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Éditorial

L'imposture syndicale

Actualités
21 janvier 2013

– Par Vincent Rioux – 

L’étudiant de quatrième année en chimie, Edward Inch, n’aura finalement pas eu gain de cause dans son procès qui l’opposait à la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) (lire en page 7). Mercredi dernier, le juge Lyon Gilbert a rendu son verdict : Inch doit payer sa cotisation à la FÉUO.

Cette histoire a commencé quand Inch a demandé d’être retiré de la liste d’envoi de courriels de la FÉUO, ce qui lui a été refusé à maintes reprises par la Fédération.

Suite à quoi, Inch a demandé d’être complètement dissocié de la FÉUO, requête qui a été acceptée… en partie. D’une part, la FÉUO accepte que l’étudiant en question n’ait plus accès aux services de la Fédération et qu’il ne soit plus membre de celle-­ ci. D’autre part, la FÉUO réclame tout de même que Inch paie les cotisations étudiantes de 92,60 $ par année, comme n’importe quel autre étudiant du premier cycle.

Autrement dit, Inch doit payer les co-­ tisations étudiantes sous prétexte qu’il est étudiant à l’Université d’Ottawa (U d’O) et que tous les étudiants, en s’inscrivant à l’Université canayenne, de facto sont contraints de payer les cotisations étudiantes.

Ainsi, comme dans n’importe quel syndicat, tous les membres sont obli-­ gés de cotiser. C’est normal. Or, la FÉUO n’est pas un « syndicat » proprement dit. Bien qu’elle se dise le « syndicat » des étudiants de l’U d’O, il n’en est rien. Au sens de la loi, la FÉUO n’est pas un syndicat!

De fait, elle est plutôt une corporation au sens du droit qui est d’ailleurs sous la désignation de la Loi sur les personnes morales du gouvernement de l’Ontario. Chers élus de la FÉUO et du Conseil d’administration, il y a dissonance entre ce que vous prétendez être et ce que vous êtes vraiment.

Le cas de Inch n’est pas singulier

Le cas de Andrew Inch a des ressem-­ blances frappantes avec celui de l’Association des étudiantes et étu-­ diants de droit civil de l’Outaouais (AÉÉDCO) qui, pas plus tard qu’en novembre 2011, a voté à 86 % pour se défédérer de la FÉUO. Le Conseil d’administration s’était alors empressé de déclarer le résultat du vote illégitime, malgré que 39 % des étudiants de l’AÉÉDCO aient exercé leur droit de vote, une participation qui pulvérise celle de n’importe quelle élection de la FÉUO. L’affaire entre la FÉUO et l’AÉÉDCO serait toujours en média­tion.

N’empêche que, bien que d’un côté ce soit un individu qui veuille se séparer (Inch) de la FÉUO et que de l’autre, c’est une association étudiante, ces demandes de  à l’égard de la Fédération. Dans les deux cas, elle s’accroche désespérément et lamentablement au pouvoir. Un pouvoir paternaliste qui consiste à dire aux étudiants quoi faire, quoi manger, quoi payer, pour qui voter et quoi soutenir, tout en s’assurant de ne jamais les consulter ou de rendre des comptes en assemblé générale et de timidement les faire voter annuellement.

Ces querelles judiciaires, tant avec Inch qu’avec l’AÉÉDCO, nuisent à l’apparence de légitimité et à la crédibilité de la FÉUO. Bien que ce ne soit pas un syndicat en bonne et due forme, la Fédération agit comme si elle était un syndicat, tout en jouissant des droits d’une corporation. Elle se cramponne aux membres qui souhaitent quitter, les forçant à rester membre de la FÉUO et, par le fait même, à rester sous l’emprise de la tentaculaire Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), sur laquelle on peut se poser de véritable ques-­ tions quant à son mandat et à savoir si elle représente vraiment les étudiants.

Parlons en de cette FCÉÉ, qui, elle aus-­ si, semble être prête à livrer une longue bataille à l’association étudiante de l’Université Concordia qui souhaite se  désaffilier. En mars 2010, les étudiants de Concordia ont été appelés à voter lors d’un référendum, pour mettre un terme au mariage entre la FCÉÉ et l’association étudiante de Concordia. Bien que 72 % des étudiants aient voté pour la désaffiliation, la FCÉÉ a jugé le référendum illégitime puisqu’un trop petit nombre d’étudiants se seraient rendus aux urnes. Ça rappelle drôle-­ ment le cas de l’AÉÉDCO…

Quoiqu’il en soit, la FCÉÉ réclame maintenant 1,8 millions de dollars à l’association étudiante de Concordia si elle souhaite toujours aller de l’avant avec ce projet de désafilliation.

Toutefois, bien que Andrew Inch ait échoué dans sa tentative de désaffiliation, il ne faut pas baisser les bras devant cette obscure Fédération étudiante (tant la FCÉÉ que la FÉUO). En 2008, l’Université Simon Fraser en Colombie-­Britannique avait voté à 67 % en faveur du retrait de leur association étudiante de la FCÉÉ. Fidèle à leurs habitudes aux allures autoritaires, la FCÉÉ avait alors déclaré le vote illégitime. Ce n’est qu’en janvier 2012 que l’affaire s’est finalement réglée à l’amiable.

Enfin, ce sera aux prochains membres de l’exécutif de la FÉUO de décider si, oui ou non, les étudiants ottaviens poursuivront leur aventure avec la FCÉÉ, eux qui s’énonceront à ce sujet en 2014. Jusque là, tenez votre mal en patience!

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