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Éditorial

Je lève mon verre

Web-Rotonde
11 avril 2012

ÉDITORIAL

Anaïs Elboujdaïni | Rédactrice en chef
@anais_azzaro

Amis, collègues, estimés lecteurs,

Aujourd’hui, je lève mon verre à cette vieille dame encore bien farouche, j’ai nommé La Rotonde. Ce journal pour lequel plus de 80 équipes ont donné la sueur de leur front et un peu de leur équilibre mental est encore debout.

Carrefour d’information et de réflexion en français, La Rotonde est surtout le chantre du droit et du devoir d’informer la communauté de notre Université dans la langue de Gabrielle Roy, de Félix Leclerc et de Robert Yergeau. Bien qu’ils soient inquiets de l’hostilité du climat dans lequel les francophones évoluent, les journalistes qui se succèdent à la barre du 109, rue Osgoode n’en sont pas moins passionnés. C’est ce qui fait que La Rotonde demeure de tous les combats.

Le journalisme étudiant n’est pas facile. Ah ça non. On est sous-rémunéré, on travaille d’arrache-pied pour quelques fois se faire dire qu’on a mal cité untel, qu’on aurait dû couvrir tel évènement d’importance capitale – et puis merde! pourquoi s’acharne-t-on toujours sur la Fédération étudiante? Et en PLUS, on a des examens, des travaux et des cours.

Pourtant, le journalisme étudiant apporte son lot quotidien de victoires. Comme les bourgeons qui s’époumonent en silence chaque printemps de chaque année, nos cris sont parfois entendus. Depuis 80 ans, votre journal scrute, analyse, rapporte et commente l’actualité du campus. Les artisans que nous sommes ont à cœur de vous informer. Comme les réunions de l’administration qui sont filmées et où nous n’avons pas le droit de prendre nos propres photographies, nous nous rendons vite compte de l’importance d’un regard différent pour rapporter les faits : les grimaces du recteur, l’air contrarié du professeur ne seront jamais dans les archives de l’U d’O. Dans les nôtres, par contre, oui.

Au-delà des déboires administratifs, qui sera la mémoire collective? Comment les activités, les petits bonheurs du quotidien, l’air du temps sur le campus de l’U d’O pourraient-ils être rapportés avec rigueur si La Rotonde n’était pas là?

Cette année, le journal Le Devoir rapportait que Montréal Campus, journal étudiant de l’Université du Québec à Montréal, était sur le point de fermer, faute de revenus. Celui-ci n’est appuyé par aucune cotisation étudiante et dépend donc uniquement des publicités externes pour assurer sa survie. En 2009, Le Karactère, journal étudiant de l’Université du Québec en Outaouais, mettait un terme à ses publications pour une raison encore inconnue.

J’ai épilogué sur la précarité de ces journaux étudiants, qui ont rendu les armes ou qui vacillent dangereusement, car la modernisation des médias soulève beaucoup de questions dans la société quant à la pérennité du journalisme tel qu’on le connaît. Pour les journaux étudiants, nous sommes encore plus aux prises avec ces questions. Est-ce la francophonie amère? Est-ce le journalisme étudiant qui n’enchante plus, quand nos poches trouées cherchent un emploi plus rémunérateur?

Ce que je peux dire sur le journal indépendant et francophone de l’U d’O, c’est qu’il fait toujours partie du paysage ottavien. Même si on a parfois l’impression de donner des coups d’épée dans l’eau, ces jours-ci… La Rotonde doit rester un média qui dénonce, qui garde l’œil ouvert. La Rotonde doit demeurer le chien de garde de la francophonie. C’est ainsi qu’elle conservera sa place.

Toutefois, ne nous méprenons pas sur le sens du terme « conserver ». La Rotonde est appelée à changer, à innover, à mordre des mollets et à réfléchir tout haut en français. Car la haute voltige, dans la langue de Molière, c’est notre affaire.

Je lève donc mon verre, à vous, amis, collègues et estimés lecteurs, car je crois que les beaux jours, les plus durs, les féroces, mais les plus féconds, restent à venir.

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