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HistoireEngagée : un regard neuf sur l’histoire

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9 octobre 2012

– Par Félix Blanchette –

 

Une nouvelle approche de l’histoire

Alors que le travail d’historien consiste bien souvent à considérer des événements éloignés dans le temps sans chercher à en tirer un enseignement direct dans le cadre de situations présentes, HistoireEngagée encourage les historiens à commenter l’actualité. Le groupe publie des dossiers thématiques traitant de sujets « chauds » sur son site internet. Basé au Québec, le groupe a cherché, avec ce colloque, à s’ouvrir entre autres à l’étude de l’Ontario français.

Simon Jolivet, co-directeur d’HistoireEngagée.ca avec Maurice Demers et l’un des organisateurs de cette journée de conférences, a exprimé sa conviction que les historiens devaient contribuer de manière plus importante à l’analyse critique des événements prenant place dans la société actuelle. Si cette nouvelle manière de faire l’histoire peut comporter certains risques, elle mérite plus que jamais qu’on lui laisse sa chance.

Une myriade de sujets

Le premier conférencier, et pas des moindres, était le sociologue Jean-Philippe Warren, de l’Université Concordia. Dans sa présentation, il a retracé, par l’analyse du contenu des examens imposés par le Ministère de l’éducation du Québec aux élèves du secondaire ces 40 dernières années, l’évolution des discours du gouvernement. Jean-Philippe Warren s’est entretenu avec La Rotonde , qui lui a demandé si le discours nationaliste des années 70 et 80, révélé dans son étude, était parvenu à trouver écho chez tous les Québécois : « Non seulement les francophones désormais considèrent que la société québécoise est leur référence propre – référence beaucoup plus forte, beaucoup plus sensible, beaucoup plus vivante que celle de leur attachement au Canada. Toutefois, c’est aussi vrai pour les allophones qui, dans les sondages, ont tendance à s’identifier d’abord à la nation québécoise avant de se tourner vers la nation canadienne, et, ce qui est encore plus étonnant, pour les anglophones, qui ont été éduqués dans les écoles à partir des programmes imposés par le Ministère de l’éducation du Québec, qui ont écouté les émissions de télévision produites au Québec, qui ont été exposés aux discours politiques des gens au pouvoir, qui étaient pour une très grande majorité francophones. »

S’en est suivi une série de trois conférences portant sur le militantisme franco-ontarien. Interrogée sur la raison pour laquelle certains de ces mouvements furent ignorés par l’historiographie, la conférencière et doctorante à l’Université d’Ottawa Caroline Ramirez, s’étant intéressée à l’action du Comité du réveil de la Basse-Ville contre la rénovation urbaine barbare d’un quartier francophone d’Ottawa, a répondu : « Ce mouvement n’était pas vu comme un agent de changement social au sens large mais comme une intervention ponctuelle pour modifier une situation qui était intolérable pour les francophones. ». Andréane Gagnon, étudiante à la maîtrise à l’École de sciences politiques, a pour sa part regretté l’absence de mouvements de ce type aujourd’hui : « Je pense que cette fibre là, de gauche, est difficile à trouver aujourd’hui en Ontario français et je ne sais pas ce que l’on pourrait faire pour la faire émerger à nouveau. Est-ce que les franco-ontariens et les franco-ontariennes sont satisfait-e-s de leur situation, en lien avec les droits acquis par le passé? Ou ne s’identifient-ils plus du tout à un groupe qui éprouve des besoins de préservation, de protection d’une culture, d’une histoire?

Nous avons ensuite pu assister à deux conférences traitant du rôle des intellectuels dans l’action sociale. L’avant-dernier volet a été consacré à l’engagement identitaire et environnemental. Brieg Capitaine, de l’Université du Québec en Outaouais, a parlé de l’histoire des Innus de la côte Nord, peuple autochtone ayant perdu son identité à la suite de la colonisation et désormais en phase de réappropriation. Le sociologue Yves Laberge, de l’Université Laval, a ensuite analysé les enjeux portés par le « Moulin à paroles », parfaite illustration du paysage symbolique du Québec. Pour conclure cette journée de conférences de grande qualité, le chanteur du groupe Loco Locass, Sébastien Ricard, a retracé chronologiquement les liens que sa démarche artistique voulait tisser avec l’histoire du Québec et, au-delà, des Premières nations.

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