La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) est en crise. Pourtant, ce ne devrait pas être une surprise pour les étudiant.e.s. La Fédération est en déclin depuis quelques années et continue de s’éloigner de la voix étudiante. Il n’y a pas un meilleur moment que maintenant pour nous réveiller et demander à notre syndicat étudiant de travailler d’abord et avant pour nous — les étudiant.e.s. Plus important encore, l’usage de principes progressifs ne peut venir en aide à la Fédération si celle-ci se replie sur elle-même, ferme ses portes et cesse ses activités.
Je suis un étudiant actif sur ce campus depuis le début de mes études au premier cycle, en 2009. J’ai été membre du Conseil d’administration (CA) et plus tard, du Comité exécutif en tant que vice-président aux finances en 2012-2013. Je suis présentement le président de l’Association étudiante en common law. Cela étant dit, j’ai vu ce campus sous tous ses angles et je connais la FÉUO comme le fond de ma poche.
Je suis conscient de toute la passion et le travail que chaque membre de l’exécutif fait preuve sur une base régulière, essayant de faire tout au maximum de leurs capacités. Je crois donc qu’aucun des problèmes auxquels la Fédération fait présentement face ne peut être attribué directement à quelqu’un occupant la présidence ou la supervision des finances. D’un autre côté, je ne suis également pas surpris des problèmes récents auxquels font aussi face les corps fédérés — tout comme beaucoup d’entre vous. Ce n’était qu’une question de temps avant que tout cela arrive.
Alors, que s’est-il vraiment passé?
La proposition officielle laisse entendre qu’un problème de baisse de fonds serait apparu cette année, une année déjà difficile pour la Fédération. Il est également suggérer que les coûts élevés associés au régime d’assurance médicale et dentaire porteraient également le blâme. La seule solution viable serait donc de fermer les commerces et les services pendant quelques mois et se débarrasser d’une multitude d’employé.e.s. Par contre, le problème ne se limite pas à l’histoire publiée de la situation.
Si nous voulons absolument que la FÉUO ne retombe pas dans une situation similaire dans 2, 5, ou 10 ans, il faut que les membres de l’exécutif et les membres du CA prennent leur rôle plus au sérieux. Il y a plusieurs décisions importantes qui devront être prises par ceux-ci dans les prochaines semaines pour assurer la viabilité à long-terme du syndicat étudiant.
Permettez moi d’être clair: ce n’est pas une question d’être plus à la gauche ou à la droit ou encore d’être plus progressif que conservateur. C’est plutôt refaire en sorte que quand la poussière des derniers évènements retombe, qu’il y aura toujours une organisation syndicale par et pour les étudiant.e.s sur ce campus. Les syndicats étudiants donnent la chance aux étudiant.e.s d’être politiquement engagés et de faire entendre leurs voix de façon significative. Nous ne pouvons pas laisser des situations, comme celle que nous vivions présentement, avoir un effet négatif sur notre légitimité, laissant droit à l’establishment de ne nous prendre au sérieux.
Au cours des années, je me suis fait traiter de progressif, de réactionnaire, de conversation, d’avoir trahi mes convictions au nom de la politique étudiante et j’en passe. Tous ces noms m’affecte peu, à voir pas du tout. Tout ce que j’ai fait durant ces dernières années, c’est tout simplement avoir essayé de faire de mon mieux pour aider les étudiant.e.s et répondre à leurs besoins. Voilà la différence fondamentale entre un représentant étudiant et un leader étudiant, entre ceux qui ne font qu’écouter ce que les gens leur disent et ceux agissent comme des porte-paroles du mouvement étudiant, qui passent des mots aux actions et qui savent comment répondre aux besoins de la population étudiante.
Maintenant, que pouvons-nous y faire?
D’après mon expérience personnelle, il existe quelques problèmes de nature systémique au sein de la Fédération qui doivent être confrontés si celle-ci veut survivre. La réponse parfaite à cette question n’existe pas et il revient au CA et à l’exécutif d’y trouver une solution ensemble. Mais d’abord, nous allons au moins reconnaitre certains de ces problèmes.
Chaque étudiant.e paye approximativement 200$ par année à la Fédération étudiante et ses divers services. Cette facture n’inclut pas les frais de l’assurance santé ou de la U-Pass. La division de cet argent versé par les étudiant.e.s aux différents services a déjà été établi dans le passé, à l’aide de plusieurs référendums. Par contre, en grande partie, cet argent est déposé dans un fonds en banque et est géré ainsi, comme un tout. Étant donné le montant exorbitant dont on parle, c’est absolument inacceptable que la Fédération utilise encore une structure où les gens s’occupant des décisions opérationnelles et managériales sont également les mêmes gens qui s’occupent de l’implantation des politiques. Ceux-ci ne devraient pas avoir à être tenu responsables de toutes ses responsabilités.
Pourquoi n’existe-il pas de mécanisme en place donnant le droit aux étudiant.e.s de réévaluer la portée des opérations financières de la Fédération? Celle-ci a tout de même créer sur un campus qui est maintenant le double de ce qu’il était. En complément avec les divers autres changements au niveau de la structure, des frais et de la gestion, il y a quelques aspects importants reliés à la FÉUO qui nécessitent grandement une ré-évaluation. Je conseille dès lors les membres de l’exécutif et du CA à se pencher sur ceux-ci, dès que possible.
- Centres et services
Comme mentionné lors d’une entrevue publiée dans le Fulcrum (“Banking on the SFUO”, 27 mars 2014), je crois fortement que certains centres et services ont tout simplement dépasser les limites de leurs mandats. Cette déclaration va dans les deux sens, positif comme négatif. Certains services font face à des limites financières tellement grandes qu’ils ne sont pas en mesure de donner le meilleur service possible aux étudiant.e.s en ayant le plus besoin. D’un autre côté, certains font plutôt face à une abondance de fonds, mais ne répondent plus aux exigences et aux besoins de la population étudiante, menant à une montée de dépenses inutiles sur des évènements et des activités auxquelles peu d’étudiant.e.s assistent.
Je suis près à dire que la Fédération est devenue trop grande et désorganisée pour son propre bien et comme plusieurs, j’aimerais que celle-ci se concentre plutôt sur quelques enjeux de base quant au mouvement étudiant. La Fédération devrait tout de même continuer à jouer un rôle substantielle en supportant les corps fédérés et les clubs, leur donnant un plus grande marge de manoeuvre. Voilà la beauté et le pouvoir de travailler ensemble.
Je recommande grandement à l’exécutif et aux membres du CA de prendre le temps de ré-évaluer la structure des services et de centres et dans la mesure du possible, proposer un référendum pour justement changer la structure, pour que celle-ci soit plus adéquate aux besoins des étudiant.e.s Consolider et réorganiser le tout, autour de la demande de la population étudiant, en complément avec une nouvelle structure de financement, saura créer une environnement vibrant pour les activités étudiants dans le long terme.
2. L’emploi à temps-plein et/ou managériale
Les membres de l’exécutif ne devraient passer leur temps à travailler sur des questions opérationnelles et les employé.e.s ne devraient avoir comme rôle de prendre des décisions au nom de la population étudiante. Nous votons pour des candidat.e.s aux élections pour que ceux-ci travaillent avec et pour les étudiant.e.s.
Par contre, la plupart des membres entrants de l’exécutif arrivent sans expérience concrète et doivent avoir accès à beaucoup de support pour être en mesure d’apprendre sur le terrain. Je sais d’expérience comment il peut être difficile de s’adapter à une telle situation et cela beaucoup de travail et d’ardeur pour s’y habituer. Une organisation comme la FÉUO est une organisation bien complexe.
C’est exactement ce genre de problème qui créer un environnement où la confusion règne et que les rôles s’entrecroisent et c’est donc pourquoi nous avons besoin de restructuration à ce niveau.
Remplir le rôle d’un représentant.e étudiant.e demande à ce que cette personne rencontre directement des étudiant.e.s sur une base régulière, en plus de s’ancrer dans le mouvement de revendications des droits étudiants. Pourtant, les membres de l’exécutif doivent plutôt se référer à des tâches opérationnelles, les éloignant des étudiant.e.s et les rapprochant de leurs bureaux. Ceci créer alors une vide, laissant place à certains individus de décider que c’est leur rôle de prendre les décisions pour les étudiant.e.s. Ceux-ci finissent éventuellement pas monopoliser la politique étudiante à l’interne.
Or, je recommande fortement à la FÉUO de repenser à la division de ces tâches et de laisser les membres de l’exécutif faire leur travail, celui pour lequel ils ont été élus.
À savoir, qu’ils, à l’aide d’une mise au point du Conseil d’administration, élaborent les orientations de l’organisation et en définit sa politique. Dès lors, ceux-ci peuvent déléguer l’implantation de ces politiques à un groupe de professionnels à temps-plein, travaille discrètement avec la Fédération. Ce ne devrait pas être le cas opposé. Il est important d’évaluer le besoin et l’efficace des employés à temps-plein, pouvant de la sorte nous faire épargner dans le long terme. Il reste que certains endroits de la FÉUO nécessitent le travail d’une personne, alors qu’elle en aurait besoin de cinq, alors que à d’autres endroits, cinq personnes sont engagés pour faire le travail d’une personne. Le problème touche également l’employeur et l’employé.
À partir d’ici, que devons-nous faire?
Résultant des mesures qui ont été mises en place dans les derniers semaines, je demande, dans le plus bref délais, que les membres entrants de l’exécutif et ceux du Conseil d’administration travaillent ensemble avec les bénévoles étudiant.e.s engagée.s à travers le campus qui croient toujours en ce syndicat étudiant et qui sont prêts à travailler pour assurer sa survie en temps de crise. Préparez-vous à recevoir des commentaires d’étudiant.e.s fâché.e.s et déçu.e.s. Vous allez inévitablement devoir faire face aux problèmes des corps fédérés qui, sont le support de la Fédération étudiante, surtout en ce qui attrait la Semaine 101 et sa préparation durant l’été. Certains d’entre eux pourraient se tourner vers des solutions plus drastiques.
Il sera doublement important pour vous de les rencontrer et de trouver de façons de rétablir de bonnes relations avec ces acteurs importants sur le campus. Les corps fédérés sont présents sur la ligne de front de la Fédération et leurs commentaires et rétroactions devraient être écoutées.
Tout compte fait, cette crise à laquelle nous faisons face en ce moment s’est bâti dans les derniers années, s’approvisionnent des problèmes déficitaires et systémiques qui n’ont pas assez été pris au sérieux. Les solutions à long terme à ce problèmes devra inclure non seulement des changements au niveau de la structure, mais également au niveau de l’attitude. C’est une belle opportunité pour la Fédération de reconduire une mise à jour en profondeur pour s’aligner avec les besoins des étudiant.e.s. Des questions importantes quant au rôle du syndicat doivent être débattues avec respect et la reconnaissance du fait que nous faisons tous et toutes parties de la même équipe doit être primordiale.
Adam Gilani
Étudiant en common law
Président de l’Association étudiante en common law
Ancien vice-président aux finances de la FÉUO (2012-2013)