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Au pacifisme du féminisme, l’action de la connaissance

Culture
26 mars 2018

Web exclusif

Océane Lemasle

 

Au pacifisme du féminisme, l’action de la connaissance

 

Le Premier ministre Justin Trudeau est venu décrire, ici, à l’Université d’Ottawa, lors de la cérémonie des nouveaux diplômés de 2017, notre génération. Une génération qu’il qualifie d’intelligente, d’ambitieuse et de préparée. À l’heure où le féminisme est partout et la définition nulle part, à l’heure où le capitalisme fête l’inégalité des genres à coup de promotions et de réductions, à l’heure où la dénonciation du harcèlement sexuel est récompensée par des cafés gratuits : apprenons. Étudiant.e.s, futurs diplômés, diplômés, enseignants, dirigeants : réapprenons à admettre qu’on ne sait pas.

La surabondance d’informations à propos d’un sujet qui nous paraît peut-être sur-médiatisé semble assourdir les plus concernés, notamment la Fédération étudiante de l’U d’O dont nous retiendrons un silence d’une bruyante indifférence. Les plus concernés pour quoi ? Pour agir ! Et si notre génération avait l’intelligence d’avoir envie de comprendre, l’ambition de vouloir agir et la préparation pour savoir intervenir ? Et si nous arrêtions quelques minutes de parler de ce qu’on sait pour écouter ce qu’on ne sait pas ?

On ignore encore beaucoup, mais après tout, ne sommes-nous pas là pour apprendre ? Quand des associations de l’Université postent sur leurs réseaux sociaux des « Happy International Women’s Day », réagissons et enseignons. Pourquoi ne doit-on pas fêter une belle journée aux femmes le 8 mars ?

À vos marques. Prêt(e)s ? Luttez !

À tort, nous fêtons la journée de la femme au lieu de commémorer la Journée internationale pour les droits des femmes. Dominique Bourque, professeure agrégée à l’Institut d’études féministes et de genre, nous a déjà expliqué dans 3 questions pour comprendre le féminisme ce qu’était le 8 mars. C’est « un rappel des grands mouvements de grève de femmes menés à travers le monde et un moment pour souligner leurs luttes pour des droits égaux ». De ce fait, nous pouvons légitimement remettre en question la célébration capitaliste d’une journée témoignant des inégalités persistantes. Cependant, elle reste, d’après Bourque, l’occasion de sensibiliser la population, d’instaurer un dialogue propice à l’analyse et à la proposition de solutions.

Population, analyse, solutions… On ne parle pas d’un cours de statistiques avancées, de biologie mais bien de sociologie : de fé-mi-nis-me ! Mouvement datant de la nuit des temps où les femmes, avec le soutien (ou pas) des hommes dénoncent les contraintes et les limitations qui leur sont imposées. Bourque va plus loin dans cette définition en abordant l’appropriation de leur personne provenant du système féodal, leur exploitation du capitalisme libéral, leur instrumentalisation par l’image du néolibéralisme.

Le féminisme dénonce ainsi la subordination systématique des femmes, il s’intensifie et s’étend à d’autres luttes dans le but d’aboutir à la disparition de sa nécessité pour cause d’obtention d’une véritable équité.

La force des convictions

La Rotonde retrouve une étudiante convaincue que l’arme pacifique de la lutte pour l’égalité réside dans notre hardiesse. Katya Berezovskaia, étudiante au bac spécialisé en finances à Telfer, nous explique que la première tonalité associée au féminisme est, à tort, semblable à une vocifération aiguë. En effet, selon Katya, le mouvement féministe définit « l’égalité entre les hommes et les femmes ». Prosaïquement, selon elle « si vous êtes pour l’égalité entre les hommes et les femmes, techniquement vous êtes féministe ».

Toujours d’après cette future analyste financière, l’égalité n’est pas synonyme d’uniformité. En d’autres termes, notre diversité est notre richesse, entre genres et entre individus. « Je ne veux pas être un homme et je n’ai pas besoin d’agir comme tel pour obtenir la même position qu’un collègue masculin », ajoute Katya, qui fut la première femme stagiaire en salle de marchés au sein de la Banque de Montréal.

Selon Katya, tout est une question de confiance et se résume à un mot: oser. Oser essayer, oser avancer, oser refuser de se comparer et d’être comparé.e. Cette étudiante, membre de l’association de réseautage étudiant WMN (Women Management Network), admet que la discrimination existe, que le sexisme existe, que le harcèlement existe et pour cause, elle y a été confrontée, mais ce qu’elle défend c’est que personne ne peut réussir sans essayer. En tant que membre de Telfer Capital Funds, elle l’illustre à notre échelle étudiante en soulignant le peu de participation des femmes (3 sur 30 personnes) au laboratoire de finances, malgré le soutien de l’Université et l’importante promotion. Et si le problème n’était pas dans l’accès, mais dans le manque de tentatives ?

Il est indéniable que notre génération doit agir, doit comprendre, mais elle doit aussi lutter. Nous devons lutter pour nos droits, pour les droits des hommes comme des femmes, pour la place de chaque minorité dans une société qui oublie de comprendre. Mais si à l’échelle étudiante, au sein de l’Université, le féminisme c’était de respecter, d’assumer qui nous sommes et apprendre à oser ?

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