
« La rue, la nuit, femmes sans peur » : lutte contre la violence genrée
Crédit visuel : Élodie Ah-Wong– Directrice artistique
Article rédigé par Michelet Joseph — Chef du pupitre Actualités
La marche « La rue, la nuit, femmes sans peur » a rassemblé des centaines de personnes sur la Colline du Parlement pour dénoncer l’épidémie de violence fondée sur le genre au Canada. Alors que des mobilisations similaires avaient lieu partout au pays, plusieurs organismes ontariens ont choisi d’unir leur voix pour exiger une réponse fédérale immédiate et un meilleur financement des services destinés aux survivant.e.s en cette soirée du jeudi 18 septembre 2025.
Dans une atmosphère de colère et d’indignation, plusieurs organismes, survivant.e.s et militant.e.s contre la violence basée sur le genre se sont mobilisé.e.s au centre-ville d’Ottawa et de Gatineau dans le cadre de la marche « La rue, la nuit, femmes sans peur », le jeudi 18 septembre 2025, pour dénoncer les agressions à caractère sexuel et les violences basées sur le genre. Deux groupes, dont l’un au départ du parc Minto, côté Ottawa, et l’autre du Pont Alexandra, côté Gatineau, se sont joints à l’angle des rues Sussex et York pour se diriger vers la Colline du Parlement canadien.
Le Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractères Sexuels (CALACS) rapporte que 4,7 millions de femmes canadiennes ont subi des agressions sexuelles à ce jour. Les survivant.e.s issues des communautés autochtones, 2ELGBTQIA+, noires et en situation de handicap sont ciblé.e.s à des taux deux à trois fois plus élevés. Malgré ce tableau sombre, le gouvernement fédéral envisage de réduire le budget du ministère des Femmes et Égalité des genres (FEGC). Cette décision pourrait avoir un impact direct sur les organismes communautaires qui apportent un soutien aux victimes.
D’où le slogan « Reprenons le contrôle du budget », rappelant que les refuges, les lignes d’urgence et les organismes communautaires peinent à répondre à la demande croissante d’aide, dans un contexte de féminicides et de violences conjugales en hausse.
« Il est essentiel que le financement des services fondamentaux auxquels ont recours les femmes et les personnes de genres divers soit maintenu ou augmenté. Il faut prioriser le financement des services juridiques, des organisations dirigées par des survivant.e.s, des organismes desservant les communautés queer, ainsi que des services liés aux droits reproductifs »
- Erin Lee, directrice générale du Lanark County Interval House -
La peur dans les rues d’uOttawa
À Ottawa, la marche s’est tenue à quelques rues du campus de l’Université d’Ottawa. Pour de nombreuses étudiant.e.s, le message résonne fortement. Celles qui suivent des cours du soir, parfois jusqu’à 22 h, témoignent souvent d’un sentiment d’insécurité dans les rues et les transports.
Elita Uch, coordonnatrice du Centre de ressources féministes (CRF) du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), souligne la pertinence de la marche pour la communauté universitaire : « Depuis le début du semestre, nous recevons plusieurs signalements de harcèlement de rue et d’agressions sexuelles. Ces formes de violence ne devraient jamais être considérées comme “normales”. Les étudiant.e.s ont le droit d’être en sécurité, peu importe l’heure ou le lieu. »
Le CRF, qui soutient les étudiant.e.s confronté.e.s à la violence sexiste, a participé à la promotion de la marche et se dit solidaire des organismes communautaires : « Même si nous n’avons pas pu y être physiquement, nous avons encouragé nos bénévoles et nos membres à y participer », précise Uch.
Des initiatives concrètes sur le campus
Le CRF multiplie les efforts pour renforcer la sécurité et le soutien aux étudiant.e.s. Uch explique qu’un programme de Marches sécuritaires, permettant d’être raccompagné.e en toute sécurité après les cours, sera lancé sous peu par le SÉUO. Celui-ci relancera également le Cercle des survivant.e.s pour la guérison communautaire et a créé une équipe de recherche sur la violence antiféministe, chargée de formuler des recommandations politiques pour améliorer la sécurité sur le campus.
« Nous voulons rassurer les étudiant.e.s : s’ils.elles vivent une situation de violence sexiste ou sexuelle, nous sommes là pour les soutenir et les orienter vers des ressources adaptées. Ils.elles sont invités à se rendre à notre bureau situé au UCU 220 ou à m'envoyer (la coordinatrice) un courriel à frc-coord@seuo-uosu.com pour prendre rendez-vous. »
- Elita Uch -
Un appel à la mobilisation collective
Pour Lee, les universités et les jeunes jouent un rôle central dans la lutte contre la violence fondée sur le genre : « Le leadership étudiant est essentiel. Les campus doivent participer activement aux efforts pour bâtir des communautés sécuritaires et égalitaires ».
Alors que les organismes féministes réclament la création d’un commissaire fédéral à la violence fondée sur le genre, le message envoyé depuis les participant.e.s à Ottawa ne laisse aucun doute: la sécurité n’est pas un luxe, mais un droit.
La marche « La rue, la nuit, femmes sans peur » s’est terminée avec des slogans et des bougies allumées en mémoire des femmes et personnes de genre divers victimes de violence.
« Nous devons continuer à marcher ensemble, à nommer les injustices et à exiger des changements concrets », conclut Lee.