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Arts et culture

Jour du Souvenir : entre chaos et deuil pousse la fleur de l’inspiration

Antoine Jetté-Ottavi
11 novembre 2024

Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique

Chronique rédigée par Antoine Jetté-Ottavi — Chef du pupitre Arts et culture

Le 11 novembre marque le Jour du Souvenir, célébration ayant lieu chaque année visant à commémorer et à honorer les soldats, les vétérans et tou.te.s ceux et celles qui ont servi dans les forces armées. La date correspond à l’anniversaire de l’armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale en 1918. Le coquelicot en est son symbole, inspirée par le poème « In Flanders Fields » de John McCrae, soldat, médecin et professeur canadien décédé en service lors de la guerre, et se porte en signe de respect. 

Cette fleur rouge sang poussait dans les champs de batailles de Flandres en Belgique. Les lieux étaient complètement ravagés par les bombardements et les combats : le coquelicot, fleur résiliente, a accompagné les soldats en poussant sur les terres meurtries, puis sur leur tombe. Cette vision a fortement impacté John McCrae, qui en a fait un symbole de renaissance, de sacrifice, de guerre et de deuil à travers ses écrits.

Aujourd’hui encore, nous pouvons voir des vétérans, des membres de la famille des ancien.ne.s soldats et des patriotes porter les pétales écarlates sur leur vêtements. Le coquelicot est devenu l’image du souvenir. Puis, comme-ci, comme-ça… Le temps en a fait une part de notre culture canadienne, imprégnée dans nos écrits, nos peintures, nos monuments, notre cinéma et notre photographie.

Influence sur la culture populaire

Que ce soit les portraits militaires de Gertrude Kearns ou les œuvres musicales lors des cérémonies du Jour du Souvenir, plusieurs œuvres témoignent de l’impact culturel de la guerre sur la société canadienne. Ces oeuvres permettent de transmettre des récits de la guerre, en portant toutes ses horreurs et ses répercussions sur l’esprit ainsi que le corps. Par ces œuvres, nous sommes invité.e.s à réfléchir à l’importance et la signification de la paix et du sacrifice. 

Pour les jeunes Canadien.ne.s qui n’ont ni connu les guerres mondiale, ni aucune autre situation de conflit, le Jour du Souvenir n’a certainement pas le même poids ou la même signification qu’il ne l’a sur nos ancêtres. Néanmoins, ces œuvres, qu’elles soient visuelles ou sensorielles, offrent la chance à nos générations présentes et futures de comprendre les douleurs éprouvées par nos vétérans.

Je pense notamment à The Great War, réalisé en 2007 par l’Office national du film du Canada. Cette série documentaire en quatre parties présente les expériences canadiennes lors de la Première Guerre mondiale. Ce long-métrage  a certainement été présenté dans les cours d’histoire ou d’éthique et culture au secondaire : il s’agit d’une des productions les plus complètes sur le sujet et sert souvent d’outil éducatif. Ainsi, ce film est rapidement devenu une image de référence au Jour du Souvenir.

Dans le long métrage, nous pouvons voir des extraits de journaux intimes, des lettres de soldats et des témoignages des descendant.e.s, le tout afin de raconter les expériences personnelles et collectives des Canadien.ne.s sur le front et à l’arrière des champs de batailles. Ce documentaire a eu une influence notable sur la représentation de la guerre dans d’autres médias audiovisuels, tels que Apocalypse : La Première Guerre mondiale. Sorti en 2014, nous y employons des techniques similaires, comme l’utilisation d’images d’archives et d’une narration immersive. Nous pouvons aussi faire un rapprochement avec le film Passchendaele de Paul Gross, sorti en 2008, qui dépeint l’expérience des soldats canadiens et accorde une attention particulière aux détails historiques.

Des valeurs internationales

Selon moi, le Jour du Souvenir permet non seulement d’inspirer nos artistes nationaux.ales, mais aussi d’intégrer des valeurs universelles à la culture canadienne en rappelant les principes essentiels comme le respect, la mémoire, la paix et l’unité. Ces valeurs transcendent les frontières et les générations, permettant ainsi au Jour du Souvenir d’agir comme pont entre des expériences humaines partagées, influençant profondément l’identité canadienne.

Cette journée de commémoration permet à nous, Canadien.ne.s, de nourrir une reconnaissance envers les contributions faites lors de la guerre et de renforcer les liens communautaires. C’est dans cet esprit d’unisson que nous voyons apparaître des monuments comme La Croix du Sacrifice, créée par George W. Hill en 1919, qui sert de symbole pour commémorer nos soldats décédés au combat. Elle est présente dans de nombreux sites de mémoire au Canada, dont ici à Ottawa.

Plus récemment, en 2022, des initiatives locales ont permis à Toronto de hisser au parc Coronation un drapeau canadien ayant flotté à la crête de Vimy en 2020. Ces actions témoignent encore de l’engagement continu de notre pays à honorer ses anciens combattants et à rappeler l’importance du Jour du Souvenir dans notre culture.

Le Jour du Souvenir subsiste dans notre inconscient, et pas que le 11 novembre. Son symbolisme enflamme des artistes à travers le pays et sert à transmettre des valeurs culturelles jour après jour, nous rappelant au quotidien des sacrifices faits pour notre protection.

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