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Sports et bien-être

Medical Monkeys : Des étudiant.e.s réinventent l’accompagnement des enfants malades

Crédit visuel : Courtoisie

Article rédigé par Davy Bambara – Journaliste

À l’Université d’Ottawa, quatre étudiant.e.s en médecine ont imaginé des singes au crochet dotés de prothèses imprimées en 3D pour aider les jeunes patient.e.s à mieux comprendre leurs traitements. Une idée simple, née autour d’une discussion entre ami.e.s, qui fait aujourd’hui une différence réelle dans les salles d’examen du CHEO.

Tout commence en première année de médecine, autour d’une conversation banale qui deviendra le point de départ d’un projet unique. En observant les jouets destinés aux enfants malades, Amir-Ali Golrokhian-Sani, Angela Li, Bassam Jeryous Fares et Maya Morcos qui complètent leur troisième année d’études cet automne 2025, réalisent que la plupart ne reflètent pas forcément la réalité de celles et ceux qui vivent avec des prothèses ou des appareils médicaux. 

"Les personnes possédant des appareils médicaux ne reçoivent pas beaucoup de représentation dans leurs jeux. C’est franchement injuste. "

– Amir-Ali Golrokhian-Sani –

Le ton est donné. Les quatre ami.e.s décident alors de mettre leurs talents en commun : le crochet de Maya Morcos et la maîtrise de l’impression 3D des autres membres de l’équipe. Cette complémentarité inattendue devient le cœur d’un projet appelé Medical Monkeys, où un jouet se transforme en outil de compréhension, de réconfort et d’affirmation.

Un singe comme miroir, un jouet comme allié

Pour concevoir un compagnon qui puisse accompagner les enfants dans leur parcours médical, l’équipe souhaitait une figure qui soit à la fois familière, expressive et adaptable.

« Nous avons choisi le singe […] car c’est un animal curieux, intelligent et sociable, qui aime s’amuser », explique Angela Li. Le singe, proche de l’enfant par sa mobilité et son anatomie, devient rapidement le héros parfait pour porter des prothèses réalistes : une jambe artificielle ou un appareil pour compenser un handicap visible. Chaque singe devient unique, comme l’enfant auquel il sera destiné.

La technologie au service de l’inclusion

L’impression 3D ouvre un champ de possibilités que l’équipe n’aurait pas pu imaginer autrement. Pour Fares, cette technologie est essentielle au projet : « Nous voulions une reproduction réaliste des prothèses afin d’assurer une représentation fidèle. L’impression 3D nous a offert une grande liberté créative et a rendu notre projet durable. »

Grâce aux imprimantes du campus, les étudiant.e.s peuvent concevoir et perfectionner chaque pièce, tout en maintenant le projet accessible et reproductible. Cette flexibilité leur permet d’ajuster la forme d’une prothèse ou d’ajouter un appareil spécifique selon les recommandations des spécialistes du CHEO.

Un soutien pédagogique qui change tout

Au-delà de la représentation, Medical Monkeys a une vocation pédagogique profonde. Les jouets sont utilisés par les professionnel.le.s de la santé pour expliquer les procédures, les instruments et les gestes médicaux qui effraient souvent les jeunes patient.e.s.

Morcos avait observé un tel effet bien avant de lancer l’initiative. « J’ai eu le privilège de voir leurs inquiétudes s’évanouir », dit-elle en se souvenant d’un atelier où des enfants manipulaient du matériel médical sur un ours en peluche.

Aujourd’hui, les singes remplissent cette même fonction : ils permettent d’expliquer comment nettoyer un tube de trachéostomie, à quoi ressemble une prothèse ou comment fonctionne une perfusion. Les retours du CHEO confirment leur efficacité.

Une vague de bénévoles et un impact croissant

L’équipe voit grandir autour d’elle un mouvement d’entraide. « Le nombre de bénévoles continue d’augmenter », se réjouit Morcos. Chaque nouvelle paire de mains signifie plus de jouets personnalisés, donc plus d’enfants accompagné.e.s. Ce qui n’était qu’un petit projet étudiant est en train de devenir un réseau de solidarité, tissé mailles après mailles.

Selon un article de CBC, en décembre 2024, les initiateurs.trices de Medical Monkey n’avaient pu donner que 9 singes. Depuis, leur équipe s’est agrandie et compte désormais 20 bénévoles. Lors de leur dernière distribution en juin dernier, ils ont livré près de 50 singes, précise l’article.

Morcos raconte que dans les couloirs du CHEO, un singe en crochet regarde un enfant qui s’apprête à entrer en salle d’opération. Il porte la même prothèse que lui, le même pansement, le même tube. Dans ce simple reflet, il y a une invitation à ne plus se sentir seul.e, et c’est là que Medical Monkeys puise sa force : dans la conviction que parfois, un petit compagnon en laine suffit à redonner du courage lorsqu’on en a le plus besoin, rassure-t-elle.

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