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Arts et culture

L’art commémoratif, un moyen d’agir

Rédaction
11 juin 2021

Crédit visuel : Emmanuelle Gingras – Journaliste

Chronique rédigée par Emmanuelle Gingras – Journaliste

Des centaines de souliers d’enfants, des jouets et des mots trônent sur la cour gouvernementale. Des chants de guérisons se mêlent aux voitures qui déferlent le long de la rue Rideau. Une parenthèse est formée; entre les deux allées de gazon fraîchement coupé, qui semble immortel, se trouve un deuil qui ne se réglera pas en sept étapes.

C’est Vanessa Bell qui a amorcé le concept d’installation, qui a été repris à travers le Canada. La militante a décidé d’orner les escaliers dans l’entrée de la Galerie d’Art de Vancouver de petits souliers vides. Ceux-ci représentent ces 215 enfants dont on ne connaît pas encore l’identité. Des fouilles en vigueur ont été annoncées sur quelques un des 139 pensionnats qui ont existé au Canada. 

Agir ? 

Veldon Coburn pense que d’autres corps seront retrouvés. L’enseignant à l’Université d’Ottawa et Anishinaabe de la Nation Pikwàkanagàn en science politique et expert en études autochtones affirme qu’il est « horrifié » par cette annonce. Pour Coburn, il s’agit d’une atrocité qui n’aura nul autre choix que d’élargir la conscience sociale des Canadien.ne.s. Toutefois, ce dernier ne croit pas que les politicien.ne.s aient le désir de faire un changement significatif. Coburn mentionne que « le gouvernement du Canada n’a presque rien fait avec la Commission de vérité et de réconciliation […] ». 

Rosanne Casimir, chef de Tk’emlups te Secwépem en Colombie-Britannique, a aussi fait mention de ce point à Radio Canada le 4 juin. Ottawa aurait annoncé mercredi passé une subvention de 27 millions de dollars en soutien aux communautés autochtones souhaitant effectuer des recherches sur des sites concernés. Mais cette enveloppe ne serait pas nouvelle, d’après Casimir; ce montant n’aurait simplement jamais été dépensé avant. Cette dernière soulignait aussi que les Oblats de Marie Immaculée, administrant autrefois le pensionnat de Kamloops, n’auraient jamais donné accès à des archives du pensionnat. 

L’enseignant Coburn croit que le Gouvernement du Canada devrait être plus à l’écoute des besoins des Premières Nations. Ce dernier ne croit pas en forcer les gens en salle de classe, mais pense qu’une autre réforme dans le système d’éducation au secondaire ou au primaire pourrait être constructive afin de réellement sensibiliser et instruire les Ontarien.ne.s par rapport à des réalités qu’on a tenté d’enterrer. 

S’exprimer et s’éduquer…

Entre la distance qui s’est creusée à travers les années entre colonisateur.rice.s et colonisé.e.s et un gouvernement qui s’efforce d’exprimer son désarroi sans pourtant agir de façon constructive, d’après les victimes, que reste-t-il? 

L’art, entre autres, d’après Coburn. « L’un des moyens d’éduquer les gens par rapport à notre réalité est l’art. Il s’agit d’un bon moyen de transmettre la richesse de notre culture tout en permettant des représentations constructives de nos communautés, ce qui peut efficacement instruire le public. » 

C’est ce qu’on a pu remarquer dans les dernières semaines, si l’on pense aux souliers d’enfants qui décorent les espaces publics et les sculptures d’oppresseur.e.s vandalisées, voire réinterprétées, comme celle de l’Université Ryerson. Des sculptures commémoratives sont remplacées par d’autres. Le même phénomène a aussi lors du déferlant mouvement #Blacklivesmatter, l’été dernier. 

À travers l’histoire, l’art et les installations commémoratives ont permis d’honorer des figures historiques « importantes », mais aussi de se rappeler d’événements marquants, tant positifs que traumatisants. Les victimes semblent peu à peu s’emparer de l’espace public, financé majoritairement par le Gouvernement, pour enfin décider qui ils souhaitent réellement honorer. 

…À travers l’art

Alors que les scènes et les musées demeurent fermés en Ontario, et qu’ils ont été considérés comme services non essentiels dans la dernière année et demie, l’espace public semble être l’une des dernières options, dans le monde réel, pour s’exprimer, interpréter le monde et partager. Et cette expression est faite, peut-être malgré elle, par l’art. « Notre histoire est notre médecine », tels sont les mots utilisés pour promouvoir le programme de Théâtre Autochtone du Centre National des Arts, ouvert l’année dernière. 

Les enjeux politiques que connaissent plusieurs personnes à travers le Canada, actuellement, ne peuvent plus simplement être exprimés virtuellement. C’est un contact politique et artistique, dans la vraie vie, dont semblent avoir besoin les gens. 

Entre un gouvernement et un pape qui n’agissent que par des mots, un programme d’étude autochtone coupé à l’Université Laurentienne, les génocides cachés et des plateformes d’expression considérées comme non essentielles, il reste le vandalisme. En fait, s’agit-il de vandalisme? Peut-être s’agit-il plutôt d’une plateforme pour éduquer.

Ressources à l’Université d’Ottawa

A7G (Assembly of 7 Generations) 

courriel: admin@a7g.ca 

instagram: @a7g_official 

Mashkawazìwogamig Resource Centre 

courriel: vmarchan@uottawa.ca 

instagram: @uottawaindigenous 

Centre D’expérience Des Étudiant.e.s Racisé.e.s Et Autochtones (EÉRA RISE) Rise-coord@seuo-uosu.com 

613-783-1380 poste 221 

Project Nibi 

courriel: nibi@enactusuottawa.ca 

instagram: @projectnibi 

Ottawa Aboriginal Coalition 

courriel: info@ottawaaboriginalcoalition.ca 

instagram: @ott_abcoalition 

Indigenous Law Student Government Ottawa 

courriel: ilsa.uofo@gmail.com 

instagram: @ottawalawindigenous

 

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