CHRONIQUE
Katherine Sullivan | Journaliste
L’U d’O recèle de départements méconnus et parfois incompris. J’aimerais me pencher sur le groupe d’étudiants que je côtoie quotidiennement et avec qui je partage les joies et les tristesses du Département de musique. Comme toute chose méconnue, celui-ci attire les préjugés, ainsi que les questions franchement bizarres, mais souvent assez amusantes.
Étant violoniste et altiste, je ne peux plus compter le nombre de fois où j’ai été abordée sur la rue Rideau avec une question telle que « C’est-tu une mitraillette, là-dedans? ». Eh bien, pas vraiment. À la suite de discussions avec mes compères, il était clair qu’ils sont dans le même bateau. Par exemple : « La guitare classique, c’est avec un pic, hein? » Seulement si tu considères des ongles comme étant un pic.
Et puis l’inévitable question de vie : « Qu’est-ce que tu peux faire avec un bac en musique? » Eh bien, si ça tourne vraiment mal, je peux me réchauffer en le brûlant, mon diplôme. Et puis, au sujet du déroulement du bac en tant que tel : « À l’école, tu joues toute la journée? » Eh bien, les musiciens pratiquent et puis vont à des cours théoriques, eux aussi. En fait, c’est la différence entre jouer une partie de basket entre potes et pratiquer le même lancer au panier pendant huit heures.
Lorsque je parle de mon instrument, on me pose souvent des questions telles que « Aaah, c’est l’instrument avec le bâton? » ou « Peux-tu me jouer le canon de Pachelbel? » J’aimerais ici préciser qu’un canon requiert au moins deux musiciens.
Parlant de Pachelbel, il paraît qu’une pianiste jasant avec une vendeuse dans une boutique de musique classique aurait mentionné ce fameux canon. La vendeuse lui aurait répondu : « Le canon de Pachelbel, c’est écrit par Bach? » Harry Potter, c’est écrit par Tolkien?
Après tout concert, il y a toujours un spectateur ébloui qui mentionne son cousin ou sa tante qui joue un peu de piano, qu’on doit bien connaître, non? Autant qu’on connaîtrait l’ami d’un ami d’Abitibi qui joue de la scie.
Enfin, les « non-musiciens », on vous aime bien. Ne vous inquiétez pas, j’ai dit pire lors de ma dernière discussion avec des programmeurs informatiques : « C++, comme dans la tonalité de do majeur? »