
La FCFA : une voix qui rassemble depuis un demi-siècle
Crédit visuel : Jurgen Hoth – Photojournaliste, Élodie Ah-Wong – Directrice artistique
Article rédigé par Sandra Uhlrich — Journaliste
Le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) se positionne comme un véritable gardien des savoirs franco-canadiens. Depuis sa création, ce centre permet aux voix francophones canadiennes de continuer à « se raconter ». Cette année, il met à l’honneur la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), un acteur important dans les revendications politiques des Franco-Canadien.ne.s.
La FCFA mise de l’avant : au cœur des luttes politiques des francophones
À l’occasion du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, le jeudi 25 septembre, le CRCCF a lancé sa programmation annuelle. Il a également inauguré sa toute nouvelle exposition : La Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada : une voix qui rassemble depuis 1975 . Une table ronde sur « La mobilisation politique en contexte franco-canadien » a réuni quatre ancien.ne.s membres de la FCFA pour retracer les moments clés et le rôle fédérateur de l’organisme depuis 50 ans. S’intéresser à la FCFA, c’est en apprendre beaucoup sur la mobilisation politique des communautés franco-canadiennes du XXe siècle à aujourd’hui.
Michel Bock, historien et directeur du CRCCF, explique : « La FCFA avait pour mission d’essayer de trouver un terrain commun et de favoriser la mobilisation politique de toutes ces communautés, malgré leur divergence, et de créer un projet politique commun ». D’où l’envie du CRCCF de souligner les 50 ans de l’organisme en lui consacrant une exposition ouverte au public. Alain Dupuis, directeur général de la FCFA, a salué l’importance du CRCCF et des historien.ne.s dans la préservation de la mémoire francophone.
Le CRCCF: un mandat triple
Créé en 1958, le centre est à la fois un centre d’archives, de recherche et de publications. Sa mission, selon Bock, est « de faire connaître les réalités de chacune des communautés [franco-canadiennes] et de chacune des composantes de ces communautés.»
Situé au sous-sol de la Bibliothèque Morisset, le CRCCF publie chaque année trois revues et deux collections, et possède plus de 600 fonds d’archives. Bock ajoute que « si l’on prenait toutes nos archives et qu’on les alignait, on se rendrait au moins jusqu’à l’Université Carleton ». C’est également un centre interdisciplinaire, regroupant tant d’historien.ne.s que de sociologues ou de géographes.
Chaque année, deux bourses à la maîtrise et au doctorat sont remises par le centre pour soutenir les recherches portant sur les études franco-canadiennes et franco-nord-américaines.
À l’occasion de l’événement, les lauréat.e.s de l’année 2025 ont été annoncé.e.s : les bourses ont ainsi été accordées à Emma Desjardins (maîtrise) et à Alexis Lacasse (doctorat).
Le CRCCF se trouve ainsi à la croisée du monde universitaire et du secteur de la défense des intérêts communautaires francophones. Son objectif, comme le précise Bock, est de servir de catalyseur pour favoriser la rencontre et le dialogue entre les différents acteurs du tissu franco-canadien, au Québec comme hors de la province, afin d’assurer une reconnaissance équitable et globale des diverses francophonies canadiennes.
Se raconter pour continuer à avancer
Dupuis observe qu’« […] en général, on connaît très peu notre histoire comme Canadien.ne.s, et même en ayant fréquenté une école franco-ontarienne, on apprend très peu l’histoire de la francophonie, même dans nos écoles de langue française pour lesquelles on s’est battu.e.s». Bock, qui est également professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa (U d’O.), souligne que les étudiant.e.s ne connaissent pas très bien la FCFA, malgré son rôle central dans la francophonie canadienne.
En ce sens, l’actuel directeur général de la FCFA mentionne l’importance de créer davantage de liens entre la nouvelle génération et les générations précédentes, afin de permettre à ces dernières de raconter leur histoire et les combats qu’elles ont menés. Il ajoute qu’il est « important de garder cette flamme et cet engagement citoyen ».
Comme il l’a rappelé, à plusieurs reprises, lors de ce panel du 25 septembre, l’affirmation des droits politiques et sociaux des communautés francophones ainsi que leur droit d’exister comme collectivité doivent encore être consolidés. Poursuivant, Dupuis ajoute : « On ne peut rien prendre pour acquis, parce qu’en francophonie, lorsque l’on n’avance pas, on recule.»
Dans cette optique, Bock invite la communauté de l’U d’O., et tous les étudiant.e.s francophones, à venir découvrir le CRCCF et la riche histoire des francophonies canadiennes.