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Programme de journalisme : les admissions suspendues jusqu’à nouvel ordre
18 septembre 2013
– Par William Leonard Felepchuk et Ghassen Athmni –
Les admissions au programme de journalisme de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont été suspendues pour la rentrée de septembre, et ce, jusqu’à une date indéterminée. La décision a été prise suite aux conclusions d’un rapport interne émis par le Sénat et remis à l’administration en mai 2012. Ce rapport évaluait les programmes de premier cycle et notamment le baccalauréat en journalisme, qui y est qualifié de « profondément troublé », de « mal conçu » et nécessitant « une refonte complète », voire « une fermeture pure et simple ».
Des difficultés avérées
Le programme de journalisme de l’Ud’O fonctionne sur la base d’un partenariat avec la Cité collégiale, depuis 1998, pour le baccalauréat en français, et le Collège Algonquin, depuis 2002, pour celui en anglais. L’Université assure les cours théoriques pendant deux ans, tandis que les collèges assurent une formation pratique, d’une durée de deux ans également. Marc-François Bernier, professeur au Département de communication, chercheur en journalisme et précédemment coordonnateur du programme, considère toutefois que les difficultés sont avant tout administratives et ne portent pas sur la qualité de la formation elle-même. Il rappelle que l’évaluation de la formation par le Sénat est le fruit de plusieurs étapes : en 2010, les coordonnateurs du programme ont en effet procédé à une auto-évaluation « assez critique », d’après M. Bernier. L’Université a par la suite choisi deux évaluatrices externes qui en sont arrivées aux mêmes conclusions, dans le cadre d’un rapport remis en mai 2011. Cette évaluation externe soulignait la qualité de la double formation, des équipements et du personnel. En revanche, elle insistait sur le manque de liens entre la partie théorique et celle pratique, sur le nombre insuffisant de cours en journalisme proposés à l’U d’O et sur la similitude trop articulée entre le baccalauréat en journalisme et celui en communications. M. Bernier considère toutefois que le ton du rapport final du Sénat, produit un an plus tard, est trop alarmiste, se basant sur « une vision simpliste des choses et ne tenant pas compte du fait que le programme est double. Dire que nous ne proposons que deux cours en journalisme, c’est à la fois faux et très grave. Ça laisse croire que la formation n’est pas adéquate, alors que les étudiants passent deux ans dans un collège pour apprendre toutes les techniques journalistiques. »
Pas de suppression en vue
Dans un article paru le 23 août, le journaliste Adam Radwanski remettait en cause la pertinence du maintien du programme à l’Université d’Ottawa, s’appuyant sur les commentaires de quelques politiciens fédéraux. Selon eux, « les vingt universités ontariennes mettent trop d’efforts dans leur tentative de répondre aux demandes de tous, au lieu de se concentrer de façon plus étroite sur les domaines qui sont leurs points forts ». La volonté de maintenir un programme inadapté en place relèverait donc d’une résistance à la spécialisation de l’U d’O. L’Ontario compte déjà deux universités proposant un cursus en journalisme reconnu : Ryerson et Carleton. Toutefois, aucune d’entre elles ne propose une formation en français, contrairement à l’U d’O. Un comité consultatif qui travaillera sur la refonte du programme durant l’automne a toutefois été mis en place. Martine Lagacé, coordonnatrice du programme de journalisme, désire que soient créés des cours théoriques supplémentaires, notamment sur la recherche journalistique. Suite à une rencontre avec les représentants des établissements collégiaux, Patrick Charrette, le porte-parole de l’U d’O a con-fié que l’intention de l’Université est d’offrir de nouveau le programme dès l’année prochaine. « Le Département de communication est en train de revoir le programme de journalisme. Il y a déjà des choses qui ont été faites, comme par exemple l’embauche de professeurs provenant du milieu professionnel », a-t-il expliqué. Du côté de La Cité collégiale, la décision est déterminante pour les étudiants qui y ont entamé leur cursus en journalisme cette année, et qui ne pour-raient pas voir leurs crédits reconnus en cas de fermeture du programme. Le coordonnateur, Michael Dumoulin, a affirmé que le programme conjoint est très important pour le collège francophone, alors que « nous voudrions continuer à offrir une double formation avec l’U d’O et je pense qu’eux aussi sont du même avis »