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Les priorités de Mark Sutcliffe : des objectifs trop optimistes ?

Jacob Hotte
28 janvier 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste

Mark Sutcliffe est devenu maire d’Ottawa le 15 novembre 2022, suite à sa victoire aux élections municipales du 24 octobre. Souhaitant amener une nouvelle ère de collaboration dans le corps municipal, il présente, en ce début d’année, ses priorités pour l’année 2023. Parmi celles-ci figurent notamment la crise de l’abordabilité et du logement, ainsi que le transport.

Sutcliffe a mis en avant durant sa campagne son rêve d’un Ottawa plus abordable pour ses résident.e.s. Mais si la hausse du taux d’inflation semble ralentir, il demeure tout de même relativement élevé. Le maire a donc décidé de s’y attaquer, principalement par des démarches optimistes, qui comprennent notamment la construction de nouveaux logements, ainsi qu’un gel de taxes.

Difficultés de logement et de transport

Suite à l’adoption du projet de loi 23, Doug Ford responsabilise davantage les municipalités en termes de construction de logement abordable. Afin de participer à l’objectif de construction de 1,5 million de logements en Ontario sur une période de 10 ans, Sutcliffe se donne comme cible la construction de 100000 logements sur une période de 10 ans.

Anne Mévellec, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, remet en question cet objectif. En entrevue avec La Rotonde, elle souligne que «même si on venait à construire 10000 logements par an, la question [serait de savoir] combien de logements abordables ou sociaux [figureraient] dans ce stock.» Sutcliffe, de son côté, en promet 1000, reste à savoir si cela est réalisable, notamment avec la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le pays, poursuit la professeure.

Avec la nouvelle loi 23, le prix des infrastructures (systèmes d’égout, d’eau potable, d’éclairage de rue, etc.) devient une responsabilité des municipalités, ce qui était autrefois une tâche prise en charge par les promoteurs immobiliers. Selon la professeure Mévellec, cela encouragera le domaine de la construction, mais pourrait quand même endetter les municipalités ontariennes les plus fragiles économiquement.

Du côté de l’abordabilité de la ville, le nouveau maire promet de limiter l’augmentation de la taxe foncière à 2,5 % et de ne pas adopter de nouvelles formes de taxes pour les quatre prochaines années. Selon Mévellec, cette décision semble montrer que Sutcliffe accorde une plus grande importance à la question du logement qu’à celles concernant d’autres enjeux. Par exemple, la professeure observe un problème d’itinérance alarmant dans la capitale fédérale.

Un autre point important des priorités de Sutcliffe est la question du transport. Mais pour la professeure en sciences politiques, le train léger ne sera plus un problème pour le nouveau maire une fois que son fonctionnement sera garanti sur le long terme.

Des citoyen.ne.s peu convaincus ?

Malgré les promesses du maire, plusieurs demeurent sceptiques quant à leur faisabilité, et particulièrement les personnes provenant de groupes marginalisés. C’est le cas de Celine Debassige, une étudiante ojibwé et déné, qui s’était présentée à la mairie comme candidate lors des élections de 2022.

«En tant que maire, [Mark Sutcliffe] a promis à tous ceux qui voteront pour lui qu’il prendra son rôle au sérieux, et de faire du mieux qu’il peut», rappelle-t-elle. Pour l’étudiante, cette déclaration démontre que le nouvel élu n’est pas prêt à porter attention aux besoins des populations les plus démunies, dont certains individus ne peuvent pas toujours voter.

Concernant les priorités du maire, Debassige reproche à Sutcliffe d’avoir recours à l’économie pour résoudre les situations d’injustice sociale. D’après elle, la source des problèmes actuels ne se situe pas uniquement dans l’inflation. «La municipalité doit prendre en compte que tous ces problèmes sociaux sont en fait des conséquences du colonialisme. La crise de logement n’est pas causée par le manque d’emplois dans le Marché By, mais plutôt par des problèmes systémiques qui mettent la priorité sur le profit et non la vie des gens», dénonce-t-elle.

Pour l’étudiante, le maire semble ignorer les priorités plus pressantes, notamment les problèmes qui touchent la communauté, comme les problèmes d’addiction. «Les services sociaux devraient recevoir un meilleur financement et on devrait faciliter l’accès à ceux-ci avant de vouloir s’attaquer à la construction de nouveaux appartements ou à la réparation d’un système de train mal construit», poursuit-elle.

L’ancienne candidate municipale s’interroge finalement sur la capacité du maire à surmonter les doutes du public. Les prochains mois seront révélateurs quant à sa capacité à améliorer la qualité de vie des Ottavien.e.s.

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