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Par : Yasmine El Kamel-Journaliste
La lutte anti-avortement est de plus en plus visible au sein du campus. La semaine passée, des étudiant.e.s circulaient au sein du campus avec un gros panneau sur lequel était inscrit le mot « vie », accompagné d’une photo d’un fœtus. Des guides anti-avortement, signés End the Killing Ottawa ont également été distribués aux étudiants. Si le club Ottawa Students for Life (SFL) existe depuis dix ans, cette année, à l’occasion de la semaine des clubs, s’identifiant comme étant une fédération « pro-choix », la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a décidé de le désinscrire.
Un club « séculier » qui « promeut les droits humains » pour certain.e.s…
Florence Lavergne, vice-présidente du club uOttawa students for life, affirme que le club est séculier, non religieux et qu’il promeut les droits humains, « c’est-à-dire le respect de la vie humaine avant et après la naissance ». Les membres du club discutent avec les étudiant.e.s du campus, échangent avec eux pour voir ce qu’ils pensent et les informent sur la situation de l’avortement au Canada.
« Il n’y a aucune loi sur l’avortement. C’est légal durant les 9 mois, c’est la seule démocratie qu’il y ait dans cette situation-là ». De plus, les membres informent les étudiant.e.s sur le nombre d’avortements par jour, qui est de 300. « Si c’est aussi courant, pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas en parler ? », s’interroge Lavergne. Le club a également des ressources pour les femmes qui seraient en situation difficile ; la vice-présidente donne l’exemple des Crisis Pregnancy Centres.
Le club Franco Cathos de l’Université d’Ottawa, un groupe d’étudiants catholiques francophones, supporte l’existence d’un tel club au sein de l’Université. Dans communiqué conjoint adressé à La Rotonde, les membres du club ont souligné que « c’est une initiative remarquable étant donné le sujet controversé ». Pour eux, le club pro-vie a « le courage de défendre la vie de la conception à la mort naturelle ». Ils concluent qu’en tant que catholiques, ils partagent « les mêmes croyances quant à la valeur de la vie humaine; nous considérons que la vie humaine est sacrée à partir de la conception ».
… qui heurte d’autres personnes
Lavergne explique que lors de la semaine des clubs, 45 minutes après que les membres du club se soient installés, Leila Moumouni Tchouassi, vice-présidente aux affaires de l’équité de la FÉUO, leur a demandé de quitter les lieux. « On a demandé pourquoi, elle a parlé de plaintes, elle n’a pas spécifié combien ni quelle était la nature des plaintes », affirme Lavergne. « C’était carrément à cause de notre position qu’elle ne voulait pas qu’on soit là… Bien qu’on était un club et qu’on a fait le processus d’inscription », estime-t-elle.
Interrogée à ce sujet, Moumouni-Tchouassi confirme que la FÉUO à reçu plusieurs plaintes au sujet du club et que c’est grâce à ces plaintes que la Fédération aurait « réalisé qu’il [le club] avait été enregistré ». La FÉUO a par ailleurs présenté lors de son Conseil d’Administration du 5 novembre 2017 une motion instituant officiellement la Fédération étudiante comme une organisation pro-choix.
La Gestionnaire de relations médias de l’U d’O, Néomie Duval, a pour sa part fait savoir que l’Université « encourage sa population étudiante, son corps professoral et les autres membres de sa communauté universitaire à maintenir et promouvoir [la] liberté d’expression en tout respect et faire du campus une tribune propice à l’expression de différents points de vue ».
Une Fédération devant respecter l’expression de toutes ?
Lavergne rappelle que « la Fédération étudiante est là pour représenter tous les étudiants. On est tous obligés de payer des frais à la Fédération ». Une appréhension partagée par le club Franco Cathos dont les membres estiment que « la Fédération existe pour représenter l’ensemble du corps étudiant » et que « laisser une voix au club pro-vie est une question d’équité. »
Le Centre de ressource des femmes de la FÉUO indique cependant sur son site internet être « un espace inclusif, sans jugement, pro-choix et féministe appuyant les membres de la communauté (femmes, personnes trans et hommes) ». Il apporte également un soutien et de l’information à toutes personnes désirant en apprendre plus sur les différentes méthodes de contraception et devant effectuer un choix sur le fait d’avorter ou non.
Pour le Centre, cette dimension de choix est importante, car elle ne stigmatise pas les personnes en fonction de leur décision et les laisse libres de statuer sur leur propre vie en toute connaissance de cause et dans le respect des convictions de chacun.e.
En soulignant recevoir plusieurs opinions divergentes de la part de la communauté étudiante, Lavergne affirme que le club n’a jamais reçu de plainte formelle. Elle reconnaît cependant que s’il y en a qui « sont complètement d’accord et qui nous remercient, d’autres [sont] en désaccord [et] n’aiment pas qu’on soit là ».