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Arts et culture

La Sainte-Connerie

Web-Rotonde
19 mars 2012

Chronique – Turlupinades

Catherine Dib | Chef de pupitre
@CatherineDib

On est dimanche matin. La Saint-Patrick a fait son travail, les rues sont parsemées de vomi et les diners fourmillent d’étudiants abîmés qui se ressourcent en gras trans après une crise de foie. Hier, c’était toutefois d’un tout autre gabarit, le mot d’ordre étant au grabuge. On s’orne de vert de la tête aux pieds, incluant le visage, à cause de la haute consommation d’alcool.

L’importance de boire en l’honneur d’une légende dont le symbolisme national ne nous concerne pas m’échappe complètement.

Je ressens toujours un certain malaise face aux festivités de la Saint-Patrick. Réappropriation culturelle, quand tu nous tiens. Il me semble que ce qui est célébré est le bâtard de la gaieté irlandaise et de la culture américanisée du party à la college life. Non seulement à la Saint-Patrick, mais à toute forme de plaisir pouvant contribuer à notre épanouissement social. Ce culte de la fête sauvage à coup d’abus et de regrets. « La vraie vie », quoi. Celle qui est chantée dans les tounes pop à coup de « shots, shots, shots », le bazar à moments Kodak faits sur mesure.

On dirait qu’on réprime cette énergie violente depuis septembre. C’est bien connu, les hivers ottaviens sont glaciaux et nous jettent dans un état de torpeur. Soudain, température douce, eau-de-vie à rabais, tout est là pour réveiller les pulsions de la bête en cage qu’est l’étudiant afin qu’il vide son sac de mal de vivre sur le comptoir du Royal Oak. Qu’il saccage toute la Côte-de-Sable.

Bien des incongruités se présentent sur notre joli campus. Alors que toute manifestation politique ou engagée résonne marginalement sur le campus, c’est la parousie pour l’affluence de bières et de cris gutturaux. Si on savait canaliser toute l’énergie qu’on met à réaliser la petite histoire de notre ego dans une action prise vers la plus grande fresque de l’Histoire, on pourrait faire d’une pierre deux coups.

C’est inquiétant quand la bière colorée provoque les passions davantage que les questions sociopolitiques sur le campus. Pathétique conduite où les états d’âme de notre jeunesse qui se consume priment sur la responsabilité collective.

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