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Arts et culture

Mon périple à travers « Àbadakone | Feu continuel | Continuous Fire »

Culture
17 novembre 2019

Crédit visuel; Musée des beaux-arts du Canada. Artiste; Will Wilson

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste 

Samedi matin, je me suis rendue et j’ai assisté à une table ronde sur les mécanismes du savoir autochtone, dans le cadre de l’exposition internationale d’art indigène Àbadakone | Feu continuel | Continuous Fire. L’exposition est présentée au Musée des beaux-arts du Canada jusqu’au 5 avril 2020.

À l’extérieur, je suis saisie par l’effervescence. Près de la petite forêt d’inspiration taïga du Musée, des artistes créent une installation. Ils tannent des peaux sous une structure en bois.

Ça sent le feu. C’est incroyablement vivant et il n’en faut pas plus pour me bouleverser. Je rentre, excitée de visiter l’exposition. 

Dans le Musée, se trouve en face de moi une plateforme très haute ressemblant à une cabane dans les arbres. Partout, on y a déposé une foule d’objets : des livres, des photographies, des tissus et des vêtements. J’apprends que l’oeuvre est celle de l’artiste architecte Joar Nango et qu’elle se nomme Bibliothèque architecturale samie.

Créations in situ

Le Musée est rempli de couleurs, de motifs, de mots, d’oeuvres et d’artistes. Plusieurs accompagnent leurs oeuvres et participent à des performances, des ateliers, des visites guidées et des discussions. 

Est-il nécessaire aujourd’hui d’entourer son exposition d’artistes et de créations afin de la rendre vivante ? Je pense que, de cette façon, on contextualise davantage tout en permettant au public d’avoir accès au processus artistique.

L’art me semble parfois présenté comme un absolu, un produit figé qu’il nous faut apprécier sans questionner. Ce mythe contribue peut-être à rendre l’art inaccessible. 

Lors de cette exposition, je sens que je n’ai pas nécessairement besoin de m’informer avant ; l’information est là, mouvante, autour de moi. Je me dis « ça, c’est contemporain. Ça, c’est le futur ». Ce n’est pas une exposition figée, elle évolue à travers le temps grâce à l’interaction avec le public. 

Àbadakone | Feu continuel | Continuous Fire me semble une véritable entrée sur des univers qui dialoguent et questionnent le public sur des enjeux. Comment transmettre et conserver la mémoire à travers les générations tout en continuant d’innover ? Comment reconnecter avec le territoire et l’environnement ? Telles sont les questions posées. 

Le présent : un pont entre le passé et le futur

Lors de la table ronde, les artistes autochtones discutent des façons dont ils pourraient agir maintenant tout en étant porteurs du savoir ancestral et conscient.e.s des enjeux du futur.

L’artiste-performeur Peter Morin élabore sur la pluridimensionalité des corps de l’artiste. Il voit chaque corps comme porteur métaphorique de plusieurs corps ou voix ; celui qui porte les connaissances du passé, celui qui s’inscrit, celui qui porte le territoire ou l’identité. Du moins, c’est ce que j’en comprends.

Le travail artistique semble défini à la fois par un bagage génétique et culturel mais aussi par l’environnement et l’expérience de l’individu qui le crée. 

Portrait pluriel

Je continue mon chemin, la diversité des oeuvres présentées m’impressionne. On y trouve plus de 100 oeuvres de 70 artistes appartenant à près de 40 nations, ethnies et tribus de 16 pays.

Dès qu’on y pose les pieds, on est transporté ailleurs. Malgré leurs provenances différentes, il existe une belle cohérence entre les oeuvres présentées.

Avec la nouvelle place accordée notamment au théâtre autochtone, à la prise de parole de nombreux artistes et communicateurs des Premières Nations sur les médias et cette exposition internationale qu’est Àbakadone ; la culture autochtone est-elle florissante ? Je ne suis pas en mesure de l’affirmer.

Il est certain que la présence de la culture autochtone bouscule et permet une fenêtre sur des sujets cruciaux sur lesquels nous construiront l’avenir. Visiter cette exposition me paraît donc plus que de l’art.

Véhicule d’affirmation identitaire, l’expérience se transforme en une leçon d’histoire, une brèche sur des réalités et des perspectives de populations indigènes à travers le monde.

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