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Arts et culture

Un spectacle entre transidentité et poésie

Culture
19 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­­­­­trice artis­­­­­tique

Par Gaëlle Kanyeba – Cheffe du pupitre Arts et Culture

La compagnie We Quit Theatre propose du 26 au 28 novembre, le spectacle 805-4821, en partenariat avec le Théâtre Catapulte et la Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Il plonge les spectateur.rice.s dans un récit sur la recherche de l’identité de genre qui mélange le réel au fictif en liant notamment de vraies situations de coming-out transgenre à des scènes de la pièce Hamlet de Shakespeare. Cette expérience théâtrale interactive est offerte exclusivement en ligne sur diverses plateformes, telles que Google Documents ou encore YouTube. 

805-4821 commence par une simple conversation sur Messenger entre un jeune homme et une jeune femme, dans leur vingtaine. Davis Plett, auteure et interprète du texte, explique qu’en échangeant, les deux individu.e.s se livrent, découvrent leurs identités de genre, et apprennent à s’aimer, à aimer qui ils.elles sont.

Inspiration et adaptation

« Au départ, je voulais écrire sur mon expérience de la masculinité. Mais plus je faisais des recherches et j’écrivais, plus je comprenais que j’étais une personne trans et ce que cela pouvait signifiait pour moi », raconte Plett. Elle poursuit en expliquant que son objectif avec ce spectacle est de raconter ce processus complexe qu’est l’affirmation de l’identité, en partageant ses expériences personnelles et l’impact de cette période sur sa vie.

Mais comme beaucoup d’entreprises du monde du spectacle, We Quit Theatre a dû repenser la façon dont l’histoire devait se jouer à cause de la pandémie. Initialement prévue en salle avec un rétroprojecteur, Plett a adapté la représentation au numérique, alors même qu’une grande partie de l’histoire se jouait déjà sur internet dans sa conception originale.

Sensibiliser sans nommer

Danielle Le Saux-Farmer, directrice artistique du Théâtre Catapulte, mentionne qu’il ne s’agit pas d’un spectacle didactique, mais plutôt d’une œuvre qui propose une approche différente de la transidentité par rapport à ce qui est déjà fait ailleurs. « Il faut que les gens vivent ce spectacle comme une œuvre d’art vivante pour qu’à la fin, chacun.e retire ce qu’il.elle a ressenti, selon sa compréhension », affirme-t-elle.

L’idée principale de We Quit Theatre, selon Plett, est de traiter de la transidentité sans l’expliquer ; en effet, le mot « trans » n’est pas mentionné une seule fois dans la prestation. « On veut juste décrire les émotions des personnages et leurs relations avec leurs corps. Je veux plus transmettre un sentiment qu’un message, car j’espère que tout le monde pourra s’identifier dans ce qui est raconté », ajoute-t-elle.

Éducation inclusive

Pour Lionnel Lehouiller, artiste non-binaire et trans d’Ottawa, il est évident que 805-4821 est un spectacle nécessaire à la sensibilisation et l’éducation des personnes qui n’ont pas conscience des réalités trans. Selon iel, même si du point de vue de la loi il y a des avancées pour les droits des personnes trans, il manque toujours plus de représentativité des personnes non-binaires et trans dans les médias et la culture.

Un avis partagé par Le Saux-Farmer, qui constate que la société continue d’être lente et ignorante sur la question. « La société est encore très cisgenre et hétéronormative. En voyant le spectacle, même si c’est une réalité que je ne connais pas, je trouvais que ça parlait avec beaucoup de doigté, de poésie et d’humanité de cette chose-là », ajoute-t-elle.

Simultanément au spectacle, le Théâtre Catapulte organise une table ronde virtuelle Les aliénations de la langue française : l’auto-identification au sein d’une langue et culture binaire. L’événement traite aussi de la question de l’identité, en se penchant sur une analyse du  monde et de la culture francophone binaire dans laquelle elle évolue.

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