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Opinions

L’école de La Rotonde

Marie-Ève Duguay
3 avril 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef

Chronique rédigée par Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Le voici, mon dernier texte de La Rotonde. Vous me pardonnerez mon égocentrisme – cette chronique remplace effectivement l’éditorial hebdomadaire – mais c’est la tradition qui me pousse à écrire ce texte de fin de mandat en tant que rédactrice en chef. Comme mes prédécesseur.se.s l’ont fait, je vous invite à vous joindre à moi, alors que je me remémore mon temps passé au journal.

J’ai rejoint l’équipe de La Rotonde en janvier 2021, en pleine pandémie. Comme nouvelle journaliste dans une équipe déjà formée, je ne me sentais pas du tout à ma place. Fidèle au rythme de La Rotonde, j’ai cependant dû m’adapter rapidement puisque, comme mes collègues pourront le constater, travailler au sein d’un journal étudiant n’est pas de tout repos. 

En effet, 2022-2023 n’a pas été une année facile pour La Rotonde. Entre quelques démissions et un manque de motivation, je suis un peu étonnée que nous ayons finalement réussi à atteindre la fin de cette année. Mais nous voici. 

Mon prédécesseur Mathieu Tovar-Poitras a déjà écrit que La Rotonde est un « joyeux foutoir avec lequel [il a entretenu] une relation semblable au syndrome de Stockholm ». Je ne peux m’empêcher d’acquiescer : j’ai souvent eu le goût d’abandonner le journal, même avant d’avoir commencé (j’ai effectivement refusé tous les postes qu’on m’a offerts, avant de finalement les accepter…). Je me suis pourtant toujours trouvée à revenir malgré moi vers ce « joyeux foutoir ».

Je ne le regrette aucunement.

En un peu plus de deux ans, j’ai donc occupé trois postes différents et signé 14 éditoriaux, 68 articles et chroniques, cinq horoscopes et quelques textes d’opinion. Lors de ces longues soirées à écrire, à placer le journal au-dessus de mes études, à boire du Coke Diet (et de la sangria bleue) au Father & Sons et à pleurer (de bonnes et de mauvaises larmes), j’ai rapidement constaté que travailler pour La Rotonde, ce n’est pas simplement qu’écrire. Et ce n’est pas qu’un simple emploi étudiant comme les autres.

On m’a dit, dans mon entretien d’embauche pour le poste de journaliste, que La Rotonde est une école. Je l’ai souvent répété moi-même aux nombreux.ses employé.e.s qui ont rejoint le journal au fil des mois. Aussi quétaine que cela puisse sonner, cela reste vrai.

À force de participer à des événements, de se présenter à des inconnu.e.s, de sortir des sentiers battus pour trouver des sources et obtenir des entrevues, La Rotonde m’a offert, à moi et à tou.te.s ceux et celles qui sont passé.e.s au 109 Osgoode, des opportunités d’apprentissage qui poussent à grandir professionnellement et personnellement. 

Sans La Rotonde, je serais toujours la fille gênée, anxieuse et terrifiée à l’idée que mes textes soient accessibles au public. Bon, cette fille n’a pas complètement disparu, mais je ne peux tout de même nier le niveau de confiance que j’ai atteint grâce au journal.

Je crois que cette prise de confiance est un phénomène qui touche tou.te.s ceux et celles qui sont passé.e.s par le  journal. Du moins, ceux et celles qui y sont resté.e.s plus que quelques jours. Parce que travailler à La Rotonde, c’est se faire critiquer, c’est se faire ignorer par des sources potentielles (je ne nommerai personne…), c’est devoir crier pour se faire entendre. Il faut avoir la peau dure pour maintenir cette « plume rebelle et revendicatrice ». Voilà la beauté du journalisme étudiant, qui peine pourtant encore aujourd’hui à se faire valoir.

Mais plus que ça, La Rotonde est aussi un tremplin vers l’avenir. Grâce à mes postes de journaliste, de cheffe Arts et culture et de (co-)rédactrice en chef, j’ai eu d’innombrables opportunités professionnelles et j’ai fait plusieurs connexions qui me servent et qui me serviront pour des années encore. Je pense par exemple aux nombreux articles que j’ai écrits sur le milieu du livre : c’est par les entretiens et les personnes que j’ai rencontrées que j’ai pu décrocher mon emploi en édition. Je pense également à mon cher ancien co-rédacteur en chef, Johan, qui a pu décrocher un poste chez Radio-Canada.

Alors que je gradue dans quelques semaines, il est temps pour moi de passer à autre chose et de dire au revoir à ce cher journal étudiant francophone et indépendant de l’Université d’Ottawa. Si je me réjouis à l’idée d’avoir à nouveau mes soirs de semaines et mes weekends libres et de ne plus avoir à côtoyer les souris du bureau, c’est tout de même avec un peu de peine que je remets mes clés. 

Nous avons célébré cette année le 90e anniversaire du journal : je suis contente d’avoir pu prendre part à quelques chapitres de sa longue histoire.



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