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Arts et culture

L’art comme ode à la nature

Charlie Correia
25 octobre 2024

Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe

Article rédigé par Charlie Correia — Journaliste et Noémie Burrs — Bénévole

C’est au troisième étage du Musée Canadien de la Nature que se tient du 11 octobre 2024 au 8 septembre 2025 l’exposition « L’art du réensauvagement », qui expose les œuvres de 13 artistes venant de partout au Canada. Suite au concours « Retour à la nature », lancé par la Fondation David Suzuki, les 13 lauréat.e.s, choisi.e.s par un jury d’artistes de renom du Canada, sont exposé.e.s au troisième étage du musée.

Jode Roberts de la Fondation David Suzuki informe que le nombre d’applications reçues pour le concours a été de 550 : le jury, composé de cinq artistes, a dû passer au travers de chaque application afin de sélectionner cinq lauréat.e.s. Finalement, 13 artistes ont été sélectionnés, continue-t-il. « Puisque c’est la première fois qu’on lance ce prix, nous ne nous sommes pas limités à une forme d’art précise, il y avait des sculptures, des poèmes, de l’art numérique, des peintures, etc. », explique Roberts.

Isabelle Corriveau, directrice contenu et stratégie numérique, soutient qu’en plus d’être une exposition sur un sujet important, l’empreinte écologique de l’exposition est presque inexistante. Elle affirme en effet que des initiatives ont été prises pour faire en sorte que l’exposition soit la plus écologique possible. Les plaques de présentations des artistes ont été imprimées sur du carton, les vitres protectrices ont été réutilisées, les toiles ont été empilées dans un même camion pour éviter d’avoir trop de poids lourds sur les routes, les murs de la pièce où l’exposition prend lieu n’ont pas été repeints et les projecteurs dans la pièce n’ont pas été remplacés.

Des activités pour la planète

Des activités vont également être proposées pour les visiteur.se.s du musée. Du 17 octobre au 8 décembre, l’atelier « Fabriquer des capsules d’espoir » aura lieu les jeudis soirs et les fins de semaine. L’inspiration pour cette activité provient du tableau de l’artiste Angela Marsh, fait de papier bulle recyclé et de morceaux de la nature qui ont été insérés à l’intérieur des bulles. Les capsules d’espoir permettent à chaque individu de conserver près de lui différents morceaux de nature. Immortaliser ces fragments naturels, comme des mauvaises herbes ou des roches, au sein de papier bulle, permet de redécouvrir cette nature qui est indissociable de notre environnement urbain.

L’artiste Hashveenah Manoharan, étudiante à l’Université de Toronto en maîtrise en études de conservation des forêts, explique que son art s’inspire de sa vie professionnelle. Son carnet, qui est exposé au musée, en est la preuve. Elle s’est mise à faire de l’art après qu’elle ait réalisé qu’elle ne faisait qu’analyser la faune et la flore et qu’elle ne faisait pas attention à certains détails. Elle voulait que son travail ait du sens et cherchait également à parler de l’identité ethnique avec son travail.

Point de vue des artistes

La proximité de l’être humain avec la nature est un thème important dans l’exposition. À travers son œuvre, l’artiste torontois Cole Swanson montre par exemple que la nature, souvent présentée comme opposée au monde humain, n’est pas si éloignée et étrangère que ce qu’on croit. L’œuvre qu’il présente a pris 13 ans de sa vie à faire : en effet, il y présente des insectes qu’il a trouvés dans son quotidien et qui ont inspiré son œuvre. Avec les bibittes qu’il a conservées, il met en scène une constellation d’insectes enveloppés de feuilles d’or de 24 carats. La disparition de certaines espèces l’inquiète : avec son œuvre, il espère mettre en lumière le monde des bestioles et l’importance qu’elles ont sur l’écosystème. « Lorsqu’on a un sentiment d’émerveillement, on est plus enclins à vouloir protéger », affirme Swanson. Il croit également que l’or crée ce sentiment d’émerveillement : « Tu mets de l’or sur quelque chose, ce n’est plus laid », résume-t-il. 

Cette exposition permet également de réfléchir sur le rôle des musées comme intermédiaire entre l’humain et la nature. Les musées étaient originellement un endroit pour exposer des spécimens sans défauts, figés dans le temps et isolés de leur environnement naturel. Cependant, le Musée canadien de la nature commence à changer ce statu quo. Plusieurs de ces expositions présentent la nature comme étant intrinsèquement liée à ses conditions d’existence : les insectes imparfaits de Swanson et les bibittes vivantes au sous-sol du musée le démontrent.

Le terme du « réensauvagement » est également mentionné à plusieurs reprises lors de l’exposition. Il renvoie à la restauration des environnements naturels afin de les aider à redevenir autonomes. C’est ce que veut transmettre l’exposition et la fondation Suzuki. « On veut faire un Canada plus durable,»  dit Jode Roberts. Il espère que l’exposition pourra marquer l’esprit des générations qui viennent la visiter pour qu’ensuite ces personnes puissent prendre des initiatives pour conserver la planète.

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