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Arts et culture

Portrait de métier : être sculpteur.rice

Culture
6 février 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Aïcha Ducharme-LeBlanc – Cheffe du pupitre Arts et culture

Dans la série portrait de métier, La Rotonde met à l’honneur différentes professions artistiques. Un.e sculpteur.rice développe des idées de création, et les concrétise sous une forme tridimensionnelle en assemblant ou en moulant des matériaux. Mais en quoi cela consiste-t-il, et que faut-il savoir avant d’entamer une carrière dans le domaine ? Jennifer Macklem, Denis Charette, et Marianne Gingras répondent à ces questions, et dressent un portrait de cette forme d’art.

Gingras, sculptrice et artiste pluridisciplinaire diplômée en arts visuels à l’Université Concordia, estime que la sculpture est une forme d’art souvent méconnue. « Quand on pense à la sculpture, on pense à du papier mâché ou du marbre, mais c’est tellement plus que ça », déclare-t-elle.

Pratiques variées

Les artistes entrent généralement en contact avec la sculpture plus tard qu’avec d’autres formes d’art comme la peinture et le dessin, explique Gingras, n’ayant elle-même découvert ce monde qu’au cours de ses études de premier cycle. C’est également le cas de Macklem, artiste et professeure à l’Université d’Ottawa (U d’O) dans le département d’arts visuels, qui a commencé la sculpture à l’Université. Elle a, par la suite, développé sa pratique dans le cadre de sa maîtrise, et de résidences artistiques à Banff et à Terre-Neuve au Canada, à New York aux États-Unis, et même en Inde. Mais ce n’est pas le cas de tou.te.s les sculpteur.rice.s ; Charette est quant à lui un autodidacte, et déclare avoir commencé à expérimenter la sculpture dès le secondaire. Il a ensuite délaissé cette passion, pour la redécouvrir et la poursuivre dans sa vingtaine. 

Comme toute forme d’art, la sculpture est très polyvalente et englobe différentes modalités, notamment en fonction du matériau utilisé. Charette travaille majoritairement le bois, bien qu’il ait également travaillé avec la neige, la glace ou encore le sable. Il ajoute même avoir déjà sculpté à partir d’arbres vieux de 700 ans. De son côté, Gingras exploite davantage les textiles, bien qu’elle utilise aussi d’autres matériaux divers, comme le savon par exemple. Son art est beaucoup plus conceptuel, poursuit-elle, centré sur le principe que « l’idée est plus importante que le matériau ». Macklem travaille surtout avec du plâtre et de l’acier, comme dans son œuvre Anatomie subjective, à travers laquelle elle a réalisé des moules de corps humains en plâtre. 

Marianne Gingras, On fait tous le même rêve porno de se tenir la main 

Parcours formateurs 

Les trois sculpteur.rice.s ont été confronté.e.s à de multiples surprises qui ont façonné leur façon de faire tout au long de leurs carrières. D’abord, Gingras admet avoir pensé, plus jeune, que le métier d’artiste était très solitaire et individuel. Mais au fil de ses rencontres, et alors que sa communauté grandissait, elle explique avoir saisi l’importance du travail d’équipe pour l’épanouissement de l’artiste. 

Charette et Macklem soulignent plutôt les petits imprévus qui les ont amenés à ajuster et à retravailler leur démarche artistique. Pour le premier, c’est par exemple de travailler sur la sculpture d’un arbre, et découvrir que celui-ci est infesté de fourmis. Quant à la professeure à l’U d’O, ses croquis avaient été mal interprétés par les fabricants industriels lors de la création d’une oeuvre publique. Les fabricants ont alors inversé le design et produit une oeuvre ne correspondant pas à celle qu’elle avait imaginée ; l’artiste souligne cependant avoir aimé le produit final.

Denis Charette, L’esprit qui m’habite

Qualités essentielles 

Selon l’artiste autodidacte, la sculpture est une forme d’art très physique, contrairement à la peinture ou au dessin. « Il faut être très manuel.le ; c’est un métier qui demande parfois de travailler avec de l’outillage très lourd », affirme-t-il. Maîtriser la logique et les principes de l’ingénierie est aussi un aspect essentiel de son travail selon lui, car ils doivent être pris en compte lors de toute conception en trois dimensions. Il appuie que cela est d’autant plus véridique au Canada, dont le climat rigoureux aura tendance à influencer la stabilité et la durabilité des œuvres. 

Macklem et Gingras s’entendent sur le fait que les compétences matérielles sont fondamentales pour réussir dans ce métier, mais soulignent que d’autres qualités sont pertinentes. Un.e bon.ne sculpteur.rice doit avoir, d’après Gingras, une certaine sensibilité par rapport à son environnement et la capacité de l’observer attentivement, avec curiosité. Macklem ajoute finalement que l’imagination, la résilience, la capacité à s’adapter aux situations sont primordiales dans ce métier. 

Comme la plupart des arts, la sculpture n’est pas un domaine facile à pénétrer, et les trois artistes confient qu’il faut s’attendre à beaucoup de refus, surtout au début de sa carrière. Néanmoins, le rejet ne doit pas dissuader de poursuivre ses objectifs ; selon eux.elles, faire preuve de persévérance et croire fermement en sa vision artistique sont les ingrédients principaux de la recette du succès dans cette industrie.

Jennifer Macklem, Subjective Anatomy

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