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Arts et culture

Portrait étudiant : Geneviève Corrigan

Culture
17 novembre 2019

Crédit visuel; Andrey Gosse – directeur artistique 

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste 

Compositrice-interprète ayant un faible pour la poésie et les mots, Geneviève Corrigan étudie en lettres françaises à l’Université d’Ottawa. Fascinée par le langage, elle suit aussi quelques cours de linguistique dans l’objectif de devenir orthophoniste.

La Rotonde : Quelques mots pour te décrire ?

Geneviève Corrigan : Oh ! Euh… attends. Balade… Minuit, certainement… Bisous dans le cou… et puis c’est ça. Je crois.

La Rotonde : Quels sont tes principaux médiums ?

Geneviève Corrigan : Pendant longtemps, ça a été le chant. En fait depuis que je suis toute petite ça a été le chant. Je me souviens, dès la garderie, les comptines, moi j’adorais ça.

Sinon il y a l’écriture. Ce qui me vient naturellement, c’est une écriture quotidienne sous forme de journal. J’ai de la misère à dire que je fais de la poésie. Moi, j’aime penser que j’en fais. J’aime aussi beaucoup danser, mais ça, c’est plutôt un exutoire, pour me défouler.

La Rotonde : Ton parcours musical ?

Geneviève Corrigan : En première année du primaire, j’avais écouté Les Choristes et ça m’a marqué. […] Je me souviens, j’étais toute petite et je suis tombée amoureuse du personnage principal. Je le trouvais tellement beau. Que dire de sa voix ! Je voulais apprendre les chansons par coeur. J’avais 6 ans.

Ensuite, j’ai fait des spectacles au secondaire pour le spectacle de Noël. Puis, par chance, on a été invité à faire les finales régionales et provinciales, donc c’est devenu plus gros. On a commencé à me reconnaître par le chant : « ah ça, c’est Geneviève qui chante ».

Après, pour mon projet de fin secondaire, j’ai fait un album tout simple; trois chansons piano-voix. Ça m’a mis en relation avec les gens de la chanson, j’ai travaillé avec une mentor. À ce moment-là, je me suis mise à me dire que je pourrais vraiment faire ça de ma vie, faire de la chanson mais là, on dirait que cette idée là m’a fait peur plus qu’autre chose.

J’ai essayé de faire un deuxième EP au cégep mais j’avais beaucoup de difficulté à avoir une méthode de travail. Le dernier EP que j’ai sorti, j’en suis pas profondément fière, à 100%. Depuis ce temps-là, j’ai complètement arrêté de faire de la chanson publiquement. Je n’ai plus fait de spectacle. Ça fait un an. Je crée encore mais seulement dans ma chambre.

La Rotonde : Qu’est-ce que qu’il s’est passé ?

Geneviève Corrigan : Quand c’est devenu sérieux et que je devais faire de la promotion, ça m’a coupé. J’avais beaucoup de difficulté à promouvoir mon art. Je me suis dit que je n’avais peut-être pas besoin de faire toute cette promotion-là, que je suis peut-être allée un peu trop loin.

La Rotonde : De façon plus intime, qu’est-ce que ça te fait de chanter ?

Geneviève Corrigan : Et bien d’abord, ça me ramène à ma base, à mon état le plus « pur », je dirais. Peut-être que ça a un lien avec le fait que j’ai commencé toute petite et puis que je n’ai jamais suivi de cours de chant. C’est toujours resté ; je m’entends un peu comme je chantais enfant, à six ans. Quand je chante, c’est un retour à cette « pureté-là » que j’ai toujours peur de perdre. Puis sinon, ça me fait sentir bien par rapport à moi-même, ça me permet de prendre possession de mon corps. 

La Rotonde : Qu’est-ce qui t’inspire ?

Geneviève Corrigan : Le quotidien. La réalité de chaque jour. Souvent, c’est les mouvements des gens; ça m’inspire beaucoup. La manière dont les gens marchent, je suis accro à ça. Les saisons.

Ça parait peut être banal de dire ça mais ici on a le meilleur et le plus fou de toutes les saisons. Chaque jour, c’est fascinant de voir tous les petits détails que la température apporte mais ce qui m’inspire le plus, […] le désir. Je suis fascinée par le désir. Quand je dis désir, c’est pas seulement sexuel, ça peut prendre tellement de formes ; l’envie, avoir envie de quelque chose et pas savoir pourquoi. Cette impression qu’il te manque quelque chose.

Ça me fascine complètement. Le mien et celui des autres. La forme qu’il prend. La couleur est différente pour chacun. Ça teinte tout ce que j’écris.

La Rotonde : Peux-tu me parler d’une oeuvre qui t’a marquée ?

Geneviève Corrigan : Je dirais l’album premier de Lydia Képinski. Ça m’a marqué parce que c’est ce que j’aimerais être capable de faire mais je sens que je pourrais pas. Elle est le contraire de moi. Ses paroles me donnent envie de hurler.

C’est rare ça, parce quand j’écoute de la musique, les paroles ne me restent jamais. Ça m’énerve parce que j’aimerais ça, moi, être capable d’écouter une chanson et tout de suite savoir de quoi ça parle. Mais je ne suis pas capable d’attraper les mots, même si j’étudie en littérature et que je lis énormément.

L’album de Lydia, les mots rentraient. Il y a quelque chose de violent un peu dans la voix pis, ça aussi, c’est un peu le contraire de moi. 

La Rotonde : Pourquoi as-tu décidé de t’inscrire en lettres ?

Geneviève Corrigan : Quand j’étais petite (je reviens souvent à ça mais je devais avoir trois ans ou quatre ans), je commençais à peine à savoir parler. J’ai dit à mes parents : « moi, quand je vais être grande, je vais écrire sur mon balcon sans patron ». Puis, j’ai complètement perdu cette décision ; pendant longtemps, je croyais que j’allais aller en science, mes parents sont géologues (docteurs des roches).

Mais j’ai eu un cours de littérature au Cégep et j’ai entendu un haïku. C’est juste ça. La raison pour laquelle je suis en littérature tient seulement à ce petit haïku-là. Quelque chose a changé et je devais absolument aller en littérature pour l’amour du langage et des mots.  

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