Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Le cœur en morceau

Web-Rotonde
19 mars 2012

Théâtre

Catherine Dib | Chef de pupitre
@CatherineDib

Donner vie à la solitude relève d’un défi. Marcel Pomerlo, auteur, metteur en scène et interprète, a su le relever avec brio pour Gaëtan (Pièce à rassembler à la maison), présentée au Centre national des Arts du 14 au 17 mars. À travers son portrait touchant de Gaëtan, on ressent l’absence de l’Autre dans ses paroles, dans ses simagrées, dans ses pas de danse impromptus.

L’art en dépit des malgré

Un homme sifflotant nous est présenté, attifé de son imper et de sa joie de vivre. C’est Gaëtan. Ce dernier ne perd pas de temps pour nous confronter à la mort de sœur Rivette ainsi qu’au récit de sa vie. Nous apprenons donc l’histoire de Gaëtan Desrosiers-Blanc, abandonné par sa mère à la naissance et retrouvant un sens à sa vie lors de la découverte du portrait de la comédienne Jeanne Samary, de Renoir. Il devient donc gardien de nuit au Musée national, veillant sur les oubliés de l’Art comme l’Art veille sur celui dont les parents biologiques l’ont oublié. La pièce présente des bribes de la vie de cet homme au cœur pur, mangeant seul chez lui ou encore pulsant au rythme de Chet Baker.

Douce-amère
La première partie de la pièce était plus axée sur la narration, générant quelques longueurs. Le texte tente parfois en vain d’attendrir le public et ce n’est qu’une fois que l’art réclame sa place dans la vie du gardien que la totalité de l’œuvre prend son sens. Le comédien enchante sur scène avec son enthousiasme, donnant vie à son personnage grâce à la rigueur de ses gestes et au rythme de son monologue. Les symboles qui parsèment constamment le récit sont parfois superflus, mais ancrent néanmoins le public dans l’univers coloré et pourtant mélancolique de ce conte autofictif.

Pour quelques larmes
Si, à certains moments, on se sentait plongé dans un roman pour ado de la Courte Échelle, le metteur en scène savait tout de même pianoter avec doigté sur les cordes sensibles du public. « Je ne m’y connais pas en théâtre, mais votre pièce a beaucoup vibré en moi », a commenté une femme du public durant la discussion qui a suivi le spectacle. Les derniers instants de l’œuvre sont particulièrement restés gravés dans l’esprit, où Gaëtan se lance dans un éloge de l’œuvre d’un artiste : un commentaire à la fois candide, mais brulant de vérité. Et pouvant sonner un peu ringard pour les plus cyniques.

Une grande part de l’œuvre réside dans les non-dits : les regards quelquefois naïfs, mais toujours bienveillants de Gaëtan, ainsi que les toiles du peintre Marc Tremblay, qui traversent la pièce. Ce sont ces morceaux de la vie de Gaëtan qu’il faudra emporter avec soi afin de rassembler le tout plus tard.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire