Inscrire un terme

Retour
Sports et bien-être

Jah-Jeh : ce que le Taekwondo m’a appris sur la maîtrise de soi

Crédit visuel: Élodie Ah-Wong – Directrice artistique

Chronique rédigée par Kady Diarrassouba – Cheffe de pupitre Sport et bien-être

« Ah bon tu fais du Taekwondo ? »  « Alors si je suis en danger, tu peux me sauver ? » « Eh mais tu es tellement calme, je n’aurais jamais imaginé ! ». Ce sont ces réponses qui me reviennent le plus souvent lorsque certaines personnes apprennent que je pratique le Taekwondo. Honnêtement, ça ne me dérange pas qu’on pense que je sais me battre : si ça peut dissuader certain.es de me chercher des noises, je prends. Mais j’aimerais aussi qu’on comprenne la vraie réalité derrière ce sport: la maîtrise de soi et l’autodéfense, bien plus que l’attaque. 

Il y a environ 11 ans, lorsque mes parents m’ont inscrite au club du quartier, c’était simplement pour que je grandisse avec un sport et que j’aie une occupation les weekends. Aujourd’hui, lorsque je m’inscris moi-même à mes cours et que je cherche des écoles où pratiquer ce que j’appelle « mon » sport, c’est parce que j’y ai appris des choses qui me sont profondément utiles.

Si, au début, je n’étais pas toujours enthousiaste quand j’allais aux entraînements, j’ai vite changé d’idée lorsque les autres enfants du quartier ont commencé à me regarder avec admiration et un peu de réserve dans mon uniforme : mea culpa, j’ai pris plaisir à flex et à leur faire croire que je pouvais lancer un coup de pied au moindre mot déplacé à mon égard. 

Et pourtant, ce n’était pas le cas en réalité. Certain.es de ces enfants pouvaient très bien me cogner s’ils ou elles le désiraient. Parce que le Taekwondo, avant tout, appelle à la maîtrise de soi. 

Devant le danger, tes pieds sont ta première arme : fuis

Cette phrase m’a été dite par mon maître lors d’une séance d’autodéfense. Il fallait comprendre par là que toutes les belles techniques apprises ne devraient nous servir qu’en cas de force majeure. Autrement, lorsque nous en avons la capacité, il faut éviter le danger et se protéger d’abord. 

L’autodéfense, l’un des piliers de ce sport, renvoie à ne pas riposter mais à éviter. Éviter le conflit, éviter le coup, éviter d’en arriver là tout court. On agit pour se sortir d’une situation dangereuse et même devant cette situation, le but n’est pas d’abîmer l’autre mais de protéger son intégrité. Cela s’applique aussi dans d’autres arts martiaux comme le Judo ou l’Aïkido, où l’objectif est de contrôler et d’immobiliser au lieu de frapper.

Il ne s’agit donc pas d’attaquer mais de  « gagner un combat », et ce combat se passe aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de nous-mêmes. 

Les vrais adversaires sont ceux qu’on ne voit pas 

Au taekwondo, avant chaque séance de combat, nous devons poser la main droite sur le cœur et prononcer :  Jah-Jeh. Jah-Jeh en Coréen. Ceci signifie « autocontrôle », « maîtrise de soi », et renvoie à l’idée de contrôler ses réactions et ses émotions pour ne pas blesser son partenaire de combat. Jah-Jeh s’applique aussi en dehors du dojang (salle d’entraînement), où il s’agit aussi de contrôler ses émotions et d’agir avec discernement plutôt qu’avec impulsivité.

Dans la vraie vie, en effet, nos adversaires sont différents. Nous ne sommes pas toujours  en face d’autres êtres humains, mais souvent en face de nos propres colères qui nous rongent, notre anxiété qui nous fait trembler, notre ego qui nous fait perdre notre entourage, ou nos excitations excessives qui peuvent nous pousser à poser des actes regrettables.

Je me souviens de toutes ces fois où le stress essayait de prendre le dessus sur moi, que ce soit avant un examen ou face à une situation intimidante. Dans ces moments-là, en plus de ma foi, le simple fait de reprendre le contrôle et de me rappeler que je suis la seule à maîtriser la situation et que rien d’autre ne peut m’écraser, m’a énormément aidée. C’est une manière de reprendre l’autorité : au fond, c’est toujours moi qui ai le dernier mot sur les limites que mes émotions tentent de m’imposer. Le ciel est (et restera) ma seule limite. 

Les vrais combats se passent donc à l’intérieur et, la vraie force, c’est de garder son calme face aux adversaires invisibles. 

La paix intérieure reste le plus important

Après une longue journée de cours, aller au Taekwondo avant de rentrer participe incroyablement à mon bien-être, physique comme mental. Ce sport te donne les codes et techniques pour neutraliser un adversaire, mais t’apprend avant tout à te maîtriser et à appliquer ces principes dans ta vie quotidienne.

Tu ne te lances pas sur le premier venu : tu essaies de l’éviter et de te protéger, mais s’il insiste, tu utilises tes connaissances avec soin. Tu ne réponds pas au stress sur le coup : tu essaies de l’éviter et de te recentrer, mais s’il insiste, tu te poses et réponds avec maîtrise plutôt qu’avec spontanéité. 

Au final, ce sport ne t’apprend pas à frapper, il t’apprend au contraire à ne jamais avoir besoin de le faire. 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire