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L’écoféminisme : entre patriarcat et crise climatique

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20 octobre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

Le terme « écoféminisme », créé en 1974 par la militante féministe française Françoise Eaubonne, désigne un mouvement dynamique, liant les pensées écologiste et féministe, et découlant principalement de divers mouvements subalternes et autochtones. Être écoféministe, c’est croire au lien inextricable entre l’oppression des femmes et la destruction de notre planète. 

Si les politiques capitalistes néolibérales ne contribuent pas au développement humain, elles ne fournissent certainement pas de réponse à nos affaires environnementales non plus ; au contraire, elles les intensifient et les aggravent. Il est important de rappeler que les femmes et les hommes, notamment dans les pays du Sud, vivent très différemment le désastre écologique que nous connaissons. 

En effet, selon un rapport des Nations-Unies publié en 2015, 60 % des personnes qui souffrent de faim au niveau mondial, la pénurie alimentaire et les famines étant un effet majeur de nos défis environnementaux, sont des femmes et filles. 

Vision élargie de l’inégalité 

J’ai entendu parler de l’écoféminisme pour la première fois lors de mon cours d’introduction au féminisme, en première année. J’ai été surprise d’apprendre que les rapports de pouvoir entre hommes et femmes pouvaient être liés à l’appropriation de la nature par l’homme, les femmes et la nature étant ainsi considérées comme inférieures. Depuis lors, ma conception du féminisme et de la justice sociale a changé.

J’entends la principale demande de l’écoféminisme comme étant un élargissement de notre vision de l’inégalité. Le féminisme ne peut pas être seulement un mouvement antisexiste et anti-patriarcal, celui-ci doit lutter contre toutes logiques de domination, pour la vie, au sens large du terme. La vie de nos écosystèmes, de nos territoires, ou de nos animaux, importe grandement. 

Selon cette analyse intersectionnelle, les systèmes d’oppression sont imbriqués les uns dans les autres, idée au coeur de la philosophie écoféministe. Ainsi, pour comprendre le changement climatique, il faut savoir que celui-ci est en grande partie alimenté par des attitudes racistes, colonialistes et même sexistes, qui justifient la mise en danger de notre planète pour plus de profits économiques.  

À mon avis, les systèmes d’oppression, qu’il s’agisse du racisme, du sexisme ou du classisme, fonctionnent tous de façon très simple. Ils restreignent l’accès aux ressources indispensables, les ressources naturelles notamment, à celles et ceux qui détiennent le pouvoir, au détriment des autres. Cela signifie que nous ne pouvons pas résoudre les problèmes sociaux sans tenir compte de l’environnement, et inversement.  

Urgence d’agir 

L’une des représentantes les plus reconnues de l’écoféminisme, Vandana Shiva, a déclaré que « soit nous aurons un avenir où les femmes montreront la voie pour faire la paix avec la Terre, soit nous n’aurons pas d’avenir humain du tout. » Selon elle, la situation actuelle devrait donc nous interpeller. Rareté de l’eau, perte de biodiversité, maladies, déforestation, et sécheresses ne constituent que quelques-uns des problèmes environnementaux auxquels notre population humaine est confrontée, et qui touchent plus particulièrement les plus marginalisé.e.s d’entre nous. 

Depuis les années 70, et même avant cela,  les groupes de femmes des quatre coins du monde s’organisent afin de lutter pacifiquement pour la sauvegarde de l’environnement. À mes yeux, l’activisme écologique et féministe des femmes dans ce domaine doit être reconnu et valorisé, car il est essentiel. Les femmes, en particulier celles du Sud, ont courageusement mené ce combat seules. Mais soyons réalistes, les femmes ne suffiront pas. Il faut que tout le monde, femmes et hommes, se joignent au combat écoféministe. 

Alors, comment devenir plus écoféministe ? En lisant cette chronique, vous êtes déjà mieux informé.e sur le sujet. Vous comprenez ainsi la valeur de cette lutte.

Maintenant vient le temps de l’action. J’admire énormément le travail du Women’s Global Call for Climate Justice, une campagne mondiale organisée par des groupes féministes ; je vous encourage à vous informer davantage sur différentes campagnes, afin peut-être de vous engager.

Il faut tirer la sonnette d’alarme, et ne pas oublier que les solutions à toutes les questions de justice ne peuvent être abordées que collectivement. 

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