision de l’administration et oublie la communauté étudiante ». M. Wolfe a notamment souligné la faible notoriété des étudiants présents dans le Groupe de travail : « Personnellement, je ne les connais pas », affirme-t-il afin d’illustrer la faible représentation de la communauté étudiante dans la démarche de l’Université.
Ensemble, la FÉUO et la GSAÉD ont créé une initiative parallèle à celle de l’administration universitaire afin de rencontrer la population étudiante du campus et d’entendre ce qu’elle pense de la « culture du viol » et de la violence sexuelle. Ce groupe de travail bis doit, selon Mme Roy, inclure les hommes dans la conversation afin qu’ils prennent conscience que certains comportements ne sont pas acceptables et qu’ils doivent réagir lorsqu’ils sont témoins de tels actes. Elle cite notamment la conversation Facebook dont elle a fait l’objet pour illustrer la manière dont certains propos deviennent inappropriés dans une conversation entre garçons et dont certains d’entre eux peuvent être mal à l’aise d’intervenir pour y mettre fin.
Maya McDonald, nouvellement élue au poste de vice-présidente aux affaires de l’équité à l’exécutif de la FÉUO, affirme qu’elle ne s’est jamais sentie brimée à l’Université d’Ottawa. Elle mentionne également que les récents évènements lui ont fait prendre conscience de certains comportements présents sur le campus et associés à la « culture du viol ». Le Groupe de travail présidé par Mme Andrew devra remettre son rapport l’automne prochain à M. Rock. Au semestre automnal, Mme McDonald sera en poste et se dit prête à travailler au suivi du rapport avec l’administration, même si la FÉUO et la GSAÉD se sentent mises à l’écart par la direction de l’Université. Lorsqu’interrogée sur la nomination de Mme Andrew, Mme McDonald répond que la direction a nommé « une personne dédiée au travail », selon les renseignements qu’elle possède sur l’ancienne doyenne.
Le Groupe de travail de l’Université est composé de professeurs, d’étudiants et d’activistes de la région. L’ancienne présidente de la FÉUO, Pam Hrick, siège également au Groupe de travail, Elle sera la seule personne issue de la FÉUO ou de la GSAÉD à en être membre.