CHRONIQUE – Turlupinades

Catherine Dib | Chef de pupitre
@catherinedib

Il n’y a pas si longtemps, une copine écrivaine à moi, a décidé de lâcher ses études en raisonnant que cet apprentissage polluait sa plume. Sa belle plume intouchée et pure qui carbure aux œuvres dont elle a choisi de se nourrir. Depuis, tout ce qu’elle crache tombe à plat, se creuse dans la même mièvrerie confessionnelle retournée sur soi-même. Un soi reclus, se commentant à satiété, fermé à ce monde trop « sale » pour lui. Elle s’isole, comme l’art à tendance à le faire quotidiennement.

On dit que les arts n’ont plus leur place dans les médias, qu’on les délaisse pour le divertissement de pacotille. Je suis plus que d’accord : on s’abrutit collectivement au rythme du Prime Time à la télé.

Mais parfois, je réprime une lourde envie de donner un coup de pied bien mérité à ces artistes. Chère élite artistique, cessez un peu le discours moralisateur de cabotin et agissez. Venez vous mêler à nous, polluez un peu votre force créatrice, buvez une bière en cannette avec nous, « descendez » à notre triste niveau de peuple, bougre de diable. « Autour de moi, des intellectuels fument le narguilé.

Ils rêvent encore de changer le monde, mais le monde a changé sans eux »,

Oui, le monde über-marketé d’aujourd’hui est inquiétant, mais s’en retirer ne fera que prouver l’inutilité de ce grand art que vous défendez à corps perdu.

Je ne dis point cela par provoc’ boutade, mais par ce mépris, vous contribuez à l’accès inégalitaire et restreint aux arts et à la culture que vous déplorez. Vos multiples monologues aliénés ne font qu’exposer votre subjectivité, et non votre compréhension.

Salir, polluer, souiller. Moi, j’appelle ça créer. Maganez-vous! C’est de l’art, ce mélange constant des êtres, un partage de ce qu’on cache au fond de soi-même, un hymne cacophonique à la dignité humaine et au malaise du mal-être.

Parlant de souillure, l’Observatoire des nouvelles pratiques symbolique s’est évertué, il y a deux semaines de cela, à faire du grabuge au Bal de neige, dénonçant le caractère de propagande militaire que l’évènement prenait sous les commandes de la CCN. À cela, je ne peux qu’applaudir.

Merci de vous salir, que ce soit avec des cartouches de faux sang ou le dégueulis monarchique, de tenter de dépasser les cadres préétablis des champs d’action afin de susciter un dialogue par la parole, mais aussi l’action.