Par Sara Robinson,

C’est drôle, il neige dehors; et le sol sous mes pieds
Froid et immaculé, m’oblige à assumer
Malgré la sourde transe qui assène mes pensées
Que j’existe ce soir loin de nos doigts liés.

J’ai fardé mon visage, j’ai dessiné la fille :
Un sourire de métal et un regard d’acide,
Dentelle noire sur les yeux camouflant ses pupilles.
J’ai terminé le tout en colorant le vide.

Je suis prête et l’horloge me murmure de faire vite
La nuit est déjà là, déjà elle veut mourir
Je sens mes veines s’emplir d’une musique qui m’excite
Je la hurle dans ma tête; elle couvre un peu ton rire.

Enfin, la scène du crime; les suspects sont complices
Leurs corps flous se mélangent, l’alcool moule le désir
Moi je reste muette, ma cigarette délire
Elle caresse l’atmosphère de ses toxiques esquisses.

Puis, soudain, mine de rien, je m’empare de mon masque
Je l’enfile, c’est divin, mon corps vibre dans la nuit
Je t’ignore à tue-tête et un sourire fantasque
Se tatoue sur mes lèvres pour parfaire la duperie.

Ainsi danse la poupée, saoule des regards des autres
Je l’incarne sans broncher, m’abreuve d’une douce névrose
Bien sûr, je suis consciente du mensonge qui s’impose
La vérité m’effraie plus que toute autre chose.