Par Nonibeau Gagnon-Thibeault
Le Mois de la francophonie a été parsemé d’événements à l’Université d’Ottawa (U d’O), tels que le spectacle gratuit de Karim Ouellet, des projections de films francophones et une conférence avec Kim Thúy. Mais qu’en est-il de l’état de la francophonie sur le campus ottavien? La Rotonde vous en offre un portrait.
Pour les quelques 10 000 étudiant.e.s francophones de l’U d’O, étudier dans une université qui se veut bilingue est un avantage. « Le fait que ça soit bilingue est vraiment nice », se réjouit un étudiant en sciences politiques qui souhaite conserver l’anonymat, précisant qu’« il n’y a pas un accent axé sur la francophonie, mais ça reste bon pour nous quand même ».
Certains étudiant.e.s sont toutefois plus réservés à encenser l’U d’O pour ses services en français. Pour Nouraa Belem, étudiante en sciences biomédicales, l’Université a encore beaucoup de progrès à faire afin d’offrir un véritable environnement d’apprentissage en français. Elle rapporte qu’il y a plusieurs lectures et diaporamas qui sont offerts uniquement en anglais. Elle a notamment dû écouter une vidéo d’une durée de plus quarante minutes en anglais. « Si tu es un étudiant uniquement francophone, c’est beaucoup de travail pour s’adapter, c’est en quelque sorte un mensonge de dire que les cours sont en français », dénonce-t-elle.
Fatoumata Kanta, étudiante en sciences politiques, corrobore en affirmant que certains de ses amis en souffrent. « On a plusieurs articles à lire en anglais. Moi je suis confortable avec l’anglais, mais j’ai des amis qui ont des difficultés à s’adapter », raconte-t-elle. De plus, la qualité du français de certains professeurs laisse à désirer, selon elle. « Il faut avoir une bonne concentration pour comprendre certains professeurs », affirme l’étudiante.
Des programmes partiellement francophones
La Rotonde avait rapporté en février que de fausses informations sont affichées sur le site de l’U d’O concernant le caractère francophone de son programme de génie électrique. On peut toujours lire sur le site web de l’U d’O que le programme de génie électrique « est offert en français et en anglais », mais que « certains des cours plus avancés sont offerts en anglais seulement ». L’institution assure toutefois que « les cours des trois premières années sont offerts en français et en anglais ». Or, selon l’Association des étudiants en génie (AÉG) et plusieurs étudiant.e.s présentement dans le programme de génie électrique, il y a des cours strictement en anglais dès la troisième année. C’est une majorité des cours qui sont anglophones rendu à la quatrième année.
Une étudiante internationale, Astan Simaga, qui songeait changer de programme pour aller en génie électrique s’était sentie « arnaquée » lorsqu’elle a appris de La Rotonde que le programme n’était pas aussi francophone que présenté.
Selon la vice-présidente aux services et communications de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), Kathryn LeBlanc, « l’Université devrait investir davantage en l’éducation francophone ainsi que la programmation visée aux francophones ».
Du côté de l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa (GSAÉD), la Commissaire à l’équité, Pascasie Minani, « l’Université fait assez en termes de services offerts sur le campus dans les deux langues ».
Bilinguisme non-réciproque
Selon Souhail Nejjar, étudiant en droit civil, le bilinguisme chez les associations étudiantes se fait souvent au désavantage de la francophonie. Il remarque que les corps étudiants francophones affichent souvent dans les deux langues, mais que les corps étudiants anglophones n’ont pas le même souci du bilinguisme, affichant souvent qu’uniquement en anglais. « Il faudrait que ça soit réciproque », juge Nejjar.