Par Molly de Barros
Arrivé au poste de doyen de la Faculté des sciences de l’Université d’Ottawa (U d’O) en juillet 2018, Dr Louis Barriault répond aux questions de La Rotonde sur ses projets.
LR : Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Louis Barriault : J’ai complété mon doctorat en chimie organique en 1997 à l’Université de Sherbrooke, avant de faire un post-doc à l’Université de Ohio State aux États-Unis, jusqu’en 1999. J’ai ensuite accepté une position de professeur adjoint au département de chimie à la Faculté de science de l’Université d’Ottawa. Je suis éventuellement, avec le temps, devenu associé, professeur agrégé puis professeur titulaire.
J’ai fondé une équipe de recherche avec des étudiants gradués, des post-doc. J’ai formé 15 PhD, 19 étudiants à la maitrise et plus de 60 étudiants de premier cycle. J’ai également enseigné de nombreux cours à l’Université d’Ottawa, à plus de 2 000 étudiants. Malheureusement, je n’enseigne plus, et ça me manque.
J’ai eu une chaire de recherche de l’Université d’Ottawa de 2006 à 2016. En 2011, je suis devenu directeur des études graduées au département de chimie. Ça m’a donné une vue d’ensemble de la Faculté des sciences, m’a permis d’apprendre à connaître les collègues, d’en apprendre plus sur la gestion. En 2017, le vice-président à la recherche, Sylvain Charbonneau, m’a contacté pour occuper une position intérimaire de vice-recteur associé à la recherche de l’Université d’Ottawa. C’est une position qui concerne toutes les facultés, et qui m’a permise de construire un réseau avec des collègues dans et hors de l’Université. Quand tu veux faire changer les choses, tu t’impliques. Je voulais être doyen car j’ai le dynamisme et l’énergie pour transformer la Faculté. Je veux créer un environnement de travail positif et donner aux étudiants une nouvelle proposition éducationnelle. Par exemple, des cours en gestion ouvrent les yeux sur les pratiques à faire, à ne pas faire, aident les étudiants à réaliser qu’un domaine les intéresse. Je trouve qu’il y a des choses qui manquent dans le curriculum des étudiants de la Faculté des sciences, et c’est ce que je veux apporter.
LR : Quelle vision avez-vous pour la Faculté des sciences ?
LB : Il y a trois volets dans mon plan d’action : recherche, enseignement et international.
L’enseignement ne doit pas être vu comme une tâche, c’est un privilège. On veut former les étudiants de manière à ce qu’ils aient les habiletés que les employeurs recherchent, pour qu’ils soient performants dans le marché du travail. J’ai remarqué que le savoir-être manque en sciences, c’est-à-dire les compétences en communication, leadership, travail en équipe, etc. Certains étudiants vont chercher à acquérir ces compétences, mais pas tous. On travaille actuellement avec le vice-doyen aux études au premier cycle pour offrir une option en entreprenariat, en gestion, et en politique scientifique, en plus des spécialisations disponibles avec un baccalauréat, qui seront de 18 crédits. Il faut que la Faculté de sciences se démarque des autres en Ontario et à travers le Canada, et cela nous permettra d’attirer de nouveaux étudiants. Par exemple, quand j’ai commencé il y a 19 ans, BPS (Sciences biopharmaceutiques) venait de commencer et étant le seul programme du genre en Ontario, a attiré énormément d’étudiants qui sont venus à l’Université d’Ottawa, et qui sont excellents puisque c’est un programme élite avec une moyenne d’admission élevée. D’autres universités ont ensuite bâti le même type de programme, et nous sommes revenus à la charge avec le programme BIM (Sciences biomédicales). C’est un programme élite qui créé un engouement et attire les meilleurs étudiants. Il manque encore quelque chose, et je pense que c’est ces options. Les étudiants avec l’option en entreprenariat, par exemple, auront des cours à Telfer et auront un plus grand réseau, ce qui est important. Ils développeront aussi des capacités dans d’autres domaines.
Au plan international, je veux recruter plus d’étudiants internationaux, augmenter la diversité des étudiants, ce qui est bénéfique pour tout le monde, et augmenter la mobilité étudiante. Il y a des programmes de mobilité offerts par l’Université qui bâtissent les étudiants, leur personnalité. Il y a des programmes d’échanges au niveau de la recherche de premier cycle et graduée, avec une agence de financement nommée MITACS, au niveau du Canada. Celle-ci permet d’obtenir des bourses pour aller étudier dans un autre laboratoire pendant 4 à 6 mois. Ça permet d’agrandir son réseau, de même publier des articles avec d’autres chercheurs. Ça ne coûte rien à la Faculté, et il faut encourager les collègues et les étudiants à la mobilité parce que ça différencie des autres candidats. On a des partenariats avec l’Université de Lyon et la Sorbonne à Paris, par exemple, pour des programmes d’échanges d’étudiants.
En termes du volet recherche, on veut que la Faculté des sciences monte dans les classements universitaires. On fait partie du U15, donc des 15 meilleures universités de recherche au Canada, et du U6 en Ontario. La Faculté des sciences est la plus petite faculté du U6, en termes du nombre d’étudiants et de professeurs. Par contre, l’intensité de recherche est, en gros, mesurée en divisant le nombre de professeurs par la quantité de fonds de recherche reçus. Au Canada, on monte à la cinquième position.
Il y a un gros écart entre la cinquième et quatrième place, puisqu’on se mesure avec McGill, Toronto, UBC, et l’Université de Montréal, qui sont dans une ligue à part. Notre but est toujours d’aller vers l’excellence. Qu’est-ce qu’on peut faire pour atteindre ces niveaux-là même si on est une petite faculté ? Je crois que la Faculté des sciences supporte les grandes initiatives des chercheurs. La Faculté supporte et investit dans les chercheurs pour les aider à obtenir des subventions importantes. On a le potentiel de faire partie des quatre meilleures avec les professeurs que nous avons ici, la qualité des professeurs, étudiants et des infrastructures que nous avons ici.