Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Critique rédigée par Charlie Correia — Journaliste
Le Cyclone de Noël, un film québécois mettant en vedette Christine Beaulieu, Véronique Cloutier, Patrick Hivon et Dominique Paquet, est sorti le 8 novembre dernier dans les cinémas. Je n’avais aucune attente, mais maintenant que je l’ai vu en salle, je suis prête à vous partager mon expérience et ma réflexion sur le film.
Il s’agit du premier film original réalisé par Alain Chicoine et scénarisé par Dominic Anctil et Marie-Élène Grégoire. Inspiré de la série télévisée L’œil du cyclone, le film de Noël met en scène les mêmes personnages à l’aube du temps des Fêtes.
Le film raconte l’histoire d’Isabelle Gagnon (Christine Beaulieu), une mère qui tient à garder sa famille unie à Noël. Son ex-conjoint (Patrick Hivon) lui informe pourtant que sa nouvelle compagne et lui-même vont à New York, et qu’ils emmènent avec eux les enfants. La mère d’Isabelle annonce, quant à elle, que son mari et elle partent en Floride. Alors que la fille aînée part au chalet de son copain, la mère, désespérée, demande l’aide de sa sœur Éliane (Véronique Cloutier) pour manigancer un plan de sabotage visant à les forcer à rester pour le réveillon.
Avec humour, le film réussit à faire ressentir que les coutumes de Noël sont en pleine tempête de changements sociaux. En effet, avec les différentes situations qui varient d’un nid familial à l’autre, il est difficile de perpétuer certaines traditions. J’ai beaucoup aimé le message que le réalisateur tente de transmettre, puisque je partage les mêmes valeurs qu’Isabelle : je trouve importantes la famille et la continuité des mœurs festives. J’ai vu en Isabelle une mère qui remue ciel et terre pour que sa famille passe un Noël typique.
Donne-moi seulement 20$
Le film fait référence à une situation que nous vivons beaucoup ces temps-ci : les échanges de cadeaux. Isabelle y tient de tout son cœur et force les membres de sa famille à participer et, après maintes plaintes, ils et elles cèdent finalement à sa demande.
Alors qu’Isabelle croyait avoir réussi son coup, le copain de sa mère, Michel (Luc Senay), grogne et marmonne une question que plusieurs se posent : « Pourquoi j’te donnerais juste pas 20$, comme ça tu t’achètes c’que tu veux ! », en faisant référence aux nombreux cadeaux jetés après les échanges. Isabelle explique donc que ce n’est pas le cadeau qui compte, mais plutôt la pensée derrière. C’est d’ailleurs une phrase que je répète souvent.
J’ai donc aussi un problème à « donner 20$ » et passer à autre chose, surtout si la personne ayant pigé ton nom a travaillé avec acharnement pour trouver un cadeau. Le but d’un échange de cadeaux est en effet d’essayer de dénicher une chose spéciale, voire de la faire soi-même, afin de rendre heureuse une personne. Lorsque j’entends des gens comme Michel, qui font des commentaires dans le genre, cela vient me chercher dans mes valeurs.
Après tout, dès mon plus jeune âge, ma mère me répétait que, même si je recevais quelque chose qui n’était pas nécessairement à mon goût, je devais sourire et remercier la personne qui m’offrait le cadeau puisque, justement, c’est la pensée qui compte.
Noël transformé
Malheureusement, il semblerait que nous nous tournions vers un Noël aux traditions questionnables. Un Noël où tout ce qui importe sont les biens matériels, et non les moments passés en famille. La société de consommation dans laquelle nous nous trouvons s’est approprié le don des cadeaux : les entreprises ont transformé Noël en opportunité de marketing, et le Black Friday et le Boxing Day nous poussent toujours à dépenser davantage.
Noël n’est plus Noël. Les fondements de cette fête sont presque effacés et subissent des changements rapides. Déjà que j’ai dû m’adapter aux changements climatiques et me faire à l’idée qu’il n’y aura potentiellement pas de neige pour Noël… Le film, de façon exagérée et caricaturale, démontre l’impact de ces métamorphoses sur les traditions familiales.
Portrait de famille
J’ai beaucoup aimé le film, puisque le message se transmet avec humour et vient rejoindre mes valeurs personnelles. J’ai même été en mesure d’associer certains personnages aux membres de ma famille, et le film m’a donc permis de me remémorer plusieurs souvenirs du temps des fêtes.
Le Cyclone de Noël met effectivement de l’avant une dynamique familiale qui peut résonner avec plusieurs foyers et devient ainsi très représentatif de la vraie vie. Le film évoque, entre autres, les nombreux changements de la vie, de la société, de l’environnement, et des thèmes comme le vieillissement, le réchauffement climatique, la séparation et les dynamiques familiales.
Lorsqu’on le regarde, on peut rire à en avoir mal au ventre, mais également avoir les larmes aux yeux. Je pense surtout à la scène dans laquelle l’arrière-grand-mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, se rappelle du nom de son arrière-petite-fille.
Bref, si vous voulez rire aux éclats ou simplement vous déconnecter des tempêtes d’hiver, c’est un film à aller voir. Je le recommande à 100%, et je crois que vous allez sortir du cinéma avec les joues douloureuses.