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Éditorial

Une journée aux origines revendicatrices

Rédaction
12 mars 2018


Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

La Journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars, est depuis plus d’un siècle un moment pour célébrer et revendiquer. Les enjeux en cause restent, de leur nature, liés aux revendications ayant formellement mis sur pied le mouvement.

C’est une journée qui a résonné fort cette année. Les vagues de dénonciation qui ont déferlé cette dernière année ont remis en avant-plan l’objectif même de cette Journée internationale des femmes, de « [reconnaître les femmes] pour leurs réalisations [et] de faire le point sur les luttes et les réalisations passées » comme l’indique l’Organisation des Nations-Unies (ONU).

C’est la journée du 19 mars 1911 que l’on a défini comme étant la date de la première célébration de cette Journée où, dans quelques États européens, des manifestations avaient été organisées pour mettre en avant-plan les luttes pour le droit au travail, à la formation professionnelle et contre les discriminations en milieu de travail, entre autres.

L’association avec le mouvement ouvrier était alors évidente et les deux mouvements se supportaient mutuellement. L’un des exemples les plus marquants reste celui de la Révolution russe où, en 1917, une grève des femmes a été capitale dans l’abdication du tsar.

Le mouvement s’est alors graduellement instauré à travers le monde et en 1975, l’ONU a officialisé le 8 mars comme étant la Journée internationale des femmes. Aujourd’hui, cet événement d’envergure mondial a permis d’unir des causes et se voit être une figure plus que symbolique dans la réalité sociale, politique et économique.

29 États, dont la Russie et la majorité des États de l’ancienne URSS, ont fait du 8 mars un jour férié. Des budgets qualifiés de féministes, comme celui que vient de présenter le gouvernement Trudeau, sont mis de l’avant.

« Quand les femmes réussissent, chacun de nous réussit ». Cette citation présentée dès la 11e page du budget fédéral de 2018 sert d’introduction à des résolutions visant par exemple à prendre des mesures égalitaires et à combattre de front le harcèlement en milieu de travail et la violence fondée sur le sexe. Le thème de la Journée de cette année chez Condition féminine Canada – #MonFéminisme – fait écho au rôle des médias sociaux, mais soulève aussi une référence au phénomène personnel qu’est le féminisme.

C’est donc dans cet angle que s’alignent certaines des critiques soulevées à l’égard de ce que serait devenue, pour certains et certaines, la Journée internationale des femmes. La journaliste Fiona Schmidt a qualifié le 8 mars d’une « parodie d’empowerment » car d’après elle, au lieu de « mettre en lumière les inégalités et l’activisme en milieu rural » comme le planifie le thème fixé par l’ONU, cet objectif « est déjà oblitéré par l’opportunisme des géants de la distribution ».

Le militant féministe Naëm Nestandji a pour sa part partagé sa frustration vis-à-vis son opinion que cet événement serait devenu une fête où l’on ignore l’objectif même du 8 mars dû à l’angle du marketing lié à cette date.

Ces deux positions ne font certes pas l’unanimité, mais soulèvent ensuite la rhétorique de l’ouverture au dialogue et de la discussion. Sans nécessairement être d’avis avec des opinions comme celles de Schimdt ou de Nestandji, leur fondement argumentatif reste majoritairement similaire, soit que le 8 mars – ses objectifs et son histoire – doit être une journée d’actions revendicatrices. Ensuite, bien entendu, la manière de le faire varie en fonction de chaque personne et cela est normal et même souhaité par plusieurs.

Il n’en reste pas moins que cet objectif revendicateur, dont l’origine remonte au contexte des mouvements ouvriers du XXe siècle, est particulièrement pertinent dans la dynamique sociale actuelle. Les inégalités entre femmes et hommes dans les milieux de travail rejoignent les fondements mêmes des luttes initiatrices du mouvement en question.

Sans être nécessairement les mêmes, les inégalités ont perduré au travers du dernier siècle et se retrouvent en 2018 dans un contexte où le mouvement s’est étendu vers des sphères dépassant la société civile.

Le thème de l’ONU cette année était « L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes » et s’inscrit dans une optique d’intersectionnalité et d’activisme dynamique. L’an dernier, la thématique « Les femmes dans un monde du travail en évolution : pour un monde 50-50 en 2030 » avait misé sur une approche beaucoup plus militante lorsqu’une cinquantaine de pays ont lancé une grève internationale des femmes.

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