Par : Charley Dutil- Journaliste
Pour certains enfants, la route de l’école est difficile à prendre. Leur quotidien est alourdi par des abus et intimidations faits par leurs camarades de classe. Au-delà de ses impacts directs, l’intimidation peut aussi avoir des séquelles à long terme sur l’individu et être la cause de problèmes de santé mentale. Pour en savoir plus, La Rotonde s’est entretenue avec Tracy Vaillancourt, professeure de l’Université d’Ottawa à l’École de psychologie et experte en psychologie infantile.
La Rotonde (LR) : Quel est le pourcentage d’enfants victimes d’intimidation dans l’enseignement primaire et secondaire ?
Tracy Vaillancourt (TV) : Nous savons qu’environ 7% des enfants à l’âge de l’école primaire seront intimidés de manière physique et verbale. Cependant, l’intimidation verbale et psychologique est beaucoup plus fréquente que l’intimidation physique. Quant au pourcentage d’enfants intimidés sur une base quotidienne, il s’agit d’environ 35% des enfants. Il s’agit d’un problème retrouvé partout dans le monde, qui perdure souvent à l’adolescence et, dans certains cas, à l’âge adulte. Il est important de comprendre que les individus qui se font intimider sont souvent détruits mentalement et cela est très dangereux pour leur développement personnel.
LR : Quels sont les impacts de l’intimidation vécue durant l’enfance à l’adolescence ou à l’âge adulte ?
TV : Premièrement, il y a plusieurs impacts immédiats sur les enfants qui se font intimider. Plusieurs ressentent des troubles anxieux et peuvent commencer à développer des débuts de maladies mentales. Un des troubles de santé mentale qu’on voit souvent se développer au cours de l’adolescence est la dépression. De plus, plusieurs jeunes adultes qui ont été intimidés en enfance auront de la difficulté à développer des relations positives avec d’autres individus. On observe aussi que certaines personnes développent des troubles de personnalité et troubles anxieux en tant que jeune adulte.
LR : Est-ce que les individus ayant été intimidés durant leur enfance ou adolescence sont plus susceptibles d’être influencés ou sujets à la radicalisation ?
TV : Non, dans mes recherches je n’ai pas trouvé de liens signifiants liant l’intimidation à la radicalisation de gens en ligne. Cependant, comme j’ai mentionné plus tôt, les gens ayant été intimidés à l’enfance ont souvent plus de difficultés à développer des relations positives avec les autres. Ils sont plus à risque de se ramasser dans des relations où ils sont manipulés ou sont abusés physiquement et émotionnellement. De plus, il est plus difficile pour eux de trouver des gens avec lesquels ils veulent former des relations et de garder ces relations, que ce soit en tant qu’amis ou en couple.