CHRONIQUE – Le Réveil

Patrick Weldon | Chef de pupitre
@patweldonLR

Message instantané, café instantané, repas instantané, tweet envoyé, satisfaction instantanée… rapido-express! Yes! Avec le peu de temps que j’ai dans une journée, mieux vaut le maximiser en passant à travers le tout le plus rapidement possible. Quoi? Six évènements sur Facebook ce soir? Certain que j’irai aux six! Eh oui, mesdames et messieurs, nous l’avons atteint. Le vide que nous promet cette société d’instant fix.

Bien que certains croient que ces moyens instantanées nous font gagner du temps et nous rendent plus productifs, j’ose croire que vous n’y croyez pas réellement. Vivre dans ce vulgaire résumé de la vie ne m’inspire guère.

Je vous brancherais bien une petite citation comme « l’important ce n’est pas la destination, mais le voyage, » ou bien « on ne peut pas forcer un arbre à pousser », mais ces petites paroles poétiques se perdraient dans un news feed infernal. Je pourrais essayer de vous convaincre que les vraies choses sont cultivées, nourries avec patience et intimité, mais je verrais sûrement mes paroles condensées pour « fitter » dans un tweet.

J’ai la profonde crainte que les institutions dans lesquelles nous existons nous offrent des expériences vides de valeur et d’apprentissage réel. Plutôt que de nous concentrer sur l’expérience, nous sommes branchés sur l’atteinte de finalités.

Nous vivons et sommes consacrés à un univers où l’on se valorise par rapport au nombre de notifications sur Facebook, un univers où seule la note qu’on reçoit à la fin d’un cours importe, où les statistiques dominent le jeu.

L’important, c’est la finalité, la retraite aisée, le bonheur qu’on atteindra un jour et le semblant d’honneur qu’on s’accorde dans l’artificialité de nos échanges humains.

En nous facilitant la vie, avec toute cette instantanéité, nous nous sommes réduits à être des moutons vides. Certes des moutons avec une voix, mais des moutons quand même. Donc, osez, osez défier la pensée populaire. Certain, on va vous traiter de marginal… mais les gens « marginaux », ce sont eux qui changent le monde. De toute manière, combien de moutons, pensez-vous, ont influencé l’histoire de l’humanité?