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Arts et culture

Lire et écrire pour se découvrir

Crédit visuel : Élodie Ah-Wong– Directrice artistique

Chronique rédigée par Bianca Raymond – Cheffe du pupitre Arts et culture

Beaucoup de gens me disent qu’étudier en lettres françaises, ça doit être pénible : lire et écrire, encore et encore. Mais pour moi, la littérature est un refuge, un repère. Elle est à la fois un moyen de m’échapper de la réalité et une façon d’appréhender certains aspects de ma vie qui restent encore inconnus.

La littérature comme reflet de soi

Quand on a besoin d’aide, il suffit parfois d’ouvrir un livre et de s’y faufiler, page après page, dans un monde souvent plus beau, plus juste ou plus vrai que le nôtre. On y vit des aventures que nous n’oserions jamais tenter dans la réalité. On devient une autre personne à part entière. On se fond dans le.la personnage principal.e, comme si nous étions l’héro.ïne.

Les personnages, eux.elles, nous reflètent, et nous aident à comprendre nos propres comportements, nos forces et nos faiblesses. Pour qu’on s’attache à eux.elles, on doit d’abord connaître qui nous sommes. Et parfois, leurs péripéties et le dénouement de leur histoire font émerger en nous nos plus intimes questionnements. 

Si je me prends comme exemple, je me reconnais dans le personnage d’Anne Shirley dans Anne… la maison aux pignons verts. Comme moi, elle possède une imagination débordante et un regard poétique sur le monde et sur la vie en soi. Les mots sont le miroir de qui elle est, tout comme moi.

Je me reconnais aussi dans Charles Beaudelaire et son recueil de poèmes Les Fleurs du mal. Son poème L’ennemi parle du temps qui passe, des blessures qu’il laisse, mais aussi de l’espoir et du désir de faire refleurir la vie. Je me vois à travers ses poèmes parce qu’il devient l’artiste qui souffre et qui espère en même temps.

Même si chacun.e souffre à sa manière, parfois intensément, et que chacun.e espère aussi, si je peux me voir en lui, je crois que tout le monde peut se connecter à cette dualité entre le spleen et l’idéal. Il explore la condition humaine, où cohabitent toujours ombre et lumière. 

Parce que la littérature est un art universel, on se voit dans les personnages et les livres, peu importe leur genre ou leur nationalité. C’est cette universalité qui relie les lecteur.rice.s du monde entier et fait des histoires des ponts entre les êtres.

Prolongement de la vie

N’empêche que peu importe la langue dans laquelle je lis, écrire en français reste et restera toujours ma raison d’être. C’est une manière d’affirmer mon identité, ma culture et ma voix. Car si nous ne lisons que des œuvres anglophones, comment pourrions-nous vraiment comprendre notre propre langue et notre propre histoire ?

Les livres, comme la vie, sont des récits en construction. Un seul livre ne peut contenir notre existence. Chaque période — l’enfance, l’amitié, les deuils, l’amour, les découvertes — mérite son propre chapitre, parfois même son propre livre. Nos vies sont des sagas en plusieurs tomes.

Certains auteur.ice.s l’ont bien compris. Harry Potter, The Hunger Games, ou encore Divergence n’auraient pas pu se limiter à un seul tome. Chaque livre révèle une nouvelle facette des personnages, de leur évolution et de leur monde.

De la même manière, l’univers des Chroniques des chasseurs d’ombre (The Shadowhunters Chronicles) de Cassandra Clare s’étend sur plusieurs séries incluant des préquelles, des suites, et des oeuvres dérivées, qui nous permettent de mieux comprendre l’origine, le destin et l’univers des personnages. Notre vie suit la même logique : elle ne peut pas se résumer à un seul livre, même s’il était aussi épais qu’un dictionnaire. Chaque étape est un livre en soi et notre grande histoire est composée d’une multitude de volumes.

"Un bon livre, pour moi, est celui qui fait naître des questions, qui dévoile mes zones d’ombre et me guide vers la clarté."

- Luccia Ongouya -

Nous avons tous et toutes une histoire à écrire, petite ou grande, heureuse ou triste. Nous portons en nous des mondes à découvrir, des personnages à rencontrer, des lieux encore inconnus à explorer et des facettes de nous-même à dévoiler. Oui, nous avons tous.tes une vie à écrire.

Nous sommes des livres qui ne demandent qu’à être lus. Nous attendons le moment où quelqu’un s’ouvrira à nous, et à qui nous pourrons nous ouvrir en retour. Nos récits peuvent, par moment, ressembler à des casses-tête : nous cherchons quelles pièces font partie intégrante de nous, en observant le monde entrer et sortir dans le tumulte des hauts et des bas, des calmes et des tempêtes. 

Mais au bout du compte, chaque mot finira par être écrit. Chaque phrase reflétera nos choix. Chaque paragraphe portera une idée. Chaque page les rassemblera et chaque chapitre fermera une porte pour mieux en ouvrir un autre. Chaque livre est une marche sur notre chemin. Et ce chemin, c’est l’histoire de notre vie elle-même !

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