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Opinions

Partir ou rester ? Choix fatidique en ces temps compliqués

Actualités
11 septembre 2020

Crédit Visuel : Pixabay

Par Thelma Grundisch – Journaliste

La définition de maison ou « home » est bien différente pour chacun.e d’entre nous et elle est parfois assez complexe à définir. On appelle généralement maison l’endroit où l’on grandit, où l’on vit, où se trouve notre famille. Pourtant, je ne suis pas capable de donner une réponse qui soit claire et constante.

En tant qu’étudiante internationale, on me demande souvent si « ce n’est pas trop dur d’être loin de la maison ? ». La réponse est non, puisque je me sens aussi à la maison ici à Ottawa, où j’habite depuis maintenant trois ans : j’ai mon appartement, mes amis, mon travail. 

J’ai toujours eu cette impression d’être un funambule que le vent pousse un peu des deux côtés de l’Atlantique. Je réalise alors que c’est en trouvant un équilibre entre ces deux vies que je me sens épanouie. La question de « maison » devient alors cruciale quand la pandémie frappe. 

Un virus qui angoisse

Nous sommes à la mi-mars 2020. L’université ferme ses portes, le virus se propage… La France est déjà bien touchée et est un lieu à éviter. Pourtant, c’est là que se trouve ma famille, mes amis, ma maison d’enfance. C’est là-bas que j’avais prévu de passer l’été, de travailler et de profiter des grandes vacances.

On dit souvent que c’est chez soi que l’on se sent le mieux et que les moments difficiles se traversent en famille, alors que faire quand une pandémie mondiale est déclarée et qu’un virus menace la manière dont nous avons toujours vécu ? Devrais-je rester ou y aller ? 

Je comprends rapidement que si je veux retourner en France, il faut que je saute dans un avion avant la fin de la semaine. Je prends le premier avion en pensant retrouver mes amis d’ici quelques mois une fois que tout serait revenu à la normale.

Quelques jours de confinements avec ma famille passent et je me questionne déjà sur ma décision de revenir. Une fois de retour dans ma petite chambre d’adolescente, ma famille canadienne me manque, ma maison semble avoir rétréci et mon appartement et la vie sans supervision ne sont plus qu’un lointain souvenir.

Un retour possible ?

Après avoir survécu à deux mois de confinement, la situation ne s’améliore toujours pas et au contraire, elle empire. Des rumeurs circulent déjà sur le fait que le semestre d’automne soit en ligne et les restrictions de voyage vers le Canada restent en place. Une nouvelle angoisse s’impose : pourrais-je retourner au Canada pour la rentrée ?

Plusieurs mois de stress et des dizaines de courriels plus tard, je me suis rendue compte que ni l’université ni Immigration Canada n’avait de réponses à propos des conditions de retour des étudiant.e.s internationaux.ales pour la rentrée. On m’explique seulement qu’il est impossible de prévoir si l’on sera accepté par la douane en arrivant à Ottawa : ça passe ou ça casse.

Se sentir abandonnée

Qu’a fait le gouvernement canadien dans tout ça ? À part déclarer que seul.e.s les étudiant.e.s internationaux.ales ayant un motif de voyage non optionnel pourraient passer la frontière et sans expliquer quels sont les motifs valables, pas grand-chose.

Ce pays qui se dit être une terre d’accueil des étrangers, ce pays que je considère être mon chez-moi depuis trois ans : il m’a bien fait comprendre qu’en temps de crise, j’étais une étrangère et que je ne méritais soudainement plus l’attention. Le gouvernement aurait dû agir plus tôt et définir des règles établies sur la venue des étudiant.e.s au Canada. 

Et où était l’Université quand j’avais besoin d’elle ? Elle donnait des séances zoom sur l’immigration avec pour seul but de nous répéter que rien n’était certain, ce qui ne faisait que nous inquiéter davantage. Elle refusait de fournir des lettres aux étudiant.e.s internationaux.ales, qui auraient pu aider à passer la douane.  

Quant à l’université, elle aurait dû nous appuyer, et nous rassurer au lieu de simplement nous considérer comme des chiffres. 

Je suis parvenue à revenir sur le territoire, avec un souvenir amer, et la sensation d’être une « étrangère habituée ». 

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