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Arts et culture

«La procession»: retour à la source de soi

Culture
25 septembre 2019

Crédit visuel: Izabel Barsive, Ottawa

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe du pupitre Arts & Culture 

Le 21 septembre dernier, en fin d’après-midi, dans le cadre du festival Ciné-Danse à Ottawa, l’artiste Nacera Belaza présentait « La procession ».  Au rythme des chants de treize étudiant.e.s en théâtre de l’Université d’Ottawa (U d’O), les spectateurs se sont déplacés de la pointe Nepean au LabO de la Galerie d’art d’Ottawa (GAO).

C’était un parcours déambulatoire cérémonial de danse où l’artiste algérienne a construit un itinéraire qui s’adapte au lieu dans lequel la danse prend vie. 

Les élèves ont d’abord dansé en coeur derrière le Musée des beaux-arts puis chanté à l’unisson « lord remember me, if these chains are broken set my body free ». Ceux-ci, mentionne la chorégraphe, agissaient comme « médiateurs avec le public ».

Le public les a ensuite suivis jusqu’à la statue « Maman » de Louise Bourgeois, où Nacera et sa soeur Dalila ont dansé deux solos. Le premier, interprété par l’artiste Dalila, mettait en scène un seul mouvement répété sur une musique arabe acapella. Le deuxième, par l’artiste Nacera, représentait un corps tentant de se libérer sur un chant d’opéra puis une bande sonore de R&B.

Les étudiant.e.s interprètes ont ensuite emmené le public jusqu’au LabO pour conclure la représentation par une danse accompagnée de tambours. De par son aspect déambulatoire, l’oeuvre cherchait ainsi à « sortir le public de sa posture passive ». 

L’art pour guérir 

« La procession » rejoignait la thématique centrale du festival: la danse pour « guérir les blessures ».

La programmation mettait de l’avant la guérison d’un acteur, atteint de paralysie cérébrale, par la danse dans le documentaire de la chorégraphe Tamar Rogoff; « Enter the Faun ».

Les thématiques de l’art en prison ainsi que de la danse comme moyen guérisseur des troubles de santé mentale furent aussi exploitées dans différents événements. 

Son organisateur principal, Sylvain Bleau, raconte qu’aujourd’hui les sciences ont besoin des arts. Selon lui, cette médicalisation exacerbée de notre santé nous éloigne de notre bien-être fondamental. Les arts comme la danse peuvent contribuer à revenir à l’essentiel, à une paix intérieure et à une expérience commune et partagée. 

Son festival cherchait ainsi à présenter des oeuvres de l’étranger qui posaient un regard politique et questionnaient ces enjeux-là. L’artiste Nacera Belaza entrait dans cette corde, « cette artiste-là m’a provoqué lorsque je l’ai vu la première fois […], dans un bon sens, j’ai dû me laisser porter par les sensations que j’avais plus que par la réflexion » exprime-t-il. 

Un vide à explorer

La chorégraphe cherchait à offrir l’expérience du vide. Selon elle, ce vide apporte à imaginer les possibles, à se réinventer: « [c’est] la page blanche, dans lequel tout se construit, tout résonne ». 

En épurant ces créations au maximum, elle tentait de revenir à l’essentiel. L’oeuvre implique directement le corps des spectateurs et incite à retrouver le vide intérieur, un sentiment d’apaisement, mais aussi de contact avec l’autre.

Nacera Belaza a admis avoir adoré son expérience avec les étudiants; « j’étais très heureuse de travailler avec eux, je les ai trouvé très impliqué.e.s », exprime-t-elle. Les étudiant.e.s du Département furent essentiel.le.s à la réalisation de cet objectif, ils agissaient comme corps intermédiaires entre les artistes, indique-t-elle. 

Autrefois présenté à Paris, à Marseille puis en plein coeur de Tunis en Tunisie, le prochain lieu ou s’immiscera « La procession » sera à New York, au printemps 2020. 

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